JOHNNY THE BOY : You

You - JOHNNY THE BOY
JOHNNY THE BOY
You
Sludge/doom/black metal
Season of Mist

Quelle productivité et quelle grande inspiration chez nos voisins British de Crippled Black Phoenix ! Après le réussi Banefyre il y a à peine un an, voici Johnny The Boy, nouveau projet musical mené par trois de ses principaux membres. Enfin, en interview, quant on leur a demandé si c’était juste un side-project studio de passage né durant l’épidémie de covid-19 parmi tant d’autres, ses fondateurs, à savoir la chanteuse Belinda Kordic, Justin Greaves (guitare, batterie), et Matt Crawford (basse) n’ont pas trop apprécié car selon eux, c’est bel et bien du sérieux ! Ils nous dit avoir bien l’intention d’en faire un réel groupe avec des concerts à la clé. Mais bon, pour l’heure, entre les complications administratives à cause du Brexit et le joli succès critique de leur dernier album avec CBP (= Crippled Black Phoenix pour les intimes) et la tournée actuelle qui va avec, penchons-nous sur ce premier effort studio sauvage et séduisant de Johnny The Boy. Au passage, le nom du trio anglais-suédois est inspiré par le personnage du bandit simplet des grands chemins du même nom que l’on aperçoit dans le premier film Mad Max de George Miller (1979) qui révéla un certain Mel Gibson à l’écran…

Clairement, You est du même acabit que Banefyre, mais dans un registre toutefois plus sombre et cru, mais aussi nettement plus brutal. Les fans de CBP ne seront pas perdus et vont adorer. Bien sûr, on retrouve dès le début de ce premier brûlot ses lignes de guitare caractéristiques de CBP au son énorme et mélodieux («  »Die Already ») sur lesquelles Justin Greaves excelle tant en studio que sur scène. Mais le ton est encore plus heavy ici. A noter que l’ex-Electric Wizard assure également les parties derrière les fûts (même si celles-ci s’avèrent plus basiques comparées aux guitares, mais bon), le bonhomme étant quand même un multi-instrumentiste complet, en plus d’être un compositeur hors-norme et acharné doté d’un sens de l’ironie appréciable. Le très heavy « Grime » est vite entraînant, avec son côté sludge lancinant. Mais ce qui surprend d’emblée et va en calmer plus d’un, ce sont les screams et growls déchirants de la miss Belinda Kordic qui vous scotchent directement au mur, concurrençant tous les chanteurs de black metal de la scène actuelle. Ses cris sont véritablement habités et donnent froid dans le dos. Il en sera ainsi tout du long de You. Et justement, le seul reproche que l’on pourrait faire en fin de compte sur ce premier album, c’est qu’une peut-être trop grande place est accordée au chant de Belinda. Par moment, les atmosphères des chansons demanderaient à davantage se développer qu’avec seulement les instruments (le doomy « He Moves » par exemple avec un côté presque à la Octavia Sperati en plus extrême ici à cause du chant). On atteint une sorte de climax quand l’incroyable vocaliste s’efface un peu tout en s’envolant vers des sommets de grâce entrecoupés de brutalité (« Crossings » ou l’épique final « Without You »). Pour les passages les plus heavy de l’album, en revanche, on peut penser un peu aux Danoises de Konvent par ce côté plombé sauf qu’à ceci près on n’est pas dans le death/doom metal ici, et Belinda sait chanter autrement par moment (et on le sait très bien avec Crippled Black Phoenix), comme sur le glacial « Endlessly Senseless ». Les influences black, provenant essentiellement de la scène scandinave des années 80-90 (les premiers Bathory), aboutissent un black’n roll endiablé et rythmé (« Druh ») avec des accents punk (« Wired »). L’ombre de Darkthrone n’est pas loin…

Décrit comme un cocktail détonnant d’influences punk, sludge, black, et doom, You tient donc toutes ses promesses, même si on n’a pas vraiment trouver les groupes cultes Bathory et Motörhead (cités dans la biographie du groupe) dans le style ici présent, si ce n’est sur de rares passages. La musique de Johnny The Boy est déjà solide (grâce à l’expérience acquise avec Crippled Black Phoenix) et ça sonne frais. Reste à tenir sur la longueur ce projet parallèle et surtout le défendre sur scène afin de répandre la sale histoire de Johnny The Boy. Une belle surprise, franchement, qui forcément plaira aux fans de CBP, mais pas que, loin de là. [Seigneur Fred]

Publicité

Publicité