KARRAS : We Poison Their Young

We Poison Their Young - KARRAS
KARRAS
We Poison Their Young
Death metal/grindcore/crustcore
M-Theory Audio

Enregistré quasiment dans la foulée du premier brûlot None More Heretic (Verycords) sorti en pleine pandémie en 2020, ce second effort du trio infernal parisien Karras voit seulement le jour après une longue attente dans les cartons, le temps que la vie revienne à la normale et que les concerts aient repris entre-temps. Un mal pour un bien, dira-t-on, en quelque sorte… Dans tous les cas, l’énergie et la violence death metal/grindcore et surtout crustcore sont toujours au rendez-vous sur We Poison Their Young, voire peut-être davantage encore. En fait, le propos s’avère même plus radical et sauvage, à l’image de leurs prestations scéniques endiablées (cf. notre live report Grind To The Void Tour 2022 avec Blockheads) et du premier single provocateur « Demons Got Rhythm », livré en guise d’amuse-bouche avant la parution de ce nouvel album le 29/09/2023.

Question ambiance, elle est tout de suite posée. Pas ou peu le temps pour des préliminaires pour nos trois Français désormais distribués à l’étranger grâce à leur nouveau deal avec le label américain M-Theory Audio, si ce n’est dès l’intro « Prelude to the Depths » incluant divers samples tirés certainement du film L’Exorciste mais aussi d’autres œuvres du même genre (dont nous tairons les noms pour des questions de droits d’auteur). Et on plonge ainsi directement dans le trip noir & blanc bien rentre-dedans de Karras sur « A Chaplain’s Breath » qui s’enchaîne avec tout une salve de titres plus violents les uns que les autres, comme des perles sur le chapelet du père Karras, tiens, justement ! Ce personnage central de fiction présent dans le film et le livre de L’Exorciste, Diego Janson (basse/chant) s’en sert pour réinventer ici des histoires tout autour du véritable fait divers américain qui donna naissance à l’œuvre culte de William Blatty, adaptée ensuite en film d’horreur à succès par William Friedkin en 1973. Ce cas d’exorcisme qui eut lieu en 1949 dans une famille luthérienne américaine à Mount Rainier ou Cottage City (état du Maryland) concernait alors un adolescent de 14 ans, surnommé « Ronald « Rob » Doe » car son anonymat perdura longtemps, et les sources furent confuses (finalement le garçon s’appelait Robbie Mannheim ou plus sûrement Ronald Edwin Hunkeler). Beaucoup de racontars et déformations avec le temps… Bref, on retrouve naturellement alors ici la chanson « Roland Doe », bien heavy avec la basse de son frontman en intro. Très vite les choses s’accélèrent, les blasts de batterie signés de notre ami Etienne arrivent, mais pas en continu. Idem sur « The Ouija », planche avec laquelle soi-disant Roland Doe jouait avec sa tante Tillie, protestante et fana de spiritualisme… C’est ça qui est bien chez Karras, c’est intense, mais il y a du contraste, ça groove (« The Hermit’s Anger », « Lutheran Blade »).

Les rythmiques vous brisent l’échine alors que les riffs tronçonneuses façonnées à l’ancienne sur la pédale Boss HM-2 de Yann vous irritent les tympas pour notre plus grand plaisir. On en redemande même ! (« Ritual Overdose »). Tout va très vite ! (« Fear Me, Go Fast », « Final High ») Ce qui peut sembler être du chaos, et toutefois extrêmement millimétré (quel formdiable batteur encore ce Etienne), mais le tout dans un esprit toujours organique, live. Dans le chant, on est finalement plus sur un registre punk/crustcore avec la voix de Diego Janson que du death’n roll à la L.G. Petrov (R.I.P.) d’Entombed, période Wolverine Blues, son timbre étant moins grave ici, même si le frontman nous a souvent confié en entretien être un grand fan (et ça se devine !). De plus, il y a chez Diego presque une attitude désinvolte à la Tom Araya (bassiste/chanteur à la chevelure brune oblige) à l’époque où Slayer se faisait méchant et menaçant à la fin des années 80/début des années 90. Tout ça rappelle également les biens silencieux Suédois de Driller Killer, et bien sûr Discharge ou Napalm Death. Une nouvelle fois, nos trois antéchrists de Karras font mal ! Clairement, Diego Janson (ex-Sickbag), Etienne Sarthou (ex-Aqme), Yann Heurtaux (Mass Hysteria) s’en donnent à cœur joie, et maintenant, ce que l’on veut, c’est vite les revoir tous les trois sur scène où leur musique vous prend littéralement aux tripes, que l’on soit jeune ou moins jeune ! [Seigneur Fred]

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