Après avoir relancé sérieusement la machine en 2019 avec l’album Alpha and the Omega (Hammerheart Records) après une période d’accalmie discographique de dix années (2009-2019), Konkhra refait parler la poudre sur Sad Plight Of Lucifer. Il faut dire que la triste actualité de notre monde décadent a de quoi nourrir leur musique. Sa spécialité ? Le death/thrash metal à la fois brutal et mélodique, un peu comme leurs confrères d’Illdisposed, mais sans les influences grindcore (ni la touche d’humour). Comment c’est possible, vous direz-vous de mêler les deux ? Eh bien il n’y a qu’à écouter l’honorable single « Revolution », ou bien le plus mélodieux et subtile « Seven Plagues », aux faux airs de Nile… Bon, si le quatuor danois avait tout de même continué dernièrement à donner ici et là des concerts sur le globe, certes trop rares à notre goût, c’est toujours bon d’entendre aujourd’hui la bande à Anders Lundermark rugir de nouveau. Cinq ans ont donc été nécessaires depuis son prédécesseur pour déboucher sur Sad Plight of Lucifer. Plus que jamais, Konkhra puise ainsi son inspiration dans l’actualité de notre bas monde, et pondre d’excellents riffs old school (« Revolution », et des rythmiques puissantes à déboîter vos cervicales (la chanson-titre avec son intro proche d’un The Haunted dont on attend d’ailleurs le prochain album avec la paire de serial riffers Patrik Jensen/Ola Englund).
A plusieurs reprises, on constate que les influences thrash sont omniprésentes, apportant un certain dynamisme à des compositions qui parfais, sur les albums les plus faibles du groupe dans les années 2000, avaient un peu tendance à manquer de piquant. Alors comment ne pas penser ici à Testament sur sa période la plus dure Demonic/The Gathering qui flirtait avec le death metal (la voix de Chuck Billy et les guitares accordées plus bas) sur des titres comme « Nothing Can Save You », « The Lesser Key of Solomon » ou « Resurrection Machine » (avec ses petites harmoniques typiques à la Machine Head aussi). Les soli de guitares, partagés entre Anders Lundemark (principal compositeur) et Kim Mathiesen ne sont pas en reste. Ils sont bien ficelés et amenés, avec une approche à l’ancienne et un certain groove, le tout à travers des effets plutôt réussis (notamment du phazer et de la wah-wah), au service de la mélodie (« Seven Plagues », « The Lesser Key of Solomon »). On a même droit à une petite pause salvatrice (« August.6 1945 ») dédiée aux victimes innocentes du bombardement atomique de Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dans ce déluge de riffs groovy et des breaks fracassants. Cette plage instrumentale pourra rappeler une nouvelle fois un disque plus aventureux de Testament : l’excellent The Gathering.
Quant aux growls de son frontman, ils sont toujours aussi monstrueux depuis le premier jour en 1990. Si l’apogée de Lundermark et sa bande de redoutables mercenaires eut lieu clairement à la fin des années 1990, grâce notamment à la collaboration remarquée de l’immense guitariste James Murphy (ex-Death, etc.) et du batteur Chris Kontos (ex-Machine Head, actuel Forbidden, etc.) sur Weed Out The Wicked (Die Hard Music-1997), cette cuvée 2024 s’avère très bonne en fin de compte. Konkhra prouve qu’il est toujours dans la course sur la scène death/thrash metal européenne, avec son sens du groove inimitable, et peut donc encore faire mal comme à l’époque du sulfureux Spit or Swallow ou du puissant Weed Out The Wicked. On attend plus que nos barbares de Copenhague reviennent faire un raid en France à présent pour mettre le feu sur scène car nos Danois se sont bien faits trop rares par chez nous ces dernières années. [Seigneur Fred]
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