Nombre d’artistes étaient pressés de revenir réellement sur scène cette année et revoir leurs fans (et non en concert virtuel sur le web, sans public). A l’affiche cette année des festivals Hellfest et Motocultor, et ce, cinq ans après le classique et réussi Gods Of Violence aux influences heavy pour lequel nous nous étions entretenu comme d’habitude avec son leader Mille Petrozza, Kreator, l’un des leaders du thrash metal teuton et mondial, fait son come-back à la fois studio et live avec son quinzième album Hate Über Alles (« La Haine par-dessus tout » en français). Mais il s’agit aussi là du premier album pour son bassiste français au sein de la légendaire formation allemande. Merci à notre ambassadeur qui a répondu à chacune de nos nombreuses questions avec passion et sincérité.
[Entretien réalisé avec Frédéric Leclercq (basse) par Skype le 30/05/2022 par Seigneur Fred – Photos : Christophe VOY]
Comment te sens-tu quelques jours avant la sortie de ton tout premier album studio avec Kreator ? As-tu un peu la pression, es-tu impatient de connaître l’avis du public notamment français car jusqu’à maintenant tu n’étais que le bassiste de session live de Kreator… ? (sourires)
Non, ce n’était pas de session, car quand tu es musicien de session, tu ne fais alors justement pas partie du groupe. Avec Kreator, en fait, je suis le bassiste du groupe depuis août/septembre 2019. On a déjà joué en concert ensemble, tourné un peu, puis il y a la crise sanitaire, etc. Mais on a déjà tout de même sorti un single début 2020. Bref, dans tous les cas, pour te répondre, je suis vraiment content. Evidemment… Je suis ravi de sortir cet album avec Kreator. Après, sans prétention et au-delà de ça, ce n’est pas pour autant le tout premier album que je sors en général auquel je participe en tant que musicien, mais forcément c’est toujours quelque chose surtout quand tu participes à un album de Kreator. C’est donc super cool, bien sûr ! Mais plus que ça, là où je suis impatient surtout c’est de rencontrer le public et repartir en concert, retrouver la scène, et jouer les nouveaux morceaux car même si on a déjà sorti plusieurs extraits vidéo (singles) du nouvel album, et c’est toujours intéressant de voir les premiers retours de l’album, maintenant on a besoin de renouer avec la scène. En fait, il y a toujours une phase d’excitation et une certaine pression mais généralement c’est avant d’enregistrer l’album en studio, et au moment où tu écoutes le résultat fini, mixé, de l’album. Aujourd’hui, ça fait presque un an, si à huit mois plus précisément, que l’on a fini l’album et sommes sur les starting-blocks. Il faut du temps en ce moment pour tout remettre en marche, presser les versions vinyles, reprogrammer des concerts, etc. Le premier single, la chanson-titre « Hate Über Alles » est paru en janvier 2022, donc ça fait long tout ça. En fait, ça se fait par étape, encore une fois. Il y a eu l’excitation avant le passage en studio. D’ailleurs c’est peut-être cette phase que j’ai préférée : l’élaboration des nouveaux morceaux il y a deux ans, au début de l’été 2020, et les différentes étapes qui s’en suivent au début de la conception de l’album et la finalisation des chansons. Après, te vient l’excitation de les enregistrer, puis tu as l’excitation du mixage, et l’envie de faire découvrir l’album aux gens. Et à présent, tu as l’excitation d’aller le présenter auprès du public sur scène…
Mais tout ça fait partie du schéma classique. Et avec Kreator et tout ce que ça représente, bien sûr je suis impatient et très content car ça va aussi montrer et ancrer auprès des gens que je suis donc le bassiste de Kreator, même si je le suis déjà en fait depuis trois ans… (sourires)
Qui a mixé d’ailleurs ce quinzième album studio au total dans la discographie de Kreator : Arthur Rizk ?
Oui, c’est bien lui, qui a produit et aussi mixé ce nouvel album de Kreator. C’est un producteur américain, déjà connu pour son travail avec Power Trip, ou Cavalera Conspiracy. Il est venu pour enregistrer avec nous en studio, puis il est reparti avec chez lui aux Etats-Unis pour mixer ça tranquillement…
Finie donc l’ère Colin Richardson, ou même plus récemment la collaboration avec le producteur suédois très en vogue Jens Bogren alors ?
En effet. Là, tout a été réalisé par Arthur Rizk, avec nous cependant en studio. J’ai suggéré par exemple pas mal d’arrangements de l’album à Mille Petrozza et Arthur Rizk qui m’ont laissé faire.
J’ai entendu dire que vous avez enregistré Hate Über Alles à Berlin en Allemagne dans le même studio où David Bowie a réalisé son célèbre album Low And Heroes, c’est vrai ?
Alors, on avait déjà enregistré l’EP 666 World Divided là-bas en fait. Ça s’appelle les Hansa Studios. On y a donc enregistré la batterie et d’autres instruments de Hate (…) servant à certaines intros : comme par exemple les morceaux « Sergio Corbucci is Dead » ou l’intro de « Pride Comes Before The Fall ». Par contre, le reste, c’est-à-dire les guitares, le chant, chœurs, etc. ont été enregistrés dans un autre studio mais toujours à Berlin. Au final, on a donc enregistré ce nouvel album dans deux studios.
Justement, tu fais ma transition… (rires) Pourquoi le choix de cette première chanson à l’ambiance western spaghetti intitulée « Serge Corbucci is Dead » en préambule de ce nouvel album ? Pour rappel, ce réalisateur italien est décédé en 1990 ! Il faisait partie du trio des fameux réalisateurs italiens prénommés « Serge » avec Sergio Leone, Serge Sollima…
Ouais, ouais ! (rires) Il s’agit aussi un peu d’un hommage au groupe allemand Bauhaus avec sa chanson « Bella luzi is Dead ». C’était un petit clin d’œil. Et je sais bien qu’il est mort en 1990 ! (rires) Mais quand on a eu l’intro après l’avoir composée, je l’ai enregistrée. Elle n’avait pas de nom. Je m’étais arrêté là. J’ai joué dessus précisément le début de la guitare acoustique, et je ne me suis pas vraiment posé la question du devenir de son titre car c’était simplement l’intro de l’album pour moi, donc je pensais qu’on allait l’appeler « intro », voilà tout. D’ailleurs, je suis plutôt content car je joue les premières notes de l’album, et c’est moi aussi qui finis l’album avec le dernier titre « Dying Planet » que j’ai composé avec Mille. Ça fait finalement : « entrée plus dessert ». (rires)
Peut-être est-ce là aussi un lien avec les origines maternelles italiennes de Mille Petrozza, non ?
Oui, aussi, enfin peut-être, chacun y va de sa propre analyse… (rires) C’est un peu à tiroir… Mais il y a tout ça : Bauhaus, les musiques des westerns spaghetti de Sergio Corbucci, Sergio Leone, et Enio Morricone. On l’a travaillé dans ce sens-là. Et au moment de devoir trouver le titre définitif à ce premier titre de l’album, c’est Mille qui s’en est occupé parce que moi j’avais quitté le studio, l’enregistrement était fait. Et pour moi, comme un con, c’était juste « intro », et point, après ça enchaîne directement avec la chanson-titre « Hate Über Alles ». Alors quand j’ai vu le track-listing final plus tard, j’ai lu « Sergio Corbucci is Dead ». Je me suis dit : « Ah ouais ?! ». J’ai alors rigolé. J’ai demandé à Mille ensuite pourquoi ce titre, et il m’a répondu ironiquement tout simplement : « Et pourquoi pas ? ». J’ai rigolé, et c’était ok alors. (rires) En fait on s’en fout un petit peu, ça fait parler, il y a donc plusieurs interprétations possibles comme on l’évoquait, et ça suscite donc la curiosité et attire les gens.
Cela me donne envie de revoir un classique de Sergio Corbucci justement, le péplum Romulus et Remus…
Bah tiens, bonne idée. Voilà, c’est pour ça, il y a différents hommages et clins d’œil.
C’était lui aussi Sergio Corbucci qui avait réalisé la série Sandokan peut-être dans les années 70, diffusée à la TV française dans les années 80 sur Antenne 2 à l’époque ?
Ah là, tu me poses une colle, pourtant j’aime le cinéma, et ai grandi avec la télé aussi… Faudrait que je recherche et vérifie ça…
Non, je confonds justement avec l’un des autres Sergio, en l’occurrence Sergio Sollima, je pense… Sandokan était une série tv sur la piraterie dans les mers autour de l’archipel de la Malaisie au XIXème siècle colonisée alors par l’armée britannique. C’est inspiré d’histoires vraies et très romancé, bien sûr, mais c’était pas mal à l’époque…
Je ne sais pas et ne connais pas. Mais comme j’adore la TV et ai grandi avec les séries, dessins animés et aime le ciné, je vais chercher ça… (sourires)
Dans tous les cas, Sergio Corbucci a réalisé des péplums comme Remulus et Remus évoqué précédemment mais aussi tout un tas de westerns spaghettis dans les années 60-70, comme Django repris bien plus tard par Quentin Tarantino…
Ce titre sera-t’il d’ailleurs l’intro de vos futurs shows ?
Tout à fait, c’est fait pour. Une intro classique, en début d’album, pour ouvrir le disque et en effet nos concerts. De toute façon, tu sais, on n’a pas prétention à réinventer l’eau chaude ! (rires) Ce premier morceau est, je pense, une bonne intro d’album pour ouvrir ensuite les hostilités. Et encore une fois, ce morceau est à interprétation multiples, à tiroir, donc après soit je te raconte des cracks, soit je te dis simplement ce que Mille m’a répondu quand je lui ai posé la question : « et pourquoi pas ? ». Après tu me crois ou pas… (rires) Sinon, si tu veux chercher plus loin, il faudrait directement demander à Mille toi-même… (sourires)
Après cette intro, déboulent successivement les deux titres « Hate Über Alles » et « Killer of Jesus », deux premier singles très directs, comme une attaque frontale, bref deux uppercuts classiques de pur Kreator ! Dis-moi en plus !
Encore une fois, comme souvent chez Kreator, les titres sont ouverts à interprétation, avec des métaphores, comme les précédents titres d’albums Gods of Violence, Phantom Antichrist, ou la chanson « Satan is Real ». Il faudrait là encore interroger directement à Mille… On peut y voir une nouvelle fois ici plusieurs choses et y compris sur ce nouveau morceau « Killer of Jesus »… Mais si on revient juste à la musique, ces titres déchirent tout simplement, et rien que pour ça, Mille a du talent. Le résultat parle de lui-même. Il arrive à trouver cette accroche à la fois lyrique et musicale qui rentre dedans. A un moment donné, on s’est même demandé si on n’allait pas appeler ce nouvel album comme la chanson « Killer of Jesus » mais finalement, on s’est dit que « Hate Über Alles » claquait encore plus… (sourires)
En effet. Alors je voudrai revenir justement sur ce titre d’album : Hate Über Alles qui signifie en gros : « déteste-les tous » ou « déteste-les par-dessus tout », c’est bien ça ? Pourquoi un tel choix de titre en allemand ?
Alors non, ce n’est pas impératif. Ce n’est pas un ordre, attention ! Cela signifie en allemand : « La haine par-dessus tout ». C’est un constat, en fait. Le refrain de cette chanson-titre en deuxième position sur l’album dit précisément : « La haine par-dessus tout, la haine c’est le virus de ce monde (…) ». Voilà. Ces mots s’y prêtent bien, disons, par leur côté dur. Les Américains de Dead Kennedys avaient aussi publié une chanson du même style : « California Über Alles » dans un registre punk. On peut voir au passage là aussi un clin d’œil à ce groupe mythique de punk rock. Le thrash vient du punk aussi, après tout…
Est-ce notamment en relation avec les réseaux sociaux sur internet, j’ai cru comprendre, suite à l’interview accordée par Mille Petrozza à ce sujet sur Arte dans l’émission hebdomadaire Tracks en mai dernier où l’on entendait aussi l’avis de James Blunt à la fois victime et acteur des réseaux sociaux, non ? J’avais trouvé Mille Petrozza quelque peu indécis et moyennement convaincant à ce sujet… J’ai été un peu déçu…
Y’a de ça, oui, mais pas que ça. Personnellement, je ne l’ai pas encore vu l’émission d’Arte donc je ne peux pas vraiment me prononcer car j’étais alors en vacances… (rires) Il y a tellement différentes sortes de haine de nos jours : la haine ordinaire, du quotidien, le racisme, le rejet de la différence, de la pensée différente, la guerre, l’intolérance face à la religion, etc. En fait, on constate que la haine est omniprésente dans notre monde, d’où les guerres encore de nos jours, c’est ça le virus de de ce monde. Attention, je ne veux pas dire par là que l’on est anti-vaccins, ou des choses comme ça, mais cela en fait partie. Il existe bel et bien un virus, mais la guerre, la destruction de l’Homme depuis toujours, etc. On rentre là dans des considérations presque philosophiques… Après Mille a peut-être acquis une certaine maturité et forme de sagesse, de réflexion à ce sujet, je pense. Dans les interviews de nos jours, si tu ne veux pas avoir trop de problème, parfois, je comprends alors peut-être sa non-réponse (mais je n’ai donc pas vu l’émission), dans la mesure où souvent il faut en effet ne pas se prononcer et rester dans une certaine neutralité afin d’avoir la paix. Il doit ménager les choses dans la mesure où nous-mêmes on utilise ses réseaux sociaux, donc difficile de cracher aussi dans la soupe…
Je pense que dans le passé, Kreator a largement prouvé les choses et toujours fait part de ses opinions politiques, mais de nos jours, le moindre petit clic de souris sur internet ou malheux post maladroit peut être mal interprété.
Oui, mais là avec les anti-vaccins ou contre la guerre en Ukraine, on peut manifester, sauf que l’on est moins dans un esprit baba cool et « peace and love » comme dans les années 60 au début de la guerre du Viêt-Nam et ses opposants manifestants contre ce conflit à Washington…
Disons que là, c’est un autre débat, et l’on est avant tout là pour parler et faire de la musique. Après, il serait plus tard, après avoir picolé quelques verres, on pourrait volontiers refaire le monde… (rires) Mais je pense que c’est dans la nature de l’Homme, et l’on dresse ce constat en titre de l’album.
Maintenant, dis-moi s’il-te-plaît, comment on s’intègre dans un groupe allemand connu comme Kreator quand on est français en tant que musicien ? Vous parlez et échangez en anglais ou en allemand au quotidien ? Tu as déménagé ? Comment on s’intègre et trouve sa place dans un groupe international comme celui-là même si tu as déjà fait tes preuves et a un bon CV ? C’est impressionnant… En plus, tu es originaire de Charleville-Mézières, si ma mémoire est bonne, ce qui est pratique car ce n’est pas très loin de la Ruhr d’où est originaire Mille et Kreator…
(rires) Tout à fait, c’est exact. Mais je n’y habite plus dorénavant mais habite toujours en France. Euh… Disons que c’est tout un processus à la fois naturel et progressif. Encore une fois, sans aucune prétention, ça fait longtemps que je fais ça, c’est-à-dire jouer dans des groupes en tant que musicien, et tourner, enregistrer des albums, etc. C’est mon job.
Est-ce qu’au début tu as marché sur des œufs par exemple quand tu es arrivé dans Kreator comme bassiste, d’abord live, puis studio, en remplacement de Christian Giesler alias « Speezy » qui fut le bassiste à la plus grande longévité au sein du groupe (1994-2019) ?
Hum… Ouais, forcément, quand tu arrives quelque part, dans un nouveau travail ou autre, quand tu le petit dernier quelque part, forcément tu marches un peu sur des œufs. Il faut savoir, je pense, trouver sa place, sans l’imposer spécialement, mais il faut savoir aussi se demander pourquoi on t’a choisi toi, et pourquoi toi plus qu’un autre pour ce travail. On ne t’a pas choisi parce que tu es timide, ou autre, non, parce que tu corresponds à leurs attentes pour le poste de bassiste, et pouvant apporter une plus-value au groupe à présent. Personnellement, tu sais, je connais Mille Petrozza depuis plus de vingt ans (Ndlr : moi aussi !). C’est un musicien que je croise souvent en tournée, en festival, donc là encore, on n’est pas non plus de parfaits inconnus. Après, au-delà de ça, c’est sûr, j’arrive dans un groupe constitué de membres qui jouent ensemble depuis très longtemps. Donc j’ai eu, pour tout t’avouer, d’abord une petite appréhension avant de jouer les premières notes lors de l’audition. On a alors répété ensemble le premier morceau, c’était, je me souviens, le titre « Violent Revolution ». Et dès les premières mesures, on s’est regardé, on alors eu tous un petit sourire, et après, roule ma poule ! (rires)
Et c’est pas pour enjoliver les choses, mais déjà musicalement, à partir de ce moment-là, je me suis senti musicalement accepté, puis par la suite, tu apprends à les connaître davantage, en échangeant davantage, dans un contexte différent, plus personnel. On passe des soirées ensemble, etc.
Peu à peu, tu as pu et su apporter rapidement quelques idées tout de même, comme la dernière chanson de l’album « Dying Planet » que tu as composée, ou le premier morceau que tu as interprété à la guitare façon Enio Morricone, sans non plus trop en faire ni t’imposer auprès de Mille Petrozza qui reste le leader de Kreator…
Oui, oui, tout à fait, tu as tout compris et réponds même déjà à ma place. (rires) Il faut en effet arriver à trouver sa place, savoir y rester et ne pas trop en faire non plus, du genre : « salut les gars ! C’est moi que v’là, etc. ». Il ne faut pas non plus ne servir à rien, et au contraire, en même temps il faut aussi être porteur d’idée. De toute façon, je leur avais dit au début, c’est ma manière de m’impliquer musicalement à fond. C’est plus fort que moi, et non pas que j’ai tendance à diriger ou à imposer les choses, mais je m’exprime vraiment, j’aime dire et faire des choses, et pas simplement exécuter mes parties. Je pense, du coup, que c’est aussi pour ça qu’ils m’ont choisi… Mille et les autres le savaient : j’ai déjà mes propres projets et groupes, j’ai déjà enregistré mais aussi produit des albums, je compose et écris, etc. En fait, ils m’ont tout de suite fait confiance et laissé de la place. Du coup, ils m’ont tout de suite laissé faire la préproduction, les arrangements avant et après en studio, apporter des idées, contribuer à l’intro, et même composer le dernier titre de l’album. Donc je me suis très vite senti à ma place. Tout s’est fait très naturellement. Quant au plan humain, on s’entend tous super bien. En tout cas, c’est pas de la langue de moi ce que je te dis là, c’est vrai ! On s’est vraiment bien trouvé, je pense. Ils voulaient du sang frais. Et puis, quand on se voit par exemple, on ne fait pas que bosser, tu sais ! (rires)
Et comment remplace-t’on Christian Giesler parti en 2019 après tant d’années passées au sein de Kreator ? Es-tu contact avec lui et t’a-t-il donné des tuyaux pour la transition et t’aider ou pas du tout ?
Non, absolument pas. Je l’ai croisé une fois à Essen en Allemagne, l’année dernière. J’étais un peu surpris, et puis c’est toujours un peu bizarre de ce genre de situations car ce n’est pas moi qui l’ai mis dehors pour prendre sa place, attention ! Disons que ça ne se fait pas trop par contre de s’appeler du genre : « allez, je vais te coacher et te former ! ». Non, pas du tout. J’ai appris les morceaux de Kreator, et quand je suis arrivé, voilà, j’ai joué ce que j’avais appris à ma façon. Rien de spécial. Après, ce n’est pas présomptueux et ne suis pas arrivé du genre : « je n’ai besoin de recevoir de conseil de personne, etc. ». Non, je sais ce que j’ai à faire, et je l’ai fait à ma sauce.
Je pensais qu’il aurait arrêté la musique mais non car depuis, il a joué dernièrement sur un titre en tant qu’invité à la basse sur l’album Rest in Violence du groupe de thrash allemand Bonded paru en 2020 (Century Media), c’était pas mal du tout… Tu connais ?
Oui, je sais. Il a aussi depuis un groupe, Fore, je crois. Après, non pas que ça ne me regarde pas, mais je ne suis pas non plus tout ce qu’il fait depuis Kreator… (rires)
Si tu avais voulu passer sur une basse à cinq ou six cordes, crois tu que Mille aurait accepté histoire d’imposer un nouveau style ? Devais tu respecter un certain cahier des charges cependant ? (rires)
Oh oui, sans problème, je pense que oui. Mais non, c’était assez ouvert, et j’étais libre là-dessus. Au contraire, ils sont contents de ce que je peux apporter. Mais disons que là, je n’ai pas trouvé pour le moment ce qui justifierait cela. On ne s’est pas interdit non plus cela, du genre : « Ah non, surtout pas de basse quatre ou cinq cordes, malheur ! ». (rires) Simplement, c’est plus pratique pour moi de jouer sur une basse quatre cordes car j’y suis plus à l’aise. Par exemple, auparavant, au sein de Dragonforce, ça avait mis du temps pour que je passe sur une basse cinq cordes, enfin tout est relatif, le temps de faire deux albums, et ensuite c’était acquis. Mais il n’y avait donc pas de cahier des charges de Kreator pour te répondre.
Dans le thrash metal, c’est vrai que c’est plus rare, et excepté Overkill ou certaines formations, la basse n’est pas l’instrument prédominant dans ce style musical, non ?
Non, ouais, et encore, même pas. Tu as raison, je veux dire dans le métal en général, la plupart du temps, on suit les lignes de guitare et ne joue pas des parties différentes. Tu sais, je suis guitariste aussi, donc je connais de quoi il s’agit et il retourne. Parfois ma femme me demande d’ailleurs : « mais elle fait quoi la basse ici car on ne t’entend pas ! » (rires)
Du genre, tu joues vraiment dessus car on ne t’entend pas ? (rires)
Elle sait que c’est mon métier, mais elle a du mal à définir ce que je fais quand elle ne distingue pas clairement la basse comme la plupart des gens. Bien sûr, sauf sur des styles comme le disco, la funk, où là on entend clairement la basse dans le mixage de la musique car elle est mise en avant, mais dans le métal, ce n’est pas ou plus rarement l’instrument mis en avant. Voilà, mais c’est tout. Inversement, quand il n’y en a pas, on ne s’est pas mettre le doigt dessus et là c’est nul. Mais là, les gens s’en rendent pas toujours compte. Après, chez certains groupes, cela peut convenir, comme dans le black métal, le sludge, etc.
Ouais, je pense à Mantar, ou Inquisition où là en live ça cogne sans basse et les duos de musiciens assurent sans basse…
Voilà, c’est voulu et là ça passe. Egalement des duos de basse/batterie avec beaucoup de distorsion à la basse et là ça marche très bien aussi. Comme ça là, j’ai pas d’exemples en tête à te citer, mais voilà.
En attendant, de ce que j’entends actuellement sur les premiers retours des trois premiers singles issus du nouvel album, la basse n’aurait peut-être jamais aussi bien sonné, alors j’en suis ravi et en prends note… (sourires)
Quelques mots justement sur l’un des singles, le plus surprenant a été le titre « Midnight Sun » qui musicalement m’a rappelé quelque peu l’album Endorama par son côté atmosphérique avec son chant féminin sur le refrain. Certains fans avaient alors peur de ce retour plus mélodique expérimenté sur Outcast puis Endorama, alors que les autres singles nettement plus rentre-dedans ont remis les pendules à l’heure. Et lyriquement, « Mdinight Sun » semble être aussi un clin d’œil au film d’horreur suédois Midsummar car à la vue de son vidéoclip, il y a beaucoup de ressemblance (mise en scène d’une secte, sacrifice humain, décor naturel, etc.), non ?
Ah oui, sur internet il y a eu quelques réactions comme ça, mais pas de notre part car nous n’avons rien annoncé de tel officiellement. Il y a toujours diverses réactions, c’est intéressant. Comme je te disais précédemment, on s’est pas mal occupé des arrangements des chansons sur l’album en studio, on a eu le temps, mais c’est Mille qui a apporté ce riff et les riffs généralement sur les morceaux. Je me rappelle que l’on avait eu une discussion avant de commencer l’album. Personnellement, à ce moment-là, j’avais exprimé mon opinion en disant que ça serait bien que ce nouvel album soit un peu plus violent que les deux derniers. Tout le monde fut d’accord. Encore une fois, on était là encore tous sur la même longueur d’ondes. Après, on est tous potes avec Jens Bogren, le producteur suédois avec qui Kreator a déjà travaillé, et on ne voulait pas au niveau du son avoir quelque chose de trop feutré, mais plus agressif et rentre-dedans. A la production sonore, en plus de nous, on a choisi le producteur américain Arthur Rizk. On ne voulait pas juste retravailler avec Jens Bogren alors qu’on avait une autre idée ou approche sur ce nouvel album plus brute au risque de ne pas s’accorder là-dessus. A contrario, on ne voulait pas non plus juste refaire un Pleasure to Kill numéro 2, car il n’y a pas d’intérêt. Depuis, il y a eu une évolution normale du groupe, façonnée par Mille tout au long des albums de Kreator avec ses musiciens, après on aime ou pas, mais avec ça en tête, je pense que ça nous a aiguillé sur ce que l’on voulait faire sur ce nouvel album. On a épuré pas mal de choses, au niveau des arrangements, on cherche toujours à faire quelque chose de nouveau, d’apporter de la diversité. On ne va pas toujours se répéter. J’ai vu sur les réseaux sociaux, car tu parlais d’internet, un mec qui disait : « Oh j’ai vu et entendu les deux premiers nouveaux morceaux de l’album, « Hate Über Alles » et « Killer of Jesus », et j’espère que tout le nouvel album sera comme ça ». Malheureusement il disait qu’il était déçu quand il a entendu ce troisième single quelque peu différent justement, « Midnight Sun » évoqué dans ta question. Pfff… Alors, du coup, bah c’est nul, enfin chacun voit midi à sa port, bien sûr, et pense ce qu’il veut, et j’avoue aussi que moi, étant plus jeune, quand j’écoutais un nouveau Kreator, ou un nouveau Slayer par exemple pour changer un peu, j’adorais les albums Pleasure to Kill ou Reign in Blood qui vont à toute blinde, et j’attendais toujours la même chose à venir. Et parfois on était alors déçu… Mais aujourd’hui, on ne va pas forcément vers ce qu’attendent les fans ou ce dont on a besoin personnellement car on veut déjà produire quelque chose qui nous plaise. Et ne veut pas non plus se répéter éternellement. C’est varié, bien sûr faut que ça plaise aux gens à la fin, mais aussi et d’abord à nous car sinon ce ne serait pas honnête. Après, on a renforcé certains côtés sur l’album. Le morceau « Midnight sun » s’inspire en effet du film d’horreur suédois Midsummar, donc du coup c’est normal que dans le clip et dans la chanson on voit et entende une femme. Cela a du sens à ce niveau-là alors qu’une chanteuse intervienne sur ce titre. Il s’agit de Sofia Portanet, une amie de Mille Petrozza à Berlin. Après, sur d’autres morceaux, je me suis donc occupé car c’est mon taf et puis les autres, Mille, Ventor ou Sami, étaient contents que je sois chiant parfois et rajoute des choses et propose de finir certaines parties ici et là.
Bah, du coup, le producteur américain Arthur Rizk n’avait plus grand-chose à gérer alors en studio sur l’album Hate Über Ales grâce à toi ? (rires)
(Rires) Si, forcément, il a un grand rôle. Et puis c’est toujours bien d’avoir un avis extérieur, un autre avis. C’est bien de toute façon. Mais c’est vrai qu’on avait bien avancé sur l’album déjà en pré-production. On aurait pu faire l’album presque entièrement nous-mêmes, bien sûr, mais il nous a ouvert les yeux sur différents éléments. Il nous a apporté des choses. Parfois, à force d’être la tête dans le guidon en triturant les morceaux de part et d’autre, tu n’as plus d’idée ou ne sais plus, et là quand il est intervenu à ce moment-là, c’était toujours intéressant. Par exemple sur la chason-titre, « Hate Über Ales », la fin était un peu plus redondante, c’était pas top. Elle se terminait donc différemment au départ. Et quand il est arrivé, il nous a proposé simplement de couper plus court après un dernier refrain : « Hate Über Alles » (Ndlr : il chante) en baissant le ton de la voix, et point. Bref, il a apporté pas mal de petites choses comme ça, des effets, comme sur la fin de ce single justement, « Midnight Sun ». Il nous a aidés également à trancher certains avis pour éviter de se répéter dans des riffs. Après, ce nouvel album reste quand même dans la veine des albums précédents de Kreator, avec comme tu disais peut-être certaines passages rappelant Endorama, pourquoi pas, après ça fait partie aussi de l’ADN du groupe. C’est totalement assumé depuis le temps. On voulait tout de même un album plus rentre-dedans, avec une production moins léchée, sans Jens Bogren du coup, mais Arthur Rizk était moins regardant par exemple sur l’accordage des guitares ou les enchaînements afin que tout ne soit pas absolument trop surfait, mais attention, ça reste très clean et extrêmement bien produit en studio par Arthur Rizk. Mais on ne se rend pas forcément pas compte, mais des fois, il se passe certaines choses inexplicables musicalement, pas forcément conscientes. Tu sais, parfois un album est surproduit en studio et en live, ce sera différent, ou alors il faudrait du playback pour le retranscrire en concert parfaitement ! (rires) Eh bien là, il y a ce côté sincère, énergique, plus brute peut-être.
Sur l’ultime titre, « Dying Planet », à la fin de l’album, ça m’a rappelé un peu ton projet Sinsaenum dans l’ambiance, assez dark avec des claviers, et aussi à la musique de Daath du coup dont le chanteur américain Sean Zatorsky évolue aussi à tes côtés dans Sinsaenum au côté Attila Csihar (Mayhem)…
Ah oui, c’est normal, forcément, c’est tout à fait naturel car j’ai plus bossé sur ce morceau que j’ai composé. Pour les claviers, tu entends en fait la collaboration des Italiens de Fleshgod Apocalypse, également présent sur l’intro de l’album, « Sergio Corbucci Is Dead ». En fait, ils avaient déjà joué les parties de claviers sur l’album précédent Gods of Violence produit par Jens Bogren, celui-ci par contre.
« Dying Planet » : un titre écolo pessimiste ? (rires) Les paroles sont de toi ?
C’est au sujet d’un monde dystopique. De toute façon, toute forme de vie meurt un jour. Et actuellement, des sujets comme ça dans notre entourage, l’environnement, l’état de notre planète, il y a matière sur ce sujet et tu peux en écrire plein des chansons de ce genre… (rires) Mais je ne me suis pas chargé des paroles, attention, uniquement de la musique. Et toutes les paroles proviennent de Mille encore une fois. Mais là, par opposition avec Dragonforce dans lequel je jouais auparavant, les textes ont beaucoup plus de sens. J’avais d’ailleurs essayé de changer un petit peu ça à l’époque avec Dragonforce, mais bref… Encore une fois on s’est bien trouvé avec Mille car on s’est complété sur cette chanson. Moi, les paroles c’est pas mon fort. J’ai grandi en faisant attention au son, pas d’abord les paroles. Tout à l’heure justement, on était en répétition avec Kreator, et on parlait de Mayhem car Mille me disait qu’il réécoutait en ce moment l’album De Mysterii Doom Sathanas de Mayhem. J’ai alors pris ma basse et ai commencé à jouer l’air de la chanson de « Funeral Fog » et lui, il connait tous les riffs mais aussi il connait toutes les paroles. L’autre fois, il m’a chanté des paroles de Manowar ! J’étais bluffé. Du coup, c’est vraiment sa partie, même s’il apporte bien sûr en plus les riffs durant la phase de composition, alors que moi, les paroles, c’est pas mon truc. Peut-être qu’en vieillissant, tu es plus sensible et devient plus philosophique là-dessus, alors quand tu es jeune, en général, tu ne fais pas trop attention à la mort, etc. même si de nos jours il y a une plus grande prise de conscience peut-être. Il y a deux ans, j’ai perdu mon père, et avec le temps, tu mets comme un segment sur une ligne droite de vie, de temps en te rendant mieux compte des choses. Attention, je ne suis pas en train de m’apitoyer sur mon sort, mais je pense qu’avec l’âge, tu prends davantage conscience des choses. Tiens, c’est comme l’ivresse de l’alcool. Quand tu es jeune, tu ne penses pas à tout ça et aux conséquences. Je ne suis pas là ni pour moraliser les gens ni faire la promotion de l’alcool, mais quand tu vois un jeune bourré, tu rigoles plus qu’un vieux qui a le verbe haut et mauvais. Mais bon, vous verrez, les lecteurs, quand vous lirez cette interview et aurait mal au dos aussi un jour, vous comprendrez !! (rires) Donc après, plus sérieusement, pour les paroles précisément, comme c’est plus du ressort de Mille, je ne peux pas trop te répondre davantage là-dessus…
Il y a aussi un titre sur Hate Über Alles qui aurait pu figurer rien que par son nom dans un track-listing d’album de notre Bubu national avec Loudblast, ton autre groupe principal : « Crush The Tyrants »… (sourires)
Ouais, c’est vrai… (sourires) Tiens, je lui dirais.
On entend aussi pas mal de chœurs très puissants, presque hardcore, sur deux chansons assez heavy : « Strongest of the Strong », et « Become Immortal ». C’est toi que l’on entend avec Ventor ou Sami peut-être, ou bien des fans comme certains groupes font en studio ?
Non, j’étais partie pour d’autres obligations dans mon agenda, et n’ai pas pu rester pour les enregistrer. De toute façon, il y avait suffisamment de monde pour ça, et après voir les autres enregistrer leurs parties de chant, ce n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant. (rires) Et non, ce ne sont pas les fans de Kreator que tu entends. On aurait en effet pu faire comme d’autres groupes le font souvent aussi. Mais j’avais participé aux chœurs sur les démos par contre. En concert, rassure-toi, ce sera Sami (guitare) et moi-même qui serons au micro.
Enfin, avant de nous parler de tes autres projets, comment définirais-tu Hate Über Alles selon toi, avec tes propres mots, et où le placerais-tu dans la discographie de Kreator si tu avais à le comparer avec les nombreux autres albums du fameux groupe de thrash metal allemand dont tu fais partie aujourd’hui ?
Bah, tout simplement dans la continuité de Kreator et de ses autres albums, je dirai. Ce serait dommage si on devait repartir en arrière. Y’a pas forcément une obligation de l’inscrire dans une phase d’évolution précise. C’est le Kreator d’aujourd’hui, avec tout de même une certaine diversité et un retour naturel à quelque chose de plus rentre-dedans. Donc après, si on devait le définir par rapport aux autres disques, je dirai que c’est la continuité encore une fois naturelle des deux précédents, Phantom Antichrist et Gods of Violence. Une chanson comme « Demonic Future » par exemple peut rappeler un peu l’album Endless Pain. Sur la chanson « Conquer and Destroy », il y a ce petit côté direct d’Extreme Aggression, de même que sur la chanson « Hate Über Alles » d’ailleurs.
Quelles sont les nouvelles alors pour Sinsaenum ? Un nouvel album est-il en cours de préparation ? Qui en sera le nouveau batteur suite au décès de Joey Jordison (R.I .P.) à moins que tu aies recours à une boîte à rythmes dorénavant étant donné qu’un s’agit d’un projet international ?
Euh, pour la batterie, je ne le dis pas encore qui ce sera. Cependant ce ne sera pas une boîte à rythmes pour autant même si ça pourrait très bien passé car ça fait longtemps que finalement c’est utilisé même dans le métal. Qu’on le dise ou pas, ça se fait quand même, et on ne le dit pas toujours, mais c’est pas encore reconnu. De toute façon, il y a de nombreux sons de batterie samplés et qui sont utilisés en studio, faut pas croire. Mais non, ce sera une vraie batterie jouée par un batteur, d’ailleurs j’étais au téléphone juste avant toi avec le nouveau batteur… On va essayer de débuter l’enregistrement cet été même si je serai en tournée de festivals avec Kreator, mais la tournée européenne ne devrait commencer que cet automne. Le nouvel album de Sinsaenum prendra le temps qu’il faudra de toute façon, je bosse dessus et ai déjà tout composé les morceaux depuis longtemps. Cela fait longtemps d’ailleurs qu’on attend de trouver le bon moment pour l’enregistrer. Entre-temps, malheureusement Joey (Jordison/batterie, ex-Slipknot) nous a quittés… Il avait écouté quelques nouveaux titres de démo mais n’avait pas enregistré ses parties de batterie donc on ne l’entendra pas dessus. Mais le projet continue et il y a toujours une part en lui dans Sinsaenum. D’ailleurs c’est lui qui avait trouvé le nom de ce groupe alors que j’avais créé le groupe, donc c’est cool. On va prendre notre temps car on ne va pas sortir un nouvel album de Sinsaenum maintenant alors que je pars ensuite avec Kreator pour défendre un nouvel album là aussi. Voilà…
Pourrais-tu inviter sur ce troisième album de Sinsaenum à la fois Stéphane Buriez, déjà présent à la guitare, au côté de Mille Petrozza (Kreator) et Attila Csihar (Mayhem), tous les trois au chant par exemple, ça ferait du bon et ce serait mortel, non ? Pas sur tout l’album mais sur un titre, un peu comme Tom Araya (ex-Slayer) l’avait fait sur la chanson « Terrorist » de Soulfly sur Primitive ? On peut rêver… (sourires)
Euh, Stéphane joue déjà avec moi à la guitare, et fait aussi les chœurs sur scène, Attila, y’a de forte chance qu’il soit là sur le prochain album, et Mille, pourquoi pas, faudrait que je lui demande. Après pourquoi pas ? Sur le premier album on avait déjà quelques invités (Schmier de Destruction, et Mirai Kawashima de Sigh). Mais c’est bien mais après faudrait pas non plus trop en faire, car ça serait un peu facile de trop mélanger les choses, s’il y a du Loudblast et aussi du Kreator dedans, ça serait un tout mélangé. Je pourrai aussi ajouter un solo de guitare de Sami Yli-Sirnio (Kreator), etc.
Je comprends, après il ne manquerait plus que tu invites tes anciens collègues de Dragonforce, et ce serait la totale !! (rires)
(rires) Ouais, voilà mais tu vois ce que je veux dire ? ça serait un peu too much. Autant avant, avant de rejoindre Kreator, j’avais vu une vidéo de « Betrayer » et on avait répété avec Dragonforce et lui, là ça ferait un peu trop et pas forcément servir la musique dans la mesure où je fais déjà partie de Kreator à présent, mais bien sûr, l’idée de base serait sympa… (sourires)
Es-tu toujours en contact avec les gars de Heavenly, ton premier groupe pour lequel je t’avais rencontré la première fois en 2000 lors d’un concert à Tours ou Paris, je ne sais plus trop, avec Symphony X ou Dream Theater… ?
Oui, oui. A Tours, je m’en rappelle, c’était en première partie de Symphony X et je commençais à l’époque, et j’avais dépanné le groupe aux claviers, je me souviens ! Avec Heavenly, je suis toujours en contact avec Max, le batteur, et le bassiste PE (Pierre-Emmanuel). Avec le chanteur Ben, j’ai perdu son contact car je m’étais brouillé avec lui à la scission de Heavenly… Mais bon si je le recroisais, ou s’il lit cet entretien, je serai content d’avoir des nouvelles sincèrement. C’est juste qu’à un moment on a voulu prendre des chemins de vie différents, et puis, tu sais, depuis de l’eau a coulé sous les ponts et on a évolué je pense comme personne depuis. Avec Dragonforce, oui, je suis toujours en contact avec eux, assez régulièrement.
Et Dragonforce aussi ? J’avoue que je les suis moins à présent, j’ai un peu décroché sur ce qu’ils font encore…
Ouais, moi aussi. (rires) Sinon, oui, je suis toujours en contact avec leurs membres. J’ai reçu un message de Sam (Totman, guitare) tout à l’heure. Marc Hudson (chant) sort un album solo justement. J’y ai enregistré/joué toutes les guitares rythmiques et la basse, ainsi que les lignes de guitares mélodiques, mais pas les soli par contre. Herman Li, l’autre guitariste, est très occupé avec Twitch. Et sinon je suis encore en contact également avec leur ancien chanteur ZP Theart. Leur batteur Gee, on s’envoie des photos de temps en temps, etc.
Vas-tu leur envoyer une copie du nouvel album de Kreator à chacun ? (sourires)
Pas besoin, non. Ils sont assez grands comme ça. Ils iront l’écouter sur Spotify ! (rires) Du reste, ça me fait penser que je n’ai pas de copie du dernier album que j’ai fait avec Dragonforce, ou alors un import d’une version japonaise…
Et Loudblast dans tout ça ? Comment fais-tu pour conjuguer tous tes projets et tes deux principaux groupes Kreator et Loudblast dans ton planning quotidien ? Je sais qu’il y a une sorte de « garde alternée » en accord entre Mille Petrozza et Stéphane Buriez, m’avait confié ce dernier lors de la promotion de l’album Manifesto de Loudblast… (rires)
C’est ça, oui, en résumé la priorité demeure Kreator, c’est pour ça que tu ne m’as pas vu sur scène au festival The Outbreak à Blois en mars 2022. Donc ma priorité numéro 1 est Kreator, puis Loudblast, mais pour autant, c’est pas pour ça que je ne peux pas jouer avec Loudblast à un moment donné si j’ai une disponibilité. Par exemple, dernièrement, j’ai pu jouer avec Loudblast début mai pour un concert dans le Nord, à Lomme en France. J’ai eu chez moi Hervé (Coquerel/batterie) et Stéphane (Buriez/guitare-chant) durant une semaine à la maison. Disons que c’est juste que Kreator c’est plus important, au niveau international. Il y a donc plus d’enjeu, plus d’investissement notamment en budget, etc. donc c’est normal que ce soit la priorité. Ils le savent très bien et en étaient conscients quand je les ai rejoints. Quand j’étais rejoint Loudblast, c’était déjà chaud à gérer, là ça l’est encore plus avec ce nouvel album de Kreator et les concerts et festivals qui arrivent… J’ai aussi à côté mes projets : Sinsaenum, et Amahiru. Mais là aussi, c’est un peu compliqué car sa guitariste japonaise Saki (Mary’s Blood, Nemophila) est pas mal occupée de son côté également. Malheureusement notre premier album que l’on a sorti a été un peu comme un coup d’épée dans l’eau car sorti au mauvais moment durant la pandémie, mais bon je suis toujours content de cet album (Amahiru/Ear Music/2020). Sur cet album, j’ai fait mon travail, à la guitare et à la basse, j’ai composé les morceaux. Pour revenir à mon emploi du temps, il est chargé chaque jour, c’est clair. Mais je suis content car c’est mieux ainsi. Il y a des priorités, certes, mais j’ai aussi besoin de m’exprimer de différentes manières dans la musique. Je ne pourrai pas faire qu’un groupe, que du thrash, etc. Et ça Mille l’a bien compris et accepté. Du coup, forcément ça prend du temps, et c’est ma vie, sans la musique et tout ce qui va avec (enregistrement studio, concerts, promotion, etc.), je ne sais pas ce que je ferai sinon…
Bon, à quand maintenant une tournée européenne commune avec double concert chaque soir pour toi avec Loudblast + Kreator ? Tu pourrais physiquement assurer ton poste à la basse chaque soir d’après toi ?
Euh, non… Je ne sais pas si je pourrai enchaîner les deux concerts chaque soir. Je pense que oui mais comme je ne l’ai jamais fait, j’en sais rien. Cela pourrait peut-être être contre-productif pour l’un des deux groupes. Après, je sais que Hervé Coquerel par exemple le fait déjà avec Black Bomb A et Loudblast quand ils jouent ensemble sur certaines mêmes dates de concerts ou festivals. En fait, il faut vraiment être au top tout le temps. C’est déjà assez compliqué dans ma vie de tous les jours de jongler avec tous les groupes, si après tous les soirs je dois aussi physiquement jongler avec les deux principaux, ça serait difficile, je pense. Surtout que j’ai parfois mal au dos, ou j’ai eu mal à un bras il y a quelques temps. Le risque c’est qu’il n’y ait plus de moi dans cinq ans si je faisais ça régulièrement. Mais sinon dans l’absolu, là encore, ce serait cool. Il faudrait s’économiser en fait. D’ailleurs, j’en avais parlé une fois avec le label pour jouer avec Sinsaenum + Loudblast par exemple, mais bon, non… Je préfère me concentrer sur un seul groupe à la fois, ce qui est déjà bien. En attendant, rendez-vous avec Kreator au Hellfest, puis au Motocultor 2022 !
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