MERCENARY : Back step musical

Les Danois de Mercenary s’étaient faits discrets depuis leur album Through Our Darkest Days sorti en 2015 et leurs derniers concerts de 2016, mais ils n’ont jamais cessé de se voir et de travailler ! Leur retrait créatif de la scène a abouti à Soundtrack For The End Times, un huitième album plus violent et sombre qui renoue avec la passion metal de leur membre historique et fondateur, celui sur lequel repose le groupe : le guitariste Jakob Mølbjerg. [Entretien avec Jakob Mølbjerg (guitare) par Marie Gazal – Photos : DR]

Cela fait un moment que nous n’avions pas entendu parler de Mercenary (presque dix ans !) Que s’est-il passé pendant ce temps-là ? 
(rires) C’est vrai que d’un point de vue extérieur, on pourrait penser que nous avons complètement disparu de la circulation pendant 10 ans. Mais ce n’est pas vrai ! Nous avons traversé une année très calme en 2014. J’ai eu ma première fille cette année-là. J’avais besoin de tranquillité, de ne pas partir sur les routes, ne pas entamer un nouveau cycle d’album de 2 ans. J’avais besoin de ce temps familial. Nous sommes quand même allés au Japon en 2015 et nous avons commencé à écrire de nouvelles ébauches. Mais notre autre guitariste, Martin (Martin Buus Pedersen), a aussi eu un enfant à ce moment-là, il a commencé un nouveau job puis il a rencontré des problèmes familiaux et il a divorcé. Nos vies personnelles étaient instables, mais nous avons joué quelques concerts, nous avons fait des choses. Ce qui surprendra sûrement les gens, c’est que depuis 2015, nous nous sommes vus physiquement toutes les semaines pour bosser sur notre musique ! Nous avons travaillé et travaillé, en nous demandant « Tu as de bonnes idées de compo ? », « Non pas trop » et en recommençant ainsi de suite… Nous avons des ébauches. A vrai dire, la démo de la chanson « Beyond the Waves » date de 2015 ! Puis, nous avons souhaité changer de direction. Je voulais que les choses soient plus violentes, plus agressives, plus mélancoliques. Mais nous avions un batteur temporaire à l’époque, et il n’y avait pas d’alchimie entre nous. Nous avons vraiment besoin de former un groupe pour composer ensemble, ce n’était pas le cas. Ce n’est pas juste une histoire où Martin et moi écrivons des chansons avant de les enregistrer en studio. On est un groupe old school pour ça !

A propos de l’alchimie, ce n’est pas évident de la conserver quand un groupe connait beaucoup de changements de line-up. Qu’est-ce qui fait l’esprit de Mercenary finalement ?
Je pense que nous avons justement perdu cet esprit durant la période Through Our Darkest Days. On a connu tellement de changements de line-ups. Cela nous a beaucoup frustrés. Nous avons fait l’album Metamorphosis, ce qui nous a permis de faire ce que nous n’arrivions pas à faire avec l’ancien line-up : s’éclater, faire des choses que nous nous interdisions, jouer vite et de la musique débile ! L’album d’après, j’ai fait un burn out, j’avais besoin d’une pause après la tournée. Je pense que l’album est bien mais il est un peu éparpillé, il a pris une direction différente, plus pop, par rapport au reste de notre discographie. Sur Through Our Darkest Days, la direction était encore plus pop, nous n’étions pas au top et je le sais. Pour être motivés et passionnés, nous devions être plus heavy. Pas forcément jouer plus vite, mais au moins des choses métal, des choses que l’on ressent au plus profond de notre âme quand on joue live. Je devais augmenter les inspirations métal et baisser un peu les inspirations rock. Je pense que nous avons réussi à le faire, je suis satisfait du résultat. Je pense que nous avons pris le meilleur du Mercenary old school en le modernisant d’une certaine manière. Les gens semblent comprendre ce que nous faisons et apprécié. C’est génial de se sentir compris.

D’où vient ce titre Soundtrack For The End Times ?
C’est presque biblique. Si nous l’avions intitulé « Soundtrack For The End Of Times », ça aurait été apocalyptique. Mais l’album ne traite pas de la fin du monde, seulement de la fin de notre période. Tout change. L’intelligence artificielle est vécue comme une grande menace sur tout ce que nous avons dans notre vie, à commencer par un emploi raisonnable ! Les crises sociales, politiques et climatiques rendent obsolète l’image modèle du bloc ouest du monde. Tout change, mais probablement pas pour le meilleur…

Et d’où as-tu tiré ton inspiration pour cet album ?
La passion d’écrire de la musique est toujours venue de la grande mélancolie que je ressens. Grandir en Scandinavie, avec ces longs hivers sombres, est quelque chose de très difficile pour les jeunes mal dans leur peau. Je n’ai jamais pu m’en débarrasser donc j’essaie de l’utiliser de manière créative. Quand j’avais vingt ans, j’ai sûrement souffert de dépression pendant quelques années. Je n’en suis pas triste, mais cela me fait écho. Par rapport aux anciens albums, les influences sont plus modernes sur le nouvel album. Sur le dernier morceau, il y a un clin d’œil aux maitres français Gojira. Il y a un peu de Lamb of God sur le morceau avec Matt Heafy (Trivium) au chant (« Heart of the Numb ») ; le rythme est rapide sur « Through This Blackened Hatred », en référence à Decapitated. Nous avons pris des références de groupes modernes pour rendre le morceau agréable à jouer live.

On vous qualifie parfois dans le genre power metal, est-ce que vous avez pris des influences de certains groupes ?
Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on nous qualifie de groupe de power metal. Je pense que le power metal inclut une forme de grandiosité qui ne me parle pas du tout. Je pense qu’on est plus progressifs tout de même. A part le crush que j’avais sur Helloween en tant qu’ado, je n’ai d’affinité qu’avec Nevermore qui peut s’approcher de très très loin du power. Ils ont été une véritable influence pour moi. Je pense que c’est pour ça qu’en 2002 nous avons commencé à travailler avec Mikkel Sandager au chant, et son frère Morten aux claviers. Avec des artworks conçus ensuite par Travis Smith comme il le faisait pour Nevermore, à la place de Nicklas Sundin (Dark Tranquillity) que l’on retrouve de nouveau par contre sur Soundtrack For The End Times. Mais à l’époque, on était à fond sur Nevermore !

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