« Black hole sun, won’t you come… la la la… » Ah non ! C’était une autre chanson, ça, d’un autre album, le fameux Superunknown des regrettés Soundgarden. Non moins fameux est cependant ce dixième opus baptisé, lui, Black Hole District signé du sextet français Monolithe. Comme à l’accoutumée depuis 2001, date de L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, mais aussi date de fondation du combo parisien, ses membres nous régalent à chaque fois de disques profonds et cinématographiques. Après leur période sur le label des Acteurs de L’Ombre Productions pour un retour à l’indépendance avec le superbe Okta Khora en 2019 (lire notre interview ici), suivi de Kosmodrom qui ne put bénéficier d’un soutien scénique que plus tard car sorti en 2022 en plein pandémie comme bien d’autres disques, voici donc leur dixième merveille. Pour les extraterrestres qui ne connaitraient pas Monolithe et vivraient dans une autre galaxie, alors c’est bien dommage surtout qu’ils se produisent souvent dans l’Hexagone, en salles ou en festivals. Mais il n’est jamais trop tard de se rattraper, et ce dixième album tombe donc à pic ! Adepte des concepts jusqu’au boutiste (Sylvain, son principal compositeur et fondateur avait par exemple basé les quatre premiers albums de Monolithe sur une seule plage sonore), ce nouvel essai s’articule autour de dix plages sonores, cinq de 1’00 minute, et cinq autres de 10’00, toutes étant alternées. Ces interludes plus courts permettent ainsi de reprendre une respiration afin d’entrée dans la suite logique d’une séquence. Vous l’aurez compris, c’est très pensé et intellectuel, mais aussi mathématique, avant d’être musical.
Musicalement justement, si le premier extrait « On The Run To Nowhere » diffusé sur la toile il y a quelques semaines renvoyait plutôt à un doom metal assez classique inspiré par les maîtres britanniques du genre (Paradise Lost, My Dying Bride…), le second et nouveau single intitulé « Sentience Amidst The Lights » démontre davantage la patte futuriste et électronique de nos Français qui possèdent vraiment ce petit quelque chose en plus face à la concurrence, avec notamment des arrangements extrêmement soignés et très travaillés, pour un résultat d’une fluidité et d’une immersion totale. Il faut absolument écouter ce disque au casque pour un effet total garanti de déconnexion. Mais le point commun entre ces deux premières chansons, outre leur durée chacune de dix minutes, réside dans les mélodies et l’usage de nombreuses nappes de claviers et divers sons programmés parfaitement intégrés au doom metal finalement contemporain de Monolithe. Bien entendu, nous pourrions vous parler du premier titre qui vous plonge dans un monde post apocalyptique ou dystopique, à l’ambiance Blade Runner (nouvelle époque, version Denis Villeneuve), des ambiances à la Vangelis ou Jean-Michel Jarre ici et là, qui permet à Monolithe de développer son style, son univers, loin de la concurrence dans la sphère parfois très étroite du doom/dark metal, avec cet aspect progressif qui apporte cette touche extraordinaire. Mais le mieux est d’écouter tout simplement ce nouveau chef d’œuvre des Français, au casque donc, puis en live, afin d’en extraire la substantifique moelle car discuter de cette œuvre pourrait prendre des années lumières, or nous ne sommes qu’après tout que de simples passagers sur Terre, alors profitons de ce pur instant présent qui nous est offert à travers ce passionnant Black Hole District… [Seigneur Fred]
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