NATTVERD : Vandring

Vandring - NATTVERD
NATTVERD
Vandring
Black Metal
Osmose Prod.

Déjà le troisième album pour nos brutes épaisses norvégiennes de Nattverd qui ont décidé de sortir de leur grotte après l’hiver (il n’y a qu’à voir l’artwork et la photo promotionnelle), et ce, un an et demi à peine après Styggdom paru en janv. 2020 chez Osmose Productions. Entre-temps, une petite pandémie est passée par là, mais nos cinq musiciens ont la peau dure, et rien de mieux qu’une grotte pour enregistrer une galette de bon vieux et True Norwegian Black Metal d’appellation origine contrôlée en période de confinement (enfin si personne n’y amène le virus, bien sûr) comme leurs camarades de Darkthrone. Cependant, Nattverd se distingue du célèbre duo d’Oslo (dont le nouvel album Eternal Hails est à paraître fin juin 2021) par l’apport de quelques touches de rares claviers ici ou là, comme sur le premier single et vidéo clip « Naar taaken fortaerer alt » contribuant à une once de diversité musicale. Attention à toute éventuelle méprise, les claviers sont très minoritaires toutefois par rapport aux instruments principaux (guitare, basse, batterie) et utilisés ici avec parcimonie, cette chanson du coup n’étant pas très représentative. Mais tout ça pour dire que tout n’est donc pas l’affaire uniquement de sauvagerie chez ce quintet scandinave fondé un beau jour de l’an 2010 après avoir écouté ses pairs dans les années 90, bien évidemment.

« Ce nouvel album Vandring se veut plus dynamique que le précédent », d’après les dires du groupe lui-même, et nous confirmons clairement ce point qui démontre une certain volonté d’innover de la part de Nattverd, tout en respectant les codes du genre (cris déchirants du vocaliste Ormr, riffs typiques et froids comme l’hiver, corpse paints sur les photos promotionnelles, etc.). Même si l’intro, digne d’un film d’horreur bourré d’effets spéciaux, laisse vite place à des blasts beats infernaux et des vociférations maléfiques, une atmosphère emplie de mélancolie a tendance à régner progressivement sur les huit morceaux. Vers le milieu du titre « Det bloer paa alt som spirer » par exemple, le break lourd et la voix d’outre-tombe nous font voir la mort de près, avant qu’un mid-tempo et des riffs plus mélodieux nous accompagnent jusqu’à la fin du chemin. On pense alors ainsi à old Darkthrone mais aussi à Gorgoroth. Plus violent sur la longueur et presque groovy, un titre comme « Martyrer av kristus » propose d’excellents riffs et des breaks intéressants, doublés d’accélérations bien méchantes. De même plus loin sur la chanson « I moerket slumrer ravnen » avec toujours des passages avec grosse voix qui fait peur. Au loin, vers la fin de l’album, on entend même par moment le chant du loup (l’épique « Det hvisker i veggene ») mais rassurez-vous pour les claustrophobes, aucun sous-marin à l’approche pour autant ici comme dans le film du même nom…

Les paroles blasphémées par son chanteur Ormr traitent d’un tout autre sujet sur Vandring et s’avèrent d’une profonde noirceur. Ce troisième album conclut en fait la trilogie dédiée à la peste noire. Entamée avec l’EP Skuggen en 2019, s’en suivit la second partie avec Styggdom, et en voici la dernière partie. Peut-être que pour leur prochaine trilogie, nos Norvégiens consacreront leur écriture sur le covid-19, qui sait ? Au niveau vocal, Ormr s’égosille vraiment le larynx tout du long, mais sur scène, cela sera probablement difficile de renouveler la performance studio, et ce, même s’il met clairement du cœur à l’ouvrage ici, comme tout le monde au sein de Nattverd, chacun livrant là tout ce qu’il comme si c’était la fin de quelque chose… Le groupe de Bergen déclare d’ailleurs à propos de Vandring : « nous avons maintenant terminé cette trilogie, avec notre fin la plus agressive, mélancolique et épique de l’histoire. » Voilà qui résume avec honnêteté le propos de ce troisième opus qui ne décevra point les Black Metalleux à la recherche d’une bonne galette, chose rare par les temps qui courent (Ah si, n’oubliez pas non plus celle des excellents Néerlandais de Wesenwille !). [Seigneur Fred]

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