NUMEN
Darkness it shall be…

Formé en 1997 à Arrasate au Pays Basque (Mondragón en espagnol), Numen pratique un Black Metal brutal et sans concession avec toutefois sa propre identité façonnée par les mythes et légendes d’autrefois de sa région natale. Plongé dans une longue léthargie après la sortie de son album éponyme en 2007, notamment à cause des difficultés à trouver un batteur à la hauteur, cette horde sauvage espagnole compte bien rattraper le temps perdu et franchir les Pyrénées avec son quatrième opus, fort d’un nouveau deal avec le label français les Acteurs de l’Ombre… [Entretien avec Jabo (guitare) par Seigneur Fred – Photo : DR]

Le groupe a été fondé en 1997 dans le nord de l’Espagne, au Pays basque. Comment est la scène Metal là-bas actuellement ? Possédez-vous une scène Black Metal importante par exemple depuis ces vingt dernières années ?
Tu as raison, notre groupe a été fondé à Arrasate, dans l’Euskal Herria (NDLR : Pays Basque en basque…). Je pense que le Pays basque a été et continue d’être le berceau de grands compositeurs et de bonnes formations en général (Folk, Metal, Pop, Rock…). Bien que ce soit un territoire relativement petit, beaucoup de grands groupes ont émergé d’ici… Je ne suis pas aussi sûr d’une scène de Black Metal forte par rapport à d’autres pays comparables, mais nous avons effectivement une scène underground florissante… Juste pour te donner quelques exemples, voici quelques groupes basques actifs ou disparu de nos jours tels que Aiumeen Basoa, Elffor, Adhur, Ilbetz, Suffering Down, Dark Faith, Ominous, Nakkiga, Sentimen Beltza, Helde, Ancient Emblem, et bien d’autres encore… Et vingt ans plus tard, on peut encore sentir l’odeur du Black Metal basque ici et là. (sourires)

Numen est généralement qualifié de Pagan/Black Metal ou Black/Folk Metal, or à l’écoute de votre nouvel album, c’est très brutal, cru et direct (« in your face »). Il n’y a que peu de passages atmosphériques ou folk (« Itzaletan solasean » ; « Itzaltzuko bardoari »). Que penses-tu de cette étiquette musicale ?
Je suis d’accord avec toi, notre musique est directe, « in your face » comme tu dis et plutôt brutale. J’aime l’étiquette « Basque Cult Black Metal » à vrai dire pour être précis, plutôt que Pagan ou Folk Black Metal en effet. Mais en fait, je m’en moque bien des appellations que l’on attribue, chacun fait comme il veut du moment qu’il s’y retrouve ! (rires). C’est juste histoire de dire et de faire ce que nous ressentons !!!

Il règne donc un sentiment de violence dans votre musique où prédomine l’influence du Black Metal scandinave (Marduk, Ragnarök)… D’où vient cette colère présente sur votre nouvel album ?
A la base, c’est notre propre manière d’interpréter et comprendre le Black Metal. Bien qu’il y ait quelques touches Folk et épiques par moment à travers certaines atmosphères, notre style est vif, agressif, violent. C’est la façon que nous avons trouvé pour nous libérer de la colère qui vient du plus profond de notre âme.

Et que signifie le titre basque de votre quatrième album studio « Iluntasuna Besarkatu Nuen Betiko » pour nos lecteurs francophones ?
On pourrait le traduire par : « J’ai embrassé les ténèbres à jamais ». C’est une phrase tirée de notre chanson « Nire arnasean biziko da gaua » (= « La nuit vivra dans mon souffle ») qui parle de Gaueko, un être qui appelle la nuit et souvent assimilé au « dieu des ténèbres ». Nous exprimons ici notre part d’ombre et nos sentiments les plus démoniaques en nous. D’une certaine façon il y a une part mythologique dans nos paroles mais elles dépeignent vraiment nos propres émotions. Et après une longue période de léthargie, crois-moi, nos sentiments sont enfouis dans les ténèbres…


NUMEN
Iluntasuna Besarkatu Nuen Betiko
Black Metal
Les Acteurs de l’Ombre Prod.
★★★☆☆

Issu de la scène Black Metal basque depuis une vingtaine d’années, Numen était sorti des radars dernièrement. Après un silence discographique de douze ans essentiellement à cause des difficultés incessantes à trouver un batteur véloce et aussi possédé que ses semblables dans sa région, le groupe espagnol passe à la vitesse supérieure avec ce quatrième album extrêmement puissant, entièrement chanté dans leur langue natale. Rares sont les respirations comme les passages atmosphériques ou folk ((« Itzaletan solasean » ; « Itzaltzuko bardoari ») qui auraient justement permis, si en plus grand nombre, à transmettre davantage leur culture riche en caractère car les grunts basques ne suffisent pas. Leur Black Metal violent est certes terriblement efficace et méchamment exécuté (proche d’un Marduk, In Battle, ou d’un Ragnarok en grande forme), mais il manque artistiquement et musicalement ce qui aurait pu faire toute la différence. Reste qu’en concert, ça doit défourailler sévère et il ne faudra pas les louper live en fin d’année en France et en Navarre…

[Seigneur Fred]


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