PRONG : Cri d’alarme

S’il y a bien un artiste fidèle à ses fans et à la presse spécialisée depuis des années, sympathique et pro dans tout ce qu’il entreprend, c’est bien notre ami Tommy Victor. Malgré les modes, son bébé Prong est toujours resté sincère, lui qui a su mixer dès les années 80 le punk/hardcore, le thrash metal et l’indus. Avec un agenda bien chargé entre son nouveau rôle de papa et un treizième album studio, son leader a pris le temps de répondre à nos questions juste après son concert au festival Alcatraz (Belgique) à propos de son actualité dont une tournée automnale à venir avec Life Of Agony… [Entretien intégral avec Tommy Victor (guitare/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]

Comment vas-tu actuellement du côté de New York, car la dernière fois que nous t’avons contacté et interviewé, c’était pour la promotion de l’album Zero Days en 2017 ? Depuis, beaucoup de choses se sont passées dans le monde…
Eh bien, oui, en effet. Personnellement, ma femme et moi avons déménagé principalement parce que nous avions un petit garçon et que nous en prévoyions un autre (une fille éventuellement), nous devions donc être proches de nos familles respectives pour avoir un peu de soutien. La principale chose qui a changé, c’est qu’ils ont causé cette grande conspiration pour augmenter les prix de tout (inflation)… Sinon, je te réponds depuis le tour-bus entre deux dates de concerts en Europe car je suis en tournée en Allemagne en ce moment avec Prong.

Votre ancien bassiste Jason Christopher a quitté le groupe en 2016 et est finalement revenu dans Prong plus tard en 2018. C’est donc une très bonne nouvelle pour les fans, et tu dois être heureux de son retour, n’est-ce pas ? Pourquoi a-t-il choisi de revenir dans le groupe en fait ? A-t-il été impliqué dans le nouveau matériel de State Of Emergency ?
Il n’est pas impliqué dans l’écriture, il ne l’a jamais été. C’est Christopher Dean qui joue de la basse en ce moment dans Prong en concert. Jason ne peut pas tourner pour le moment pour des raisons personnelles. Il pourrait revenir cependant.

Pour la promotion de Zero Days, tu nous avais précisé lors de notre précédent interview que : « celui-ci n’était pas forcément ton meilleur album, car tu es toujours fier des vieux albums de Prong et aussi parce qu’à ce moment-là, tu ne savez pas » (sourire). Alors maintenant, six ans plus tard, Zero Days est-il ton meilleur album parmi la longue discographie de Prong, ou peut-être que le nouveau State Of Emergency est meilleur ?? C’est une question difficile, je sais, et voilà pourquoi je te la pose maintenant. (rires)
Le nouveau est toujours le meilleur. Pour l’instant du moins… (sourires)

Au niveau des paroles des chansons de State of Emergency, tu sembles très inspiré par ce qui s’est passé dans le monde ces dernières années et le flot d’informations quotidiennes que nous recevons à travers les médias (TV, internet…) : pandémie, guerres, l’omniprésence des réseaux sociaux, les mauvaises nouvelles régulières à la télé, la tentative de putsch au Capitole à Washington D.C. en janvier 2021 par les patriotes de Trump (dont un certain Jon Schaffer (Iced Earth, Demons & Wizards). Tous ces faits survenus dans le monde ont-ils été pour toi comme des détonateurs t’ayant inspiré ici, même s’ils préexistaient déjà sur Terre ?
Oui, tout cela, bien sûr. Et qu’en est-il des émeutes ici et là ? Qu’en est-il de l’oppression ? Qu’en est-il de la fin de la liberté d’expression à cause d’une énorme machine à cash de propagande dans nos démocraties ? Il ne faut pas oublier ça aussi.

Alors, doit-on considérer State Of Emergency comme un bilan de l’état de notre monde d’aujourd’hui exprimé à travers tes yeux et tes mots en quelque sorte ? Un peu comme l’album référence State of The World Address de tes amis de Biohazard en 1995 ? (sourires)
Bien sûr! C’est tout à fait ça. Ouais, tu dois te taire maintenant pour garder ton travail ou ne pas être annulé en concert quelque part ou blacklisté. La seule façon de parler est à travers des chansons dorénavant.

Autrefois, dans les années 80/90, c’était la tradition de s’inviter mutuellement sur les chansons des uns et des autres, surtout dans la riche scène hardcore de New York (Life Of Agony, Madball, Sick Of It All, Agnostic Front, Biohazard, Carnivore, et Prong!). Il y a d’ailleurs un morceau intitulé « Back (NYC) » sur l’album. Par conséquent, State of Emergency contient-il des duos de ce genre parmi les onze nouveaux titres ?
Ouais, Marc Rizzo (Ill Niño, ex-Soulfly) fait le solo de guitare sur le titre « The Descent ». Il y a aussi Steve Zing (bassiste de Danzig) qui vient justement chanter en choeur sur ce morceau « Back (NYC) ».

Quand tu regardes derrière toi, es-tu cependant nostalgique de cette époque avec Prong ?
Beaucoup de ces autres gars des groupes dont tu as parlé ne vivent plus à NY de toute façon, tu sais… Non, je ne crois pas être trop nostalgique. J’aime plutôt la façon dont Prong s’en est sorti en fin de compte.

Le son de ce treizième album est très propre et puissant comme d’habitude dans les enregistrements de Prong ! Où avez-vous enregistré cette fois-ci pour State of Emergency ? Chez toi à la maison à New York ? Tu as l’habitude de travailler seul avec les années en studio, non ?
Non, en fait, je suis allé au studio de Steve Evetts dans le New Jersey. Il a produit, conçu et mixé le disque. Il a également assuré des chœurs et la basse.

Pourrais-tu revenir un jour à des sonorités plus atmosphériques et industrielles comme tu l’avais fait sur votre chef d’œuvre Rude Awakening, avec pourquoi pas une nouvelle collaboration avec Terry Date ? (sourires)
Je ne sais pas. Mais la réponse en avant-première au titre « Non-Existence » a été excellente, et c’est peut-être comme un retour à Rude Awakening d’une certaine façon. Quant à Terry Date, il est sur la côte ouest américaine à présent, et c’est trop cher d’y faire venir les autres gars du groupe là-bas pour y enregistrer tous…

Au niveau de tes parties de guitare électrique, pourrais-tu révéler aux fans quel est ton principal accordage de guitare ici sur State of Emergency ? Et pour le son de Prong en général ? En Drop D ou D standard peut-être ?
En accorage normal de D (Ré). Également en C# standard (Do), Drop C (drop de Do), et Drop B (Si).

Avant de conclure, quelles sont les nouvelles de Danzig aujourd’hui ? Es-tu toujours en contact avec Glen Danzig et membre du groupe ?
Ouais, quand je sors de cette tournée cet été avec Prong justement, nous allons faire une énorme tournée en Amérique avec Danzig. Pas de nouvel album prévu pour l’heure par contre…

La semaine prochaine (Ndlr : dimanche 20 août 2023), nous allons rencontrer les gars de Biohazard pour leur tournée de retrouvailles avec leur line-up original au Motocultor Festival (France). Es-tu toujours en contact avec les gars et as-tu un message pour eux ?
Oui, je suis en contact avec Evan et Billy. J’ai vu Bobby il n’y a pas si longtemps sinon. Je suis très content pour eux. C’est un super groupe et je suis très fier d’eux.

Enfin, quand peut-on espérer te voir live avec Prong en Europe et notamment en France ? Allez-vous jouer sur des festivals français célèbres comme le Hellfest ou le Motocultor l’été prochain en 2024 ? Nous t’attendons !
Peut être. Je suis en tournée en Allemagne en ce moment avec Prong. (Ndlr : interview réalisée le 12/08/2023) Ensuite, à l’automne, nous viendront en Europe pour une tournée avec Life of Agony. Nous nous reverrons donc certainement en France à ce moment-là.

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