Les patrons de toute une génération emocore sont bel et bien de retour, créatifs et plus innovants que jamais, avec Complete Collapse, le septième album studio de la formation originaire de Floride. Son frontman Kellin Quinn nous livre ses confidences sur une œuvre pensée et créée en plein confinement. Une période bénéfique pour le chanteur américain qui lui a permis de ne pas s’effondrer, dans tous les sens du terme. Cette nouvelle galette constitue en quelque sorte une renaissance tout en restant fidèle à soi-même. Voici le secret de la longévité d’un groupe qui a su s’imposer et s’installer pour perdurer sur la scène musicale. Artiste polyvalent et curieux, tantôt acteur et présentateur TV, Kellin revient à son premier amour et nous invite à prendre part à l’aventure. [Entretien réalisé avec Kellin Quinn (chant) par Sarah Laichaoui – Photos : DR]
De quoi parle Complete Collapse en général ? Quel est votre message sur ces nouvelles chansons ? J’ai remarqué que le thème de la santé mentale était abordé, les paroles ayant des significations plus profondes, et peuvent sembler plus sombres que la musique. Était-ce intentionnel ?
Oui, tout à fait, l’album aborde plusieurs thèmes. Personnellement, c’était une manière de m’améliorer dans un premier temps, sinon, je pense que mentalement, je me serai complètement effondré (rires). Ça relate donc bien de la santé mentale mais aussi de la société actuelle ainsi que du monde dans lequel nous vivons et tout ce qu’il s’est passé pendant la pandémie. Ça regroupe aussi d’une certaine manière tout ce qui fait que le monde s’effondre en l’observant avec un regard et une perspective extérieure, avec une prise de recul. C’est aussi une sorte d’introspection – si on le prend avec un point de vue personnel – de ce que je m’infligeais et de ce que le monde s’infligeait aussi.
Il y a de très bons featurings sur l’album, comme Spencer Chamberlain d’Underoath, dont tu as dit qu’il était une de vos inspirations. Il y a aussi Charlotte Sands. Peux-tu nous en dire plus sur eux ? Comment se sont passées ces collaborations ?
Nous avons lu une interview de Charlotte Sands qui disait comme quoi elle était fan de Sleeping With Sirens et je me suis rendu compte que je détenais une chanson qui collerai parfaitement avec sa voix. J’ai vraiment beaucoup aimé le titre en featuring avec The Maine et Taking Back Sunday, « Loved You a Little ». J’ai naturellement pensé qu’elle ferait un super boulot sur « Let You Down ». Nous avons un collaborateur artistique en commun, Nick qui est photographe, il nous a alors permis de nous rapprocher. Concernant Spencer Chamberlain, je suis fan d’Underoath depuis que je suis petit. Alors le simple fait de travailler avec lui a été vraiment une expérience géniale. Il a apporté au titre une énergie que je n’aurais pas pu obtenir tout seul. Ça s’est avéré être une collaboration super cool.
La pochette de l’album est une sorte de dichotomie brutale entre deux mondes. Comme si l’un d’eux était en plein déni de la réalité dans laquelle vivent les personnages. Cela fait-il référence à notre monde actuel ? Est-ce une prédiction de ce qui nous attend ? Que voulais-tu exprimer et raconter à travers cette œuvre ?
Je suis content que tu aies saisi ça. Je pense qu’il s’agit en quelque sorte d’un aperçu de la façon dont nous avons géré notre situation actuelle et tout ce qui s’est passé ces dernières années. Je pense que c’est ce que beaucoup d’entre nous ressentent : que nous pouvons simplement continuer d’ignorer. Pourtant, je pense que si nous continuons de tout ignorer et de faire semblant, tout finira par brûler au sens propre comme au sens figuré, ça éclatera. Donc oui, c’est un portrait plutôt dur et sombre mais j’estime que c’est pourtant cette même image et ce futur plus ou moins proche que nous devons examiner et prendre en considération sous peine qu’il soit trop tard.
Sleeping With Sirens existe en tant que groupe depuis presque quinze ans maintenant, et est plus fort que jamais malgré le départ de certains membres. Comment décrirais-tu l’évolution du groupe jusqu’à présent ? Avez-vous d’autres défis à relever et des territoires à conquérir ?
C’est une bonne question ! Notre groupe a trouvé sa voie à travers des erreurs, des tentatives, des expériences à l’image de nos deux derniers albums. Ils sont le meilleur exemple de ce que nous avons été et de ce que nous sommes devenus. Je pense que le défi et la partie passionnante et excitante qui nous incite à aller de l’avant sont simplement d’avancer sans abandonner complètement ce que nous avons déjà fait, explorer différents horizons. Par exemple, le fait que j’apprenne de jouer de la guitare, que les autres membres du groupe apprennent eux aussi d’autres instruments, ça a beaucoup joué et ça aura un impact de ce nous ferons à l’avenir.
Tu as réalisé un projet solo, fait tes débuts d’acteur dans Paradise City et animé une émission de télévision pour No Cover, tous deux produits par ton label Sumerian Records. Est-il important pour toi de se tenir occupé par un autre travail que celui du groupe ? Cela t’a-t-il donné l’opportunité d’évoluer, de grandir en tant qu’artiste et aussi en tant qu’individu ?
Apprendre à jouer, à être acteur, font partie de compétences d’un tout autre spectre que ce je fais en musique. Apprendre les spécificités de cette industrie et de ce monde, c’était génial. C’est assez stressant et angoissant dans un sens, surtout pour « Paradise City », de regarder d’autres acteurs exercer leur art alors que je pensais juste que le tournage serait similaire à shooter un clip… Pas du tout ! (rires) C’était très enrichissant de faire partie de cette aventure, de se mettre dans des situations inconfortables, j’ai beaucoup appris. Animer une émission TV est un exercice tout autre mais super fun. Être sur le même plateau qu’Alice Cooper, Gavin Rossdale et Lzzy Hale, être dans la même sphère qu’eux c’est tellement cool. Juste le fait de pouvoir voir et entendre de la musique jouée en live par des jeunes talents et groupes prometteurs, avoir le courage de monter sur scène. C’était très gratifiant à vivre. J’aime être occupé, mais j’apprécie aussi le fait d’avoir du temps pour moi et de rester chez moi !
Certains groupes légendaires de rock/emocore des années 2010 comme toi, Paramore, Pierce The Veil, Memphis May Fire reviennent. Est-ce que vous avez toujours l’impression de faire partie de cette scène après toutes ces années ?
Oui, ça reste toujours frais et nouveau pour nous, surtout après avoir passé autant de temps à la maison et plus de trois ans sans donner de concerts. C’est comme si c’était la première fois, que tu redeviens un groupe, il y a une nouvelle envie et un amour tout autre de faire de la musique.
Quel conseil donnerais-tu au jeune Kellin quand tu as commencé le groupe et ta carrière ?
Profiter de chaque moment chaque instant, ne pas se soucier du futur. Essayer d’être encré dans le présent, c’est le message que je souhaite faire passer, aussi bien aux autres qu’à moi. C’est le meilleur remède contre l’anxiété ! Ne pas avoir peur de ce qui arrivera par la suite, c’est le conseil que je me donnerais.
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