Si les Américains de Terror sont vite devenus l’un des acteurs majeurs sur la scène Hardcore mondiale ces dernières années, c’est certainement grâce à leurs nombreuses tournées et leur énergie live dégagée sur scène mais aussi une copieuse discographie (7 LP, 5 EP, 2 split EP, 5 live, etc.) en l’espace de seize ans, et surtout une attitude irréprochable envers son public à l’image de son frontman Scott Vogel. A l’occasion de la parution de leur dernier brûlot Total Retaliation, nous avons donc pris la température du chanteur de Terror du côté de L.A. en attendant leur venue dans la capitale cet automne… [Entretien avec Scott Vogel (chant) par Seigneur Fred – Photo : Lader]
Comment te sens-tu actuellement alors que vous avez beaucoup tourné cet été et notamment participé à de grands festivals européens comme le Hellfest en France ? En plus, vous aviez joué dernièrement à Paris en août dernier au Petit Bain, or vous êtes déjà de retour avec un nouvel album studio !! Tu n’es pas trop fatigué et jamais tu ne te reposes un peu chez toi à Los Angeles ? (sourires)
Ça va plutôt bien, nous tournons quand même moins que pendant les premiers jours de folie de Terror. A présent, le nouvel album est terminé, alors nous pouvons donc profiter d’un peu de calme, ce qui fait du bien, je te l’accorde !
Vous revenez d’ailleurs bientôt sur scène en décembre par chez nous (le 04/12/18 au Gibus de Paris). Pensez-vous avoir une relation privilégiée avec notre pays depuis vos débuts en fin de compte ? Qu’appréciez-vous tout spécialement en France ? Possédez-vous de bons contacts et avez-vous établi de bonnes relations amicales avec certains groupes français de la scène Hardcore ou Metal ?
Kickback est probablement mon groupe favori de Hardcore français. Et oui, nous sommes tous fans de votre pays ! Le festival Hellfest a toujours été quelque chose de génial pour nous, et en fait tous les clubs français dans lesquels nous avons joué ont été supers. De nombreuses formations intéressantes de Hardcore proviennent de France, et à vrai dire on s’y sent toujours comme à la maison…
J’aimerai revenir un instant si tu veux bien sur votre précédent album The 25th Hour sorti en 2015 (Century Media). Etait-ce un clin d’œil ou bien directement inspiré du film de Spike Lee avec l’acteur Edward Norton paru au cinéma en 2002 ?
J’adore en effet ce film. Il y a aussi une chanson du rappeur nommé Reks qui porte le même titre de chanson. Et dans les deux cas cela a joué dans le titre, mais bien sûr ça devient tout autre chose, comme une nouvelle bête, quand on met notre patte dessus et le reprend à notre sauce !
A présent, parle-moi de ce nouvel et déjà septième album de Terror : Total Retaliation. Quelles sont ces « représailles » évoquées dans ce nouveau titre d’album ? Des représailles envers qui ? Envers votre président américain adoré Donald J. Trump ? (rires)
J’aimerai tant que la plupart des gens ressentent la même chose que moi car on est nourri à longueur de temps de toutes ces conneries de politique. J’en ai marre de ce ramassis de conneries, marre de ces mensonges et croire que tout va aller mieux et que les choses s’améliorent alors que c’est faux. Ça me rend malade… Nous avons tous nos propres combats à mener et nos raisons de nous battre encore et encore mais je pense que la plupart d’entre nous sera d’accord pour dire que Trump est une blague à lui seul et qu’avec lui, les temps sont pires qu’avant.
Il y a une chanson intitulée « One More Enemy » sur Total Retaliation. Là encore, qui est ce nouvel ennemi de plus ?
Les paroles sont écrites pour que chacun puisse se les approprier et faire réfléchir, et se recentrer sur ses propres histoires. Trouver des moyens pour comprendre et croire dans les mots afin qu’elles servent d’inspiration pour grandir et changer, voilà le truc. « Un autre ennemi » est un message relativement clair mais j’espère que les gens en tireront davantage qu’un simple énoncé de valeur mis en façade…
Total Retaliation sonne très mature et plutôt diversifié en termes de compositions, avec toujours ce côté lourd, brut, et ce groove Punk/Hardcore. Comment définirais-tu ce nouveau disque selon toi, quelques mois après son enregistrement ?
C’est le disque de Terror le plus dur et le plus négatif que nous ayons jamais fait, je pense.
Qui est le producteur de Total Retaliation ? Avez-vous fait appel une nouvelle fois à Paul Miner comme sur The 25th Hour précédemment évoqué ? Ou au célèbre Zeuss (Hatebreed, Municipal Waste, Soulfly, etc.) peut-être ? Le son est à la fois très puissant et brut…
Il s’agit de Will Putney. C’était génial de bosser avec lui et nous sommes d’ailleurs reconnaissants pour ses idées impressionnantes qu’il a apportées durant l’enregistrement.
Comment avez-vous l’habitude de fonctionner dans Terror quand vous travaillez sur un nouvel album en général (composition, enregistrement…) et particulièrement sur ce Total Retaliation ?
On travaille tous ensemble en fait pour obtenir les chansons finales. Nick et Jordan arrivent d’abord avec la plupart des idées comme points de départ, puis nous travaillons les morceaux durement pendant un certain temps jusqu’à ce que l’on sente que ça ressorte et sonne comme du Terror. C’est un processus assez harmonieux et régulier en fait.
Preuve de la diversité sur Total Retaliation et de votre ouverture d’espirt, il y a un duo avec un rappeur sur la huitième chanson « Post Armageddon Interlude ». Il s’agit, me semble-t’il, de la seconde fois où vous invitez un chanteur de Hip-Hop sur vos disques. Alors, qui est cet invité sur ce nouvel album ? Êtes-vous fan de Hip-Hop dans le groupe ? Vous sentez-vous proche de cette scène ?
Il s’agit en fait du rappeur américain d’origine italienne Vinnie Paz du groupe Jedi Mind Tricks. C’est un chouette mec, et nous sommes heureux qu’il ait pu se consacrer à cette chanson avec nous sur le disque. J’adore le Hip-Hop, oui, et je ressens fortement son lien avec le Hardcore et toute la musique underground. Et oui, on avait déjà fait en effet un duo du même genre sur l’album Always The Hard Way en 2006 (Trustkill Records) avant cela.
C’est étrange car Terror vient de Los Angeles (Californie) et y a été fondé en 2002, mais vous avez toujours davantage sonné comme un groupe de Hardcore de la côte est américaine, comme si vous veniez de la scène de Hardcore de New York. Vous n’avez pas les influences mélodiques ou crossover d’un groupe de Punk/Hardcore Metal californien comme Suicidal Tendencies par exemple qui eux viennent de Venice. Comment expliques-tu ce côté NYHC issu de la côte est ?
Hé bien, je suis personnellement originaire de Buffalo (New York), donc je pense et suis même sûr que cela joue sur notre son et le style de Terror. Et de toute façon on aime tous le NYHC au sein du groupe. Mais on écoute aussi vraiment de nombreux autres genres de musiques, et on possède en nous tout un tas d’influences diverses et variées.
Après votre signature avec Century Media Records en 2008 à partir de l’album The Damned, The Shamed suivi du classique Keepers Of The Faith en 2010, considères-tu qu’il y a eu à ce moment-là comme un tournant dans votre carrière commercialement mais aussi artistiquement parlant ? Il y avait alors ce côté Thrash/Groovy dans votre son tout en restant Hardcore bien sûr, avec cependant une approche différente qui a rapidement établi Terror sur la scène Hardcore internationale ? Qu’en penses-tu à vrai dire ?
Je ne pense pas vraiment en ces termes au sujet du groupe. Je ne raisonne pas ainsi en fait. L’aspect artistique et le commerce sont juste des trucs dont je ne me sens pas vraiment concerné personnellement. Je suis simplement fier de tout ce que l’on a fait avec Terror, que ce soit les hauts comme les bas, et je me sens déjà bien chanceux et béni des dieux d’être écouté, de tourner et jouer live, et pouvoir faire notre musique. A vrai dire, nous n’avons pas vraiment de plan ou de projet. Tout marche ainsi et voilà tout.
Généralement, Scott, tu aimes faire participer le public dans le pit durant vos concerts. Depuis vos débuts scéniques, as-tu noté une évolution dans les comportements des gens en concert notamment dans le pit, comme un certain durcissement dirons-nous, avec l’arrivée de nouveaux phénomènes tels que le « violent dancing » ou le « crowd killing » très en vogues aux Etats-Unis par exemple ? Et que penses-tu de ces nouvelles tendances violentes sincèrement ?
Disons en résumé que si tu viens en concert avec l’intention de blesser volontairement quelqu’un, alors il vaudrait mieux que tu restes chez toi à la maison ! Ce n’est vraiment pas le délire de Terror.
Enfin, pour terminer cet entretien, que souhaiterais-tu ajouter à propos de ce nouvel album Total Retaliation et de la tournée à venir cet automne en Europe ?
Le disque est disponible dès à présent. Choppez-le et cognez-vous la tête contre un mur ! (sourires)
Publicité