THE ASCENDING : Le pouvoir du rock et de la poésie

Formée par six musiciens au déjà long parcours, cette nouvelle troupe nantaise a pour particularité d’avoir un chanteur, Eddy Kaiser, accompagné d’une voix féminine, Jessica Delot, qui assure également des parties de violons. Leur première galette éponyme propose un rock atmosphérique à tendance dark folk qui vous entraîne dans un univers personnel. Celui-ci baigne dans des ambiances celtiques où l’inclusion prime, le tout porté par des textes à la fois engagés et poétiques, socialement ancrés dans leur époque. [Entretien intégral avec Eddy Kaiser (chant/guitare) et Jessica Delot (chant/violon) par Pascal Beaumont – Photo : DR]

Vous allez donner votre premier concert en juillet prochain. Comment vous imaginez-vous sur scène ?
Jessica Delot : Nous n’avons pas encore joué. Le premier concert est prévu le 1er juillet 2023 dans le cadre du Frozen Fest au Ferrailleur à Nantes. J’imagine que l’on va proposer une expérience, un voyage à travers notre musique, nos inspirations personnelles très variées, autant pour le son que pour le côté esthétique et visuel. Je ne sais pas comment les gens appréhenderont un live de The Ascending. Ça va être une surprise pour tout le monde à vrai dire ! Pour nous en tant qu’artistes dans un premier temps car nous n’avons jamais joué ensemble sur scène (dans la formule complète de The Ascending), mais également pour le public car il y a vraiment des ambiances très différentes dans notre set actuel.
Eddy Kaiser : C’est donc encore tôt pour le décrire entièrement, mais ce que l’on peut déjà vous dire est que l’on a prévu d’emmener le public à travers de nombreuses émotions différentes. On veut un beau spectacle qui vous fera autant headbanguer, que pleurer ou danser.

Lorsque tu sors de scène, comment sais-tu si tu as donné un bon concert ?
Jessica Delot : Un bon show est un show où l’on a transmis quelque chose. Créer de l’émotion, c’est pour moi le plus important.
Eddy Kaiser : En tant que public, peu importe le style de musique, pour moi un bon show est un moment hors du temps, dans lequel j’oublie complètement qu’il y a du monde autour de moi et que j’ai mal aux pieds. J’aime également sentir que les artistes passent un bon moment sur scène. Peu m’importe qu’ils soient communicatifs ou pas, j’ai souvent plus tendance à m’immerger dans le set quand il n’y a pas trop de blabla…

Vous sortez votre premier album. Comment avez-vous abordé le processus de composition de cette toute première galette ?
Jessica Delot : Nous avons travaillé sur cet album d’une manière un peu inédite. La plupart des premières idées viennent d’Eddy qui nous a proposé une première base, que ce soit pour la composition musicale ou pour les textes. Nous avons ensuite, chacun notre tour, pris possession de ces titres et inventé nos propres arrangements. Tout ça s’est fait de manière extrêmement spontanée. Nous ne nous sommes donnés aucune limite dans la création, que ce soit pour les voix ou pour les instruments. C’est ce qui fait que ça fonctionne, je pense.

Il y a six titres sur cet opus. Lorsque vous composez, comment savez-vous à l’avance que le morceau sera digne d’être enregistré ?
Eddy Kaiser : Nous composons la musique que nous avons envie d’écouter, c’est un élément assez essentiel. Une fois le morceau enregistré, il faut que l’on puisse ressentir que l’alchimie fonctionne, que le morceau nous emmène quelque part. Je pense que pour l’instant, on s’en est bien sorti ! (rires) Il n’y a pas une chanson que j’aime moins qu’une autre sur cet album. Comme disait Jessica plus haut, on ne s’est donné aucune limite, on a tout fait au ressenti, c’est le plus important. Il faut qu’on se fasse plaisir.

Pendant toute cette période de créativité, avez-vous composé de nombreux titres ?
Jessica Delot : Nous n’avons pas écrit beaucoup plus de morceaux que ceux présents sur l’album. Je pense qu’on a dû mettre de côté deux idées de morceaux. Mais on a sûrement pris de l’avance, on pense déjà à la suite !

Vous avez choisi « The Ascending » comme premier single. Je suppose que ce morceau est très important à vos yeux, non ?
Jessica Delot : C’est un des titres les plus forts de l’album. En termes de son déjà, le morceau est très lourd, le violon y a aussi une belle place. Les voix se mélangent à merveille. C’était une bonne entrée en matière pour faire découvrir le groupe au démarrage. Cette esthétique à la fois très (post) rock et atmosphérique nous ressemble beaucoup. Le texte est très fort également et parle d’un sujet qui nous touche. Ce morceau est pour moi un hymne, le nôtre.
Eddy Kaiser : C’est également le tout premier morceau que l’on a enregistré ensemble, et qui a donné le nom à la formation par la suite, donc le choix était plutôt évident et symbolique. C’est vraiment une bonne synthèse de l’esprit musical du groupe.

Vous aviez envie de véhiculer quelle idée à travers ce morceau ?
Eddy Kaiser : C’est l’un de nos morceaux « mental health care ». (rires). On y aborde le fait de retrouver l’estime de soi en se séparant des personnes toxiques qui nous entourent. C’est un choix qui n’est pas toujours si évident, on a souvent tendance à garder dans notre entourage des personnes qui nous font du mal, ou apportent trop d’énergie négative. Parfois par habitude, parce qu’on les connaît depuis longtemps, ou simplement parce qu’ils font partie de l’environnement quotidien. Il faut apprendre à faire le tri, et s’entourer de gens qui ne sont pas néfastes pour notre santé mentale.

The Ascending est aussi le nom du combo. Qu’avez-vous envie de transmettre à travers ce choix de nom ?
Eddy Kaiser : L’idée de The Ascending vient de vouloir être une meilleure personne, d’essayer de grandir et de s’élever mentalement, sans pour autant s’écraser face à la haine. On ne devrait pas passer sa vie à chercher une place que l’on a déjà, du simple fait d’exister. On ne devrait pas avoir à s’excuser d’être différent de la norme imposée par une société qui cherche toujours à tirer la diversité vers le bas. On existe, on est là, on peut se rassembler et on essaye au maximum d’aller de l’avant.

L’environnement et la défense de la nature semblent importants pour vous. C’est quelque chose qui vous tient à cœur ?!
Eddy Kaiser : La nature est souvent représentée ici, mais de manière symbolique, oui. Nos textes sont généralement axés sur des sujets sociaux ou politiques, comme « The Ascending » qui évoque également les violences sexistes et sexuelles, et « Ouverture », qui parle de trouver ou prendre sa place dans une société plutôt lgbtphobe. L’idée sur « Waiting a storm » est venue après avoir voulu assister au concert d’Anna Von Hausswolff dans une église à Nantes et qui a été empêché et censuré par des catholiques intégristes. « Circles in the same sky » et « Herons » parlent respectivement de l’amour et de la mort. Ce sont les deux chansons les plus « poétiques » de l’album.

Pour le titre « Waiting a Storm » évoqué justement, vous avez proposé une lyrics vidéo. Quelle idée cherchez-vous à développer à travers ces dessins ?
Eddy Kaiser : C’est Alex (NDLR : Alex Costitch : guitare, claviers) qui l’a créé. Il est également tatoueur et son cerveau fourmille d’idées en permanence ! Il s’est posé en écoutant le morceau et a dessiné tout ça de façon très spontanée. Je pense qu’on y retrouve le côté parfois très sombre de notre musique, ainsi que l’amour qui nous lie tous les six. Ce qui rejoint également le thème de la chanson, car je parlais du concert d’Anna Von Hausswolf tout à l’heure, ça a été une expérience assez violente finalement, plus pour elle que pour nous, et sa réponse a été : « Love always wins ».

Au niveau de la composition musicale, d’où vient votre inspiration ?
Jessica Delot : Pour la composition musicale, au violon, je suis très inspirée par les sonorités uniques des musiques traditionnelles en général. J’aime l’idée de transformer ces sons pour les mêler aujourd’hui à des ambiances plus électriques. Il y a par exemple de l’accordéon diatonique sur un des titres de l’album. Ça me plaît qu’on ait réussi à l’intégrer. La notion de chaos est également très inspirante pour moi. Ça se traduit au violon par des sons dissonants que j’affectionne particulièrement et qui amènent de la tension dans nos morceaux.

Vous avez des textes très puissants. Lequel vous touche plus particulièrement ?
Jessica Delot : « Circles in the same sky » qui est un texte très poétique mais qui traduit un sentiment très lourd. Je pense que beaucoup de gens y trouveront du sens.
Eddy Kaiser : « The Ascending », pour ma part. L’écrire a été très cathartique.

Sur cet opus, quelle atmosphère aviez-vous envie de proposer aux auditeurs ?
Eddy Kaiser : On voulait quelque chose d’authentique et touchant, une musique qui t’accompagne et t’encourage. On a voulu retrouver ce côté un peu 90’s des chansons que l’on a écouté toute notre vie, avec des refrains accrocheurs, des mélodies qui te restent en tête, un format de chanson qui prend son temps, tout en gardant une certaine humilité. On déteste tout le côté prétentieux qui se retrouve assez souvent dans la musique en général, et on voulait que ça se ressente à l’écoute de l’album.

Votre nouveau single est « Oblivion ». C’était une évidence pour vous de le proposer ensuite en single ?
Eddy Kaiser : Après la sortie du premier morceau, les singles que l’on a proposés ensuite étaient assez différents, l’un était dans une veine très rock indus, avec un petit côté Nine Inch Nails, l’autre était plutôt folk, on avait donc envie de retrouver quelque chose de plus post-rock, lent et nerveux, avec une belle place pour le violon. « Oblivion » est assez proche de « The Ascending » et relativement court par rapport aux autres morceaux, c’était donc un choix assez évident pour un single.

Vous y abordez des thèmes qui sont très forts émotionnellement et pas évidents à traiter !
Eddy Kaiser : « Oblivion » est une chanson qui parle de maladies dégénératives, telles qu’Alzheimer ou Parkinson. J’ai perdu mon père il y a un an, il était atteint de la maladie de Parkinson justement, et perdait la mémoire depuis de longues années, au point de ne plus reconnaître ses propres enfants. La maladie faisait ressortir tous les côtés négatifs de sa personnalité, c’était très difficile à vivre, surtout pour ma mère. Quand Jessica a composé la mélodie de violon du morceau, j’ai tout de suite su que je voulais écrire là-dessus. Ce n’est pas forcément un thème très populaire dans la musique. Spiritbox a écrit une magnifique chanson qui parle de cela également ( « Constance » ), et j’avais vraiment besoin de le faire aussi.

C’est votre première expérience studio avec cette nouvelle formation. Comment avez-vous vécu ces sessions de studio ?
Jessica Delot : On a travaillé avec Dimitri Dupire dans son studio entre Rennes et Nantes, La Double-Boîte. C’est quelqu’un qui a une vraie vision de la musique et des idées. Nous y sommes passés chacun notre tour, parfois sans trop savoir ce qu’avait produit le précédent. Personnellement, je n’ai que peu préparé les titres avant d’entrer en studio. J’aime bien l’idée d’être libre quand on enregistre, de ne pas se donner de limites. On a créé pas mal d’arrangements en direct, on a essayé plein de choses. On avait le temps et tout s’est fait dans le calme et le respect. C’était un des enregistrements les plus agréables que j’ai pu vivre jusqu’à aujourd’hui.
Eddy Kaiser : Sincèrement, tout s’est passé de façon très fluide, on s’est juste laissé porter, à tel point qu’on a vraiment hâte de retourner en studio. Je pense que le plus grand défi a été pour Dimitri, car le mixage de six chansons qui contiennent de grosses guitares, plusieurs pistes de violon, trois chants, et qui naviguent entre la folk, le post rock et le punk hardcore, en passant par l’indus, tout en gardant de la cohérence entre elles, a dû être un sacré challenge ! Dimitri s’en est sorti haut la main, c’est un vrai magicien.

Et en tant que musiciens, vous êtes-vous fixés des défis personnels à relever ?
Jessica Delot : J’avais envie de sortir de ma zone de confort pour cet opus. Encore une fois, grâce à la bienveillance de toute l’équipe, j’ai osé proposer des choses très différentes de ce que je peux faire habituellement, que ce soit au violon ou encore au chant.
Eddy Kaiser : J’ai essayé d’avoir un chant plus varié que dans mes albums en solo, mais le véritable défi pour moi était à la guitare. Je joue généralement de la folk pour m’accompagner au chant alors que pour « The Ascending » je dois parfois faire de la guitare lead, ce qui n’est vraiment pas dans mes habitudes ! Mais je suis bien entouré et je me sens vraiment en confiance avec les membres du groupe, ce qui apporte un vrai lâcher-prise.

L’album a donc été mixé et masterisé par Dimitri Dupire du studio La Double Boîte. Qu’attendiez-vous de lui au juste ?
Eddy Kaiser : Avec Dimitri, c’était vraiment une rencontre humaine avant tout. On est tous tombés amoureux de sa personne, de son humilité et de son écoute. De sa famille également. On écoute énormément de groupes en commun, et d’une certaine façon, on savait où ça allait aller, mais il nous a quand-même bluffés. Il y a une grosse part de Dimitri dans cet album, il lui ressemble autant qu’à nous.

Pour ce premier opus, aviez-vous une idée du son que vous vouliez développer en arrivant en studio ?
Eddy Kaiser : On voulait quelque-chose d’assez aérien, solide et lourd à la fois. On n’est pas spécifiquement un groupe de metal, ni de folk, mais on souhaitait vraiment pouvoir ressentir les influences de tout ça, comme si Brutus et Nine Inch Nails jouaient avec les Dubliners ! (rires)

La pochette de l’album est très belle. Elle est signée Corentin Schieb. Quel message souhaitiez-transmettre à travers celle-ci ?
Eddy Kaiser : On travaille uniquement avec des personnes dont on admire le travail. On est tous des fans au sein du groupe de ce que fait Corentin. Sa vision et son travail sur la double-exposition sont incroyables. On voulait s’écarter des clichés metal, s’éloigner de tout côté masculinité aussi, d’où l’envie de créer un visuel délicat et floral. Eileen Wisteria (qui est modèle sur l’artwork) apporte beaucoup de douceur et de charisme aux photos et nous avons également fait appel à une costumière (La Malle de Delphine). C’est un produit 100 % nantais !

Vous avez également sorti une vidéo live de « Circles in the same sky ». C’était important de présenter aussi le combo sur scène ?
Eddy Kaiser :C’est bien ça. On est sorti un peu de nulle part avec le premier single, et un clip assez contemplatif et mystérieux, dont on est très fiers. Il a été réalisé par Maureen Piercy. On est encore un bébé groupe, donc il fallait qu’on se montre nous-mêmes aux yeux du public, qu’il puisse voir ce que ça donne en live. Et puisque nous aimerions tourner un maximum et que nous sommes toujours en recherche d’un booker, il faut également que l’on montre de quoi nous sommes capables sur scène, et Maureen a encore une fois effectué un travail superbe sur cette session live.

The Ascending est une formation récente comme vous l’avez dit. Mais au fait, comment a débuté votre histoire ?
Jessica Delot : J’ai rencontré Eddy peu de temps après être arrivée à Nantes (en 2018, je crois ?). Il m’avait contactée par mail pour une collaboration. J’ai tout de suite adhéré à son univers via ses albums solo. On a commencé à jouer ensemble peu de temps après. J’ai rencontré Clair par la suite. Dans la même idée, on a fait quelques morceaux à trois. Des reprises folk-pop réarrangées, des choses différentes et qu’on n’a pas l’occasion de jouer dans nos projets respectifs. Tout ça a très vite collé, et c’est toujours un plaisir de jouer ensemble. Quant à Alex, Max et Tom, je les ai rencontrés un peu plus tard. The Ascending étant vraiment le projet qui nous a tous réunis.

Qu’est ce qui a motivé votre envie de passer d’une envie de jouer ensemble à la création de The Ascending ?
Eddy Kaiser : A l’origine, il était juste question d’enregistrer les chansons « The Ascending » et « Circles in the same skt » pour mon projet solo avec Jessica. Puis l’idée est venue d’agrémenter les guitare/violon/voix avec d’autres musiciens. On a donc tout de suite pensé à Maxime pour la basse, avec qui j’avais déjà joué par le passé. On a recherché quelqu’un pour la batterie via les réseaux sociaux et Thomas a été le premier à répondre. Il nous a envoyé des démos géniales le soir-même ! J’avais déjà collaboré avec Clair dans Stinky pour leur dernier album et je lui ai proposé de venir chanter sur « The Ascending », en guise de guest, quant à Alex, on se connaissait depuis peu et on venait de se faire quelques sessions musicales tous les deux, le courant est passé super vite. Pendant l’enregistrement des morceaux, on s’est rendu compte qu’il se passait vraiment quelque-chose et nous nous sommes dit : « Bon, pourquoi on ne monterait pas plutôt un groupe ? ». Tout le monde était partant, et on a directement commencé à travailler sur les autres morceaux en studio.

Votre style musical fait appel à de nombreuses influences, comment le décririez-vous ?
Jessica Delot : C’est difficile et souvent réducteur de se définir en un seul style musical. Je crois que pour nous ça l’est encore plus que d’habitude. Je dirais un mélange de post-rock et de dark-folk avec des élans indus par moment et on ne se fermera aucune porte pour l’avenir !

Quel est votre état d’esprit avant la sortie de ce premier album ?
Jessica Delot : Fier ! Et je suis super pressée de vous montrer le résultat !

Jessica, tu as déjà travaillé avec Alan Stivell, Kervegans. Que t’ont ces diverses collaborations ?
Jessica Delot :J’ai collaboré avec pas mal d’artistes depuis que je fais ce métier. Je pense avoir appris la patience, l’important de rester régulière dans ce métier. Ma dernière expérience avec Alan Stivell m’a clairement rattachée à mes racines bretonnes et celtiques en général. J’ai aussi vu à quel point Alan avait pris des risques musicalement depuis les années 70 en mélangeant les styles et en remettant finalement au goût du jour des airs oubliés depuis longtemps. C’est un véritable exemple pour moi. Je suis fascinée par sa carrière et j’espère comme lui être encore sur scène dans une quarantaine d’années…

Comment s’est passé votre jeunesse, et quels souvenirs gardez-vous de vos premières années, l’adolescence, l’école, les amis et la famille ?
Jessica Delot :J’ai passé une enfance calme. Une adolescence plus révoltée. J’ai peu de souvenirs de l’école en général. J’ai la sensation d’avoir survolé cette période. Ma famille m’a toujours beaucoup soutenue, ma mère surtout. C’est grâce à elle que je me suis mise au violon. J’ai (presque) toujours eu des métiers passions, avant d’être violoniste pro, j’étais monitrice d’équitation. Ma famille m’a toujours encouragée dans ce sens. J’ai eu beaucoup de chance.
Eddy Kaiser : De mon côté l’enfance était très calme aussi, j’ai vécu mes toutes premières années en Allemagne, dans une école française, toute cette période était assez douce, puis on est rentré en France un peu avant mon adolescence. C’est là que j’ai vraiment commencé à me sentir comme un outsider, l’hypersensibilité et les anxiétés sociales n’aidant pas. Ça a toujours été très difficile de trouver ma place, c’est pourquoi j’écris beaucoup sur ce sujet. Au collège/lycée on nous poussait à trouver une voie professionnelle, mais ça ne m’a jamais convenu, je me suis toujours senti comme un extraterrestre par rapport à tout ça. Ma famille m’a toujours soutenue dans ma volonté de faire de la musique cependant.

Quelles ont été vos premières découvertes musicales, vos premières influences et idoles ?
Jessica Delot : J’ai écouté les Spice Girls et Sheryl Crow, et puis assez vite je suis passée Nirvana, Guns and Roses, SIlverchair, Nine Inch Nails, Marilyn Manson.
Eddy Kaiser : Ma première idole a été Bruce Springsteen, je le voyais comme un grand-frère. Je l’écoute toujours beaucoup. J’étais ado dans les années 90 et j’ai arrêté d’écouter de l’euro-dance quand j’ai découvert Iron Maiden avec l’album Seventh son of a Seventh Son, ça a été la claque, la musique que j’attendais depuis toujours. Puis l’album qui a changé ma vie peu de temps après, c’était White light, white heat, white trash, de Social Distortion.

A quel âge avez-vous commencé à apprendre à jouer d’un instrument, puis écrit vos premières chansons ?
Jessica Delot : J’ai commencé le violon à cinq ou six ans. Pour le chant, c’est venu beaucoup plus tard. J’ai commencé à chanter dans un groupe à l’âge de dix-huit/dix-neuf ans. C’était un duo celtique/médiéval du nom d’Emerald. Je pensais faire quelques chœurs, je me suis retrouvée à faire du chant a cappella toute seule quand le guitariste cassait une corde. Ça m’a vite mise dans le bain… (sourires)
Eddy Kaiser : J’ai eu ma première guitare quand j’avais neuf ans, une guitare classique. J’ai commencé à écrire et enregistré mes premières chansons quand j’avais quinze ans. J’ai même encore mes cassettes, je ne les ai pas écoutées depuis, ça doit être quelque-chose, ha ha ! (rires)

Vous souvenez-vous de vos premières créations ?
Jessica Delot : J’écrivais beaucoup de textes à l’adolescence mais je composais peu. Je viens de la culture classique, j’ai été au conservatoire. Même si ce fut une formation extraordinaire qui me permet d’être super à l’aise au violon aujourd’hui, je dois dire que j’ai mis pas mal de temps à sortir mon nez des partitions. J’étais presque incapable de jouer sans en avoir une sous les yeux. Je n’ai donc commencé à composer que beaucoup plus tard.

Et vous souvenez-vous de votre premier concert ?
Jessica Delot : C’était dans le Morbihan à Quéven avec un groupe de pop-rock dont j’ai oublié le nom (ça remonte un peu…).
Eddy Kaiser : C’était à Limoges, dans un bar qui a fermé depuis, le Teddy Beer. C’était pour mon projet solo et j’étais accompagné de mon meilleur ami, c’est encore un super souvenir.

Pour conclure, que diriez-vous à quelqu’un qui ne vous connaît pas pour présenter le groupe et ce premier opus ?
Jessica Delot : Si vous êtes curieux(se), sensible et que vous aimez les belles choses, alors cet album est fait pour vous !
Eddy Kaiser : Pas mieux que Jessica ! Dans tous les cas, on espère qu’il vous plaira.


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