TO KILL ACHILLES : Soigner les maux par les mots

Les Ecossais de To Kill Achilles, toujours sur le label Arising Empire, récidivent et confirment leur statut avec un troisième album bien parti pour faire date sur la scène emo et post-hardcore. Avec Recovery, le bande de Dundee n’a en effet plus grand-chose à envier aux leaders du genre… [Entretien avec Mark Tindal (chant) par Norman Garcia – Photos : DR]

Après le succès de Something to Remember Me By, avez-vous ressenti une certaine pression au moment de réaliser votre troisième album, qui représente souvent une étape cruciale dans la carrière d’un groupe ?
Je suppose qu’on pourrait à la fois qualifier ce relatif succès de chanceux et de malchanceux, mais je pense que nous aurions eu plus de pression si nous n’avions pas publié Something to Remember Me By au début de la pandémie. On en a tous marre de parler de cette foutue crise, mais à cause de ça on n’a jamais vraiment pu défendre ce disque en tournée, et se retrouver au ralenti pendant genre deux ans nous a laissé beaucoup de temps pour écrire le nouvel album. Pendant les étapes d’enregistrement, on était donc emballé à l’idée de se dire qu’on était en train d’écrire LE disque, celui sur lequel les gens pourraient s’identifier, c’est presque comme si on avait l’impression que STRMB n’avait pas eu sa journée entière au soleil alors que Recovery, lui, l’aura.

Dans ce nouvel album nommé Recovery, abordez-vous les mêmes thèmes que dans STRMB (la dépression, la solitude) ? Quoiqu’il en soit, vous continuez à explorer les sentiments humains et les expériences de la vie de tous les jours on dirait ?
Dans une certaine mesure oui, mais avec encore plus de profondeur. Recovery traite d’actions et d’évènements bien précis. Nous parlons de comment se débarrasser des antidépresseurs, du jour des funérailles de mon meilleur ami, de la lutte contre l’alcoolisme, de la façon dont nous changeons au bout de quinze ans d’existence. La dépression et la solitude en font effectivement partie, car nous devons parfois malheureusement vivre avec cela, mais ce disque parle aussi du cheminement vers des jours meilleurs, les récents évènement nous ont forcés à réaliser qu’il est vraiment temps d’aller mieux !

Kieran (Ndlr : le batteur), avec ton aide, s’est chargé de l’enregistrement du précédent album. Est-ce encore le cas cette fois ?
Oui, c’est vrai et c’est encore le cas pour celui-ci. Nous nous sentons si proches de la musique, elle représente tout pour nous et impliquer d’autres personnes reviendrait à diluer toute l’honnêteté qu’il y a sur ce disque. Je ne sais pas si quelqu’un pourrait faire un meilleur travail, mais avoir le plein contrôle sur tout, depuis l’idée de base jusqu’àu mastering, nous permet de nous rassurer et d’être à 100% ce que nous faisons.

Sur le site du label Arising Empire Records, vous êtes présentés comme un quintette, alors qu’on ne vous voit seulement à quatre dans vos vidéos, comme sur le single « Chemical Counterpart ». Qui est donc ce cinquième membre ?
Notre cinquième membre était en fait Marc Sharp qui jouait de la guitare, il participait toujours à nos clips, notre promotion, et tout ça. Récemment Sharpie a eu des jumeaux et sa priorité est d’être avec sa famille. Il est toujours derrière la caméra et sera probablement encore avec nous en concert, même si pour le moment il vient de remplacer sa guitare et sa caméra par des sièges auto, ha ha ! (rires)

Comment analyses-tu le parcours du groupe depuis sa création en 2010  ?
Au fond, ce n’est qu’un groupe d’amis qui font la musique qu’ils veulent écouter. Les choses ont changé en cours de route. Je pense que mon moi à l’âge de dix huit ans dirait que nous sommes plus assez brutaux. Mais on a toujours fait la musique qu’on voulait écouter et c’est toujours le cas, un groupe de meilleurs potes jouant des concerts et se saoulant ensemble. C’est donc un rêve !

Si tu devais choisir une seule chanson de votre répertoire pour présenter To Kill Achilles, ce serait laquelle et pourquoi ?
Ce serait « Venom » (Ndlr : titre paru sur Something to Remember Me By). C’est le premier morceau sur lequel Kieran a participé à l’écriture, son implication a changé la direction du groupe, c’était aussi le premier morceau sur lequel j’ai eu le plein contrôle, il a d’une certaine façon influencé l’histoire du groupe. « Venom » est en fait la première chanson que nous avons écrite pour Something to Remember Me By. Elle est donc l’essence même de ce disque. Recovery fait, quant à lui, un pas vers une influence plus punk et encore une fois le son a évolué, mais si la question était de savoir comment on sonne de manière générale, « Venom » reste la bonne réponse.

D’un point de vue artistique, penses-tu qu’il y a un avant et un après Covid ?
Ce que j’ai remarqué de plus notable est que beaucoup d’artistes ont pris l’habitude d’enregistrer eux-mêmes, avec des logiciels libres comme GarageBand ou Reaper, ce qui donne aux artistes un temps illimité pour faire les choses à leur façon, sans le stress que cela leur coûte 25£ par heure ! Cela a conduit à produire des musiques plus personnelles et réfléchies à mon sens.

To Kill Achilles est souvent comparé à Being As An Ocean, est-ce que cela te surprend ?
Ha ha ! (rires) Tu as raison, c’est l’un des deux groupes auxquels nous sommes constamment comparés. Being As An Ocean est tout simplement génial, et je pense qu’il nous ont effectivement influencés, en particulier avec How We Both Wondrously Perish qui est notre disque préféré. Nous devons aussi beaucoup à La Dispute, les écouter est vraiment bénéfique pour nous et même si au final on ne fait pas la même chose qu’eux, il semblerait que nous ayons un son assez similaire, à vous de vérifier… Ah ah ! (rires)

Sans trop en révéler sur les surprises qu’il contient, le titre « Recovery », qui est donc aussi le nom de votre album, est placé en toute fin. Peux-tu nous expliquer ce choix ?
En fait, sur certains disques la chanson-titre est censée être la meilleure, mais pour nous, cette chanson doit pouvoir résumer l’album, ce n’est pas un single, un titre qui est là pour être écouté à répétition. Il doit pouvoir raconter l’histoire de l’album à lui seul et on l’a donc placé là pour clore l’album. C’est la fin de l’histoire, mais aussi toute l’histoire du disque, en espérant que ça ait du sens pour les gens.

Le site web d’Arising Empire ne mentionne qu’une seule date de concert, le 16 septembre 2023 à Glasgow. Aurons-nous la chance de vous voir en France ?
Nous sommes en fait à la recherche de dates européennes pour cette année. Tu sais, l’Europe continentale est notre endroit préféré et quand l’occasion se présentera, nous serons de retour !

Publicité

Publicité