Alors que notre cher Président rendait dernièrement visite à nos voisins d’outre-Rhin, dommage qu’il n’ait pas été accueilli comme il se doit, non pas en Saxe, mais du côté de la Rhénanie du Nord-Westphalie par le combo teuton de Tsatthoggua, c’est-à-dire façon cuir et clous sous fond de black metal sauvage et de bière ! Eh oui, les clichés ont la dent dure, et tout spécialement chez Tsatthoggua, que voulez-vous ! Dans le même temps, celui-ci nous revient en pleine forme olympique avec son seulement troisième brûlot, We Are God. Ok, cette horde sauvage pas vraiment catholique, ni adepte du politiquement correct, mais plutôt du bandage, avait fait un long break entre 2000 et 2019. Ils sont pardonnés depuis car ils ressuscité des limbes de l’underground, tel Lazar revenant d’entre les morts, en 2020 avec la compilation plutôt réussie Hallelujah Messiah qui contenait leur toute première démo remise au goût du jour (complètement réenregistrée) ainsi que deux classiques de leur second album culte, Trans Cunt Whip (1998). Aujourd’hui, toujours vêtus de noir, de latex et d’acier, les suppôts du diable continuent de prêcher des paroles toujours plus obscènes… En parfait exemple, la chanson « Master Morality » ouvre les hostilités avec du bon black death metal bien lourd et crasseux, quoique parfois un poil trop lisse. Ce premier titre laisse quelque peu sur sa faim et manque cruellement d’une pointe d’originalité musicale. Aïe, ça démarre donc plutôt mal. Toutefois, « Vorwärts Vernichter » corrige rapidement le tir avec un son plus brut et sale. Enfin tout est relatif. Attention, ici ça mitraille à tout va comme dans les tranchées ukrainiennes, aucune pitié ! Et là aucune perversion ou mauvais tout comme une attaque nocturne soudaine par un drone russe. La perversion réside ici dans les paroles, car sinon tout est frontal, immédiate, dans la luxure et la douleur à la Seven…
Pourtant il y a de l’amour quand même. Tenez, prenez le morceau « True Black Love » que l’on retrouve plus loin au milieu de l’album, avec cette ambiance particulière. La production trop propre et polie de la majorité des titres (« Master Morality », « I Drive My Dogs (To Thule) » aux faux-airs de God Dethroned par son excellent riff dissonant et ses quelques claviers, « The Doom-Scrawl Of Taran-Ish », « We Are God ») peut cependant provoquer parfois une certaine frustration de l’auditeur. Il est bien rare de reprocher son sérieux à un groupe qui n’a rien perdu de son énergie pour autant ! Les nostalgiques et amateurs de leurs (ex ou actuels) confrères de label que sont les légendes Marduk et Impaled Nazarene seront certainement comblés néanmoins ici car on retrouve cette même bestialité en termes de black metal. Pour les plus assoiffés d’entre vous, qui ne sont guère satisfaits par exemple du dernier Darkthrone, définitivement trop mou, ils trouveront dans We Are God toute la violence qui s’est perdue chez certains leaders du genre. Et puis tous ceux qui en ont marre de la multitude de nouvelles formations black metal mélodique ou post black machin chose, des titres comme « No Paradise For Human Sheep » ou encore « Gloria Extasia » ou encore « Pechmarie » calmeront leurs ardeurs. En définitif, We Are God est plutôt un apéritif vite avalé plutôt qu’un véritable digestif qui s’apprécie avec lenteur. [Louise Guillon & Seigneur Fred]
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