On n’y croyait plus et pourtant Andreas Hedlund alias « Vintersorg » l’a fait ? Quoi donc, vous demandez-vous ? Hé bien tout simplement offrir à ses fans une suite au fabuleux premier album Till Fjälls paru il y a dix-neuf ans… De plus, après avoir enchaîné trois albums corrects (mais pas non plus transcendants) entre 2011 et 2014 avec Jordpuls, Orkal, puis Naturbål, nous avons droit cet été à non pas à un, mais deux disques pour ce véritable retour aux origines qui fait plaisir à voir et surtout à entendre. Le chanteur et multi-instrumentiste a donc délaissé un temps le micro de son principal groupe actuel Borknagar pour se replonger dans son bébé à lui, car M. Vintersorg avait déjà, rappelons-le, une vie artistique riche en side-projects (Otyg, etc.) avant d’intégrer les rangs des Norvégiens. Si le premier morceau « Jökelväktaren », plutôt basique, démarre sur les chapeaux de roue avec malheureusement cette boîte à rythmes programmée (Vintersorg ne s’embête plus avec un batteur en studio depuis la fin de collaboration avec l’excellent Asgeir Mickelson en 2004 sur The Focusing Blur), la voix claire et vite reconnaissable d’Andreas Hedlund rassure, agrémentée de growls Black efficaces. Le break central aux majestueuses (et non pompeuses) orchestrations symphoniques nous plonge davantage dans l’univers nordique et sa nature (le titre de l’album signifiant « les montagnes » en suédois) qui ont toujours constitué l’essence thématique centrale de Vintersorg, simple one man band à ses débuts, devenu par la suite duo, et désormais trio ici en la présence de Simon Lundström (basse) et de Mattias Marklund, le guitariste accompagnant ici son camarade d’Otyg depuis déjà quelques années. Peu à peu, la magie du Folklore scandinave opère de nouveau, notamment sur la magnifique intro de « Lavin », chanson qui évolue rapidement vers un Black Metal féroce agrémenté d’un solo plus typé Heavy Metal gorgé de feeling avant de finir dans un Black plus atmosphérique. Les notes de piano de « Fjällets Mäktiga Mur » laissent vite la place là aussi à un Black virulent mais toujours épique et atmosphérique. Peut-être que l’ultime « Vårflod », sur laquelle la chanteuse Cia Hedmark réapparaît (présente sur le tout premier album), surprendra certains fans par son léger côté Pop, heureusement ce clin d’œil artistique, quelque peu empli de nostalgie, ne nuit pas à la tonalité de l’album. En effet, tels des joyaux de la couronne suédoise, les neuf chansons très rythmées de cette ode à la nature scandinave captivent, charment et séduiront sans aucun doute tous les amateurs de Pagan Metal contemporain et sophistiqué. Quant au second disque, nous retrouvons là de vielles bandes réenregistrées pour l’occasion datant de la période de transition Vargatron (1994-96)/Vintersorg (1996). Il s’agit en fin de compte de l’EP Tillbaka Till Källorna (Back To The Sources) totalement inédit. Même si nous sommes en 2017, on se dit que l’ensemble de cette suite s’intègre parfaitement dans la riche discographie de Vintersorg, entre son aîné Till Fjälls (1998) et l’incontournable Ödemarkens Son (1999), même presque vingt ans après. Vintersorg a véritablement marqué l’aube des années 2000 sur la scène Black/Folk Metal scandinave, et s’il n’avait pas exploré des contrées plus progressives par la suite et si peu tourné, trop occupé parmi tous ses side-projects et diverses collaborations, peut-être que son leader aurait connu plus de succès avec son propre groupe. Mais l’artiste a toujours préféré écouter son cœur de Viking que les conseils de son banquier. D’ailleurs à quand un nouvel album d’Otyg à présent ?
[Seigneur Fred]
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