WITCHORIOUS : Witchorious

Witchorious - WITCHORIOUS
WITCHORIOUS
Witchorious
Heavy/doom metal
Argonauta Records

Eh non, il n’y a pas que Mickey dans le 77 ! Il y a aussi Witchorious et son doom metal made in France, made in Chelles plus précisément ! Sauf qu’ici, c’est plutôt 66(6) et ambiance sorcellerie en veux-tu, en voilà ! Avec un tel patronyme (Witchorious) et des titres de chansons convenus (« The Witch », « Blood », « Eternal Night », « Sanctuaire », « To The Grave »), il aurait été difficile de faire autrement, et de toute façon le propos est ici totalement de circonstance. Remarqué par un premier EP éponyme en 2020, voici à présent le premier long effort, éponyme également, du jeune trio francilien composé d’Antoine (guitare/chant), Lucie (basse & chœurs), et Paul (batterie). Ils ont pris le temps de peaufiner ça durant les années de crise sanitaire dans leur chaudron magique en puisant dans les influences heavy & doom de papa : Black Sabbath, Pentagram, Saint Vitus sans le côté suicidaire toutefois. On trouve également chez Witchorious des influences beaucoup plus contemporaines comme Electric Wizard avec ce côté fuzzy, ou les premiers Mars Red Sky, en plus énervé cependant (« Watch Me Die »), voire même une petite touche à la Mastodon quand ça envoie bien (« Monster ») !

Dans les riffs globalement très inspirés, on peut même y déceler une once de black metal quand l’atmosphère devient de plus en plus sombre et oppressante (« The Witch »). Mais c’est pas tout, le trio ne s’interdit pas d’explorer déjà les frontières du stoner et doom occulte, comme sur « Eternal Night » où la transe n’est pas loin entre le principal riff de guitare carrément hypnotique, l’utilisation du thérémine sur les passages les plus intenses, et la voix féminine de Lucie Gaget qui fait alors son apparition. Le guitariste demeure cependant le chanteur principal tout au long du disque. Côté vocal justement, celui-ci est plutôt énergique pour du doom, et fait parfois penser sur ses parties les plus rageuses, au timbre de l’artiste britannique Ben Hollyer (ancien chanteur de Sylosis et surtout des regrettés October File). Mais Antoine sait aussi calmer le jeu et devenir plus mélodieux dans ses phrasés, en alternant harsh et clean vocals, appuyés alors par la douce voix de la bassiste, sans trop en faire ni sonner mielleux. Le tout est savamment dosé, et on se dit que le groupe français en a déjà sous la pédale de wah wah, car leurs dix compos tiennent parfaitement la route.

En plus, Francis Caste a su insufflé en studio (le fameux Studio Sainte-Marthe à Paris Xème arrondissement) cette puissance organique, si caractéristique chez le producteur français (Svart Crown, Regarde Les Hommes Tomber, Phazm, The Arrs, Mur, Klone, ou dernièrement Merrimack et Necrowretch…), notamment dans les guitares électriques et la batterie, tout en gardant l’âme de Witchorious (le terrible et sinueux « Sanctuaire »). Alors vous pouvez y aller les yeux fermés, et les esgourdes bien ouvertes, pour écouter Witchorious si vous aimez l’authentique et les circuits courts, y compris en musique, car franchement, cette première galette au long format de nos trois Français n’a pas à rougir face à la grosse concurrence internationale. Elle nous a fait bien plus frissonner que le dernier Lucifer V, trop formaté. Reste à voir maintenant en live ce que ça donne pour pleinement apprécier leur répertoire. [Seigneur Fred]

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