BIRDS IN ROW : Libres comme l’air (exclu RIIP FEST 2024 !)

Alors que l’insaisissable trio français ne cesse de tourner en France et à l’étranger depuis la sortie de son dernier opus studio Gris Klein (Red Creek-2022), nous avons enfin réussi à intercepter Birds In Row au festival Riip Fest début juillet en Touraine après une annulation volontaire de leur part au Hellfest l’an dernier, suivie de notre rapide entrevue au Motocultor. Retour sur cette annulation plutôt osée (et remarquée) ainsi que sur leur actualité 2024 avec son chanteur/guitariste qui nous a volontiers répondu sans détour en coulisse avant un concert captivant (lire notre live report ici) comme à l’accoutumée car ces oiseaux ne font jamais semblant. [Entretien réalisé avec Bart alias « B » (guitare/chant) au festival RIIP FEST le 06/07/2024 par Seigneur Fred – Photos : Seigneur Fred]

Bart alias « B » (guitare/chant) de BIRDS IN ROW

Birds in Row existe depuis 2009 et vous êtes originaires de Laval, c’est bien ça ?
Oui, à la base on s’est créé à Laval, mais notre batteur est de Nantes.

L’an dernier à Bonchamp-les-Laval, on avait pu voir à La Fabrique nos amis suisses de Nostromo, les excellents Anglais de Conjurer et les locaux de The Dischord qui nous avaient bien plu donnant dans un hardcore/metal groovy bien sympa. Vous vous connaissez, je présume, au sein de la scène punk/hardcore et metal lavalloise ?
The Dischord ? Oui, bien sûr. Ce sont de très vieux potes, on les connait bien… (sourires)

Toujours en 2023, petit point d’éclaircissement à présent sur votre annulation au festival Hellfest alors que vous aviez maintenu ensuite votre participation au Motocultor où l’on s’était croisé. Peut-on revenir sur les raisons de votre défection s’il-te-plaît afin de mieux comprendre ce qu’il s’est passé ? Peut-être aviez-vous une assurance annulation comme en voyage (sourires), mais a priori le motif était lié au non positionnement du festival sur l’affaire d’agression sexuelle d’une stagiaire au Hellfest, c’est ça ?
Non, c’est un peu plus compliqué que ça et plus global… En fait, cette histoire de la stagiaire fut un peu la goutte d’eau qui fit déborder le vase si je puis dire. Mais ça fait des années que les gens disent qu’il y a des choses à faire, à améliorer sur différents points et notamment sur ça, le respect des gens, des discriminations, de harcèlement, d’égalité, d’écoute, mais pas qu’au Hellfest d’ailleurs, dans les autres festivals aussi en fait.

Il y avait aussi la polémique sur les agressions à la seringue, les tentatives de viols, etc.
Oui, mais pas que ça non plus, ça passe aussi par les groupes programmés, etc. Bon cette année, il y avait plusieurs artistes qui avec surprise étaient à l’affiche…

Bart alias « B » (BIRDS IN ROW) live@Riip Fest 2024

Des artistes comme par exemple dans le passé avec Phil’ Anselmo avec Pantera ou avec The Illegals peut-être tu veux dire par là, lui qui avait été accusé de propos racistes (Ndlr : « White power » lors d’un concert à Los Angeles en 2016, alors ivre avec une bouteille de vin blanc à la main) avec les subventions qui avaient été du coup annulées par la région Pays de Loire ?
Ouais, voilà. Bon cette année, le Hellfest a publié un post sur internet comme quoi il faisait « amende honorable ». Alors après, savoir l’honnêteté derrière ça, difficile à dire… Mais au moins ils ont fait ça, un mea culpa. Mais cette année-là où l’on était prévu en 2023, il y avait aussi la venue de Johnny Depp avec The Hollywood Vampires (ndlr : groupe composé de Joe Perry (Aerosmith) et Alice Cooper) alors que celui-ci sortait d’un procès pour violences conjugales et n’a pas été reconnu « non coupable » ; il y avait aussi As I Lay Dying ; Phil Anselmo. Les années auparavant, il y a eu aussi pas mal de groupes polémiques, bref, tout ça beaucoup. En fait, ça fait des années qu’il se passe des choses, et je te parle même pas de la scène black metal où il y a des choses très dures politiquement et limites… Donc nous on ne soutient pas tout ça, et en fait on s’est dit que l’on n’avait pas notre place ici, car on n’a rien à amener finalement de plus au festival et on ne partage pas ça. Ceci n’est pas nouveau et on n’est pas les premiers concernés à évoquer cela, toutes ces violences symboliques. Là c’était le point d’orgue.

Ouais, je connais très bien la scène black personnellement, mais il ne faut pas non plus trop généraliser. Et du coup vous aviez été remplacé au Hellfest ?
Oui, par le groupe Dvne.

BIRDS IN ROW live@RIIP FEST 2024

Ah ok, groupe franco-écossais que l’on va d’ailleurs revoir cette année 2024 au Motocultor et en tournée cet automne avec My Diligence. Mais vous n’êtes pas revenus sur votre décision alors ?
Pour nous, non, c’était sûr que l’on reviendrait pas sur notre décision.

Par principe ?
Bah, disons que oui et non. C’est quand même très important. Le Hellfest est quand même le plus grand festival de metal et hardcore en France, et l’un des plus grands en Europe, donc c’est un peu notre scène à nous, ça se fait chez nous en France, donc si on ne prêche pas ce qui nous semble important pour notre propre scène avec nos valeurs dans un tel festival, alors c’est un peu dommage, et je ne vois pas où on le ferait…

Mais pourquoi avoir maintenu justement votre concert au Motocultor en 2023 ? Les conditions étaient meilleures et plus en phase avec vos valeurs ?
Non, au départ non, mais on a eu des discussions ensuite avec les organisateurs du Motocultor. Ils ont été plus ouverts, il y a une vraie discussion, disons, et enclin à faire des efforts. On a été rassuré d’une certaine façon même si tout n’a pas encore été parfait de ce côté-là. Il y avait un groupe que l’on n’avait pas envie de voir à l’affiche, mais on ne choisit pas la programmation musicale, par exemple. (rires) Après, l’an dernier quand on y a joué, malheureusement le Motocultor a eu sa part aussi d’agressions sexuelles l’an dernier, comme le Hellfest. En fait, les changements que l’on demande, c’est plus politiquement, une volonté, ce n’est pas lié à un festival plus qu’un autre, c’est plus général. Et de tels festivals, comme le Hellfest, s’ils peuvent inviter des groupes comme Metallica ou Foo Fighters, je pense qu’il y a moyen de faire des efforts afin de mieux veiller à tous ces problèmes de violence et sécurité.

BIRDS IN ROW live@RIIP FEST 2024

Vous avez aussi donné un concert plus petit dans le cadre du festival des Rockomotives de Vendôme (41) à l’automne dernier. Comment c’était cette autre expérience même si vous tournez aussi à l’étranger ?
C’était différent car il s’agit d’un festival plus pop/rock. Mais c’était chouette, on a joué dans un garage, bon il faisait froid par contre… (rires) Le truc est que nous on peut jouer un peu partout, Birds In Row est un groupe passe-partout, et là au Riip Fest, se soir, on est peut-être le groupe le plus soft, et ailleurs on va être le plus dur. (sourires)

L’année 2023 a donc été très chargée côté live pour Birds In Row ? Vous avez donc donné de nombreux concerts…
Alors là on commence à lever un peu le pied. L’an dernier on a donné une centaine de concerts. Maintenant on a décidé de ralentir un peu et se permet de choisir davantage nos concerts. On a un planning un peu moins chargé à présent. En fait, entre guillemets, on va privilégier plus la qualité à la quantité, non pas que lorsque l’on joue beaucoup on n’essaie pas de donner des shows de qualité, mais on va cibler un peu plus là où l’on se produit. Et puis, tout ça, c’est devenu notre taf aussi à présent, surtout qu’il n’y a pas que nous trois, il y a des personnes qui nous accompagnent.

Depuis longtemps, vous tournez beaucoup à l’étranger aussi en plus, non ?
Oui, on a fait plus de deux cent dates aux Etats-Unis. On a tourné notamment avec Neurosis, Converge, etc. A la base, on jouait et tournait bien plus à l’étranger au départ qu’en France. Il n’y a que dernièrement où l’on se produit plus en France.

Vous chantez en anglais, pas en français ?
Uniquement en anglais. ça nous correspond mieux.

Côté actualité discographique, votre dernier album Gris Klein remonte déjà à 2022 (Red Greek). Et vous avez sorti en début d’année 2024 un split EP avec Coilguns, c’est bien ça ? Je ne le connais pas. Peux-tu nous en parler ? J’ai été surpris car Jona Nido, avant son souci de santé à la fin de l’été dernier (Ndlr : hospitalisation pour cause d’une infection du sang), ne nous avait pas du tout parlé de ce projet quand nous l’avions rencontré au Motocultor en 2023 mais de leur nouvel album de Coilguns prévu cette année 2024…
En fait, en gros, comme on avait déjà tourné avec les gars Coilguns, on en avait déjà plus ou moins parlé avec Jona (guitare, chœurs, production) et Louis (chant, basse) de faire un truc commun, mais rien n’avait été officialisé. Et puis le magazine Mono nous a proposé de réaliser un split. Du coup, nous on accepté mais en disant que ce ne serait pas un split mais une réelle collaboration des deux groupes ensemble, et non pas séparément. Voilà comment on s’est mis à travailler ensemble.

Donc sur cet EP paru sous le nom de Birds in Row & Coilguns, ce ne sont donc pas des chansons de l’un, puis de l’autre, ni des reprises effectuées de l’un par l’autre, etc. ?
Non, il y a trois morceaux que l’on a composés et écrits ensemble : « Stranding Shelters », « The Blessing », et « You and I in the Gap », le nom de cet EP 3 titres donc. Et on est sept au total à les jouer et les avoir enregistrés. C’est vraiment une coproduction collective.

Et c’est qui a produit étant donné qu’il ingénieur du son et produit avait déjà produit les précédents enregistrements de Coilguns ? Et sur quel label ça sort, son propre label Hummus Records (Nostromo, Coilguns…) ?
Alors c’est paru en mars dernier chez Hummus Records, en effet, son label. Mais ça sort en collaboration aussi sur notre label Bright Colors. Malheureusement il est déjà épuisé au niveau du tirage. On n’en a même plus à vendre au merchandising ou en ligne. Il est disponible à l’écoute néanmoins sur internet. Par contre, on a enregistré tout ça chez nous, dans notre home studio à Laval (France).

Et musicalement, c’est un mix des deux groupes ? C’est plutôt expérimental ? A quoi peut-on s’attendre ?
Ouais, c’est un bon crossover, je pense, de nos deux mondes, sachant que Louis Jucker (Coilguns), sur un morceau, assure des parties folkloriques très différentes de qu’ils font habituellement en compagnie des autres musiciens. Tout cela a été enregistré par Amaury Sauvé, à Laval, qui s’occupe de nous depuis nos débuts. C’est le frère de notre bassiste Quentin Sauvé, en fait.

Quant à votre dernier album en date de Birds In Row, c’est Gris Klein paru en 2022, ça date un peu maintenant. Ce troisième album avait été aussi produit à Laval ? Il me semblait que le guitariste et producteur de Cult Of Luna, Magnus Lindberg, s’en était chargé sur son label Red Creek ?
Le mastering devait revenir à notre ingé son en tournée qui nous accompagne aujourd’hui, Thibault Chaumont. Et en fait, on a pris notre temps comme il y avait la pandémie liée au covid. Au final Quentin Sauvé a pris le temps de le mixer et le mastering a été envoyé au guitariste suédois Magnus Lindberg (Cult Of Luna). C’est lui qui s’en est chargé finalement. Le processus a été assez long pour Gris Klein, en fin de compte…

Et c’est quoi « Gris Klein » ? De quoi s’agit-il ?
Est-ce que tu vois ce qu’est le « bleu klein » ? Es-tu familier avec ça ?

Non, c’est un peu comme le vermillon en peinture peut-être ?
Oui, enfin tout simplement c’est du bleu. Et en fait, comme dans cet album, on y parle beaucoup de dépression, et on utilise beaucoup l’analogie entre la dépression et le daltonisme. Donc c’est un peu l’histoire de comment tu vois les choses ou plutôt commet tu perçois le bleu klein si tu le vois gris finalement… En gros, c’est ça mais je simplifie.

Cela me rappelle un peu le dernier album en date Pathos des Anglais de Conjurer que l’on avait vu justement avec Nostromo et The Dischord en live à Laval en octobre 2023 dont on parlait tout à l’heure. Ils y abordent la maladie, la souffrance mentale, et l’artwork était comme une peinture…
J’en ai entendu parler et connais un peu Conjurer mais je ne l’ai pas écouté. Faudra que je me penche alors sérieusement dessus… (sourires)

Et quels sont les projets de Birds In Row d’ici la fin de l’année ? Un nouvel album en cours de travail peut-être ? De nouveaux concerts dans le coin ou à l’étranger ?
Alors pour le moment, pas tout de suite pour un nouvel album. On va commencer à y réfléchir. Là en France, c’est notre dernier festival ici avec le Riip Fest. Puis on se pose un peu et on repart en septembre pour une tournée au Canada en co-headlining avec Single Mother. En fait, on ne veut plus faire des dates loin en prenant l’avion juste pour quelques concerts à droite à gauche comme on l’avait fait parfois en Europe (Pologne République Tchèque, Allemagne, etc.). A présent, on essaie de faire attention et d’être plus responsable. Donc dans ce cas on voyage pour une série de dates plus conséquentes afin de moins polluer et laisser trop d’empreinte carbone.

BIRDS IN ROW : Gris Klein (Red Creek / 2022)

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