Tout commence par une attaque, non pas à la hache ou au gun comme sur le nouvel artwork encore signé Vincent Locke, mais par un accord de guitare plus un coup de batterie, entrecoupé par un slap de basse d’Alex Webster. Ce premier morceau « Overlords of Violence » est une parfaite entame, rappelant presque les classiques de Vile (1996). C’est donc parti, la seizième boucherie de Cannibal Corpse est à présent lancée ! Sur la deuxième salve, « Frenzied Feeding », c’est du même acabit, c’est-à-dire très très heavy, mais le ton devient plus sombre et angoissant. Très vite un bref solo en shredding de Rob Barrett survient, mais c’est Erik Rutan qui finit la mutilation sonore par un solo déchiquetant après un pont renvoyant à Gallery Of Suicide (1998) durant quelques instants. Si pour Erik Rutan, il ne s’agit finalement là que de son second album au sein de Cannibal Corpse, n’oublions pas qu’il était déjà aux manettes en tant que producteur et ingénieur du son en studio depuis l’album Kill (2010), donc il connait bien la maison et les ficelles : une batterie naturelle non triggée à l’ancienne qui tabasse, une basse justement bien présente et qui ne suite pas nécessairement les lignes de guitares, et des riffs justement terriblement puissants, taillés au scalpel, avec par-dessus les growls de l’imposant George « Corpsegrinder » Fisher. Mais Rutan apporte ses idées, son talent en tant que guitariste de Hate Eternal, produit toujours les albums de C.C. en restant absolument dans l’esprit du groupe de Tampa. La suite de l’album est taillée aussi pour le live, « Summoned for Sacrifice » avec ses mosh parts, « Blood Blind » et son riff écrasant, ou le méchant « Fracture and Refracture ». L’ultime et intéressant « Drain You Empty » achève ses trente-minutes de boucherie intense, qui peut-être aurait mérité plus breaks, de surprises, mais bon, cela serait faire la fine bouche alors que tout est livré saignant ou à point, selon votre goût, sur le grill de votre barbecue en cette fin d’été indien.
Côté lyrics, son bassiste grisonnant, désormais domicilié à Portland (Oregon) sur la côte ouest, nous avait révélé lors de notre précédente interview en 2021 que le titre du précédent album, Violence Unimagined, était une idée émanant du batteur Paul Mazurkiewicz. Il en est de même ici pour Chaos Horrific et sa chanson-titre dont l’idée a germé là encore chez notre sympathique batteur. Le vidéo-clip avec son attaque de zombies s’avère plutôt classique mais réussi. Voilà, c’est ça, on est dans le classique, comme d’habitude chez nos Yankees, aucune prise de risque ici, et de toute façon, le fan de Cannibal Corpse s’attend à écouter du Cannibal Corpse, tout comme Slayer faisait du Slayer, ou AC/DC fait encore du AC/DC après tout.
Malgré les trente-cinq ans du groupe américain originaire, rappelons-le, non pas de Tampa (Floride) mais de Buffalo (New York), la chair est toujours fraîche sur l’étale du boucher, même si depuis bien longtemps, on le sait, de nouveaux challengers ont dépassé les maîtres, notamment en termes de vitesse, technicité et de barbarie sonore ! Mais Cannibal Corpse demeure le maître du genre quand même du death metal gore, à l’origine du brutal death. Et son frontman Corpsegrinder en est l’un des acteurs majeurs de la scène, et reste une référence inégalée en la matière. Même le chanteur de Cryptopsy, Matt McGachy nous l’a avoué dernièrement ! [Seigneur Fred]
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