Hasard du calendrier ou non, les deux ex-membres de Nervosa, à savoir Fernanda Lira (basse/chant) et Luana Dametto (batterie), publient leur nouveau brûlot avec Crypta sur le même label et quasiment en même temps que leur ancien groupe de thrash brésilien désormais menée par Prika Amaral au chant, en plus de la guitare. Pour le death metal de Crypta, celui-ci s’affirme plus que jamais en 2023, et se personnalise sur Shades Of Sorrow qui risque fort mettre à mal certaines formations masculines même si ce n’est pas le but ici de la part de leurs auteures. En effet, elles y abordent par leur expérience personnelle les différences nuances de chagrin ou tristesse, sentiment que l’on éprouve tou(te)s un jour ou l’autre dans la vie. Musicalement, les deux gratteuses Jéssica Falchi et Tainá Bergamaschi abattent un boulot considérable, et multiplient les coups de génie (« Agents of Chaos », « Lord of Ruins ») en soignant la mélodie dans leurs soli (« Stronghold »), alors que les riffs sont quant à eux plus complexes dans leur structure et les rythmiques, comme sur la chanson variée et plus mélancolique « Poisonous Apathy). Fernanda hurle à la mort et développe des growls à faire rugir ses pairs, à commencer par Steve Tucker (Morbid Angel) et surtout le regretté Chuck Schuldiner (R.I.P.). Les screams black metal de sa frontwoman feront également pâlir de jalousie Dani Filth. Seul bémol peut-être : la batteuse Luana Dametto a tendance à blaster un peu trop systématiquement, alors que que techniquement elle est tout à fait capable de varier son jeu et proposer autre chose (« Poisonous Apathy »), notamment sur des breaks bien méchants (« The Oustider »). Bref, prenez garde messieurs, nos quatre Brésiliennes en ont dans le string, et risquent bien de prendre le pouvoir très bientôt sur le trône du death metal international. Crypta, ou comment en 2023 le metal de la mort se conjugue férocement au féminin. [Seigneur Fred]
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