CRYPTA : La tornade death metal venue du Brésil

Deux ans à peine après un premier essai Echoes of The Soul plutôt bien accueilli (lire notre précédente interview de 2021), et passée une pandémie, Crypta, toujours mené par sa bassiste/chanteuse Fernanda Lira (ex-Nervosa) et son ancienne camarade, la véloce Luana Dametto (batterie), récidive déjà avec Shades Of Sorrow. Ce second brûlot death metal dévoile une plus grande technicité de jeu chez nos quatre amazones, mais aussi une approche lyrique plus personnelle et sensible, qui dépeint les différentes formes de tristesse dans la vie. Très pro et déjà bien rodée à l’exercice de la promotion, à l’image des géants américains du genre qui les ont inspirées (Death, Morbid Angel, Possessed, Deicide, Cannibal Corpse…), l’une de ses deux guitaristes a répondu sérieusement à nos questions, en lieu et place de sa leader overbookée. [Entretien avec Tainá Bergamaschi (guitare) par Seigneur Fred – Photos : DR]

Comment allez-vous depuis votre dernière tournée avec Morbid Angel en Amérique du Nord ? En effet, une grosse tempête à Belvidere (Illinois/USA) a tué une personne dans le public et blessa plusieurs autres spectateurs (28), juste après votre spectacle d’ouverture le 30 mars dernier à l’Apollo Theater (le toit de la salle s’étant écrasé sur la foule devant la scène). Comment avez-vous vécu cet événement tragique ?
Oui, nous allons bien maintenant. Mais ce fut difficile de continuer la tournée après ça. C’est un peu dur à dire…

Votre premier album studio Echoes of The Soul a rencontré un joli succès en 2021. On y retrouvait l’héritage des légendes du death metal old school comme Possessed, Death, et Morbid Angel justement. Tous ses groupes vous ont inspirés visiblement… Alors en tournée, avez-vous eu les félicitations du jury, c’est-à-dire Trey Azagthoth et Steve Tucker (Morbid Angel) ? (sourires)
Trey et Steve étaient super avec nous en tournée. Ils ont regardé la plupart de nos shows le soir, et ont déclaré qu’ils étaient vraiment heureux de nous avoir en tournée avec eux. Ils ont adoré apparemment. Trey reste en contact avec nous depuis la tournée. (Ndlr : depuis, Trey Azagthoth a fait un malaise sur scène lors du dernier concert à Tampa en avril 2023) Nous avons beaucoup parlé de guitares et d’écriture de chansons avec lui.

Depuis la sortie d’
Echoes Of The Soul, en 2021, vous n’avez jamais vraiment arrêté et êtes très productives. Sans cesse vous créez de nouvelles musiques, jouez en live partout (sauf en France!). Certes, c’est votre travail, et en tant que jeune groupe, vous avez encore beaucoup de choses à prouver et des idées à offrir aux gens. Ai-je raison ou tort ? Vous dégagez une telle énergie…
Disons qu’Echoes of the Soul est sorti pendant la pandémie, donc on a un peu perdu quelques mois d’opportunités de jouer l’album en live ici et là, tu sais. Alors quand on en a eu la possibilité de rejouer, on a voulu se produire dans tous les endroits pour le promouvoir. Nous essayons toujours d’aller sur tous les continents avec de la nouvelle musique à proposer, et alors nous faisons de notre mieux.

Pourquoi votre précédente guitariste Sonia Anubis (ex-Burning Witches, Cobra Spell) a-t’elle quitté Crypta en 2022 juste après ce premier album ? Ok, elle vivait aux Pays-Bas, mais je fus un peu surpris… Comment va-t’elle d’ailleurs ?
Je pense que Sonia était plus dans le style de musique des années 80 et peut-être qu’elle n’était plus très intéressée pour jouer du death metal. Elle voulait faire son propre truc avec Cobra Spell maintenant, et se concentrer davantage sur son groupe, chose que l’on comprend. Elle va très bien et je lui souhaite le meilleur !

Quand avez-vous composé ces treize nouvelles chansons de Shades Of Sorrow : sur la route peut-être lors de vos tournées passées en 2022, mais certains musiciens ne sont pas capables d’écrire ni de composer dans le tour bus ou à l’hôtel ? Ou bien l’avez-vous conçu à la maison dans le même état d’esprit qu’Echoes of The Soul, juste après vos tournées live qui ont été décalées pour ce dernier ?
Shades of Sorrow a été en fait composé à la maison lors des pauses entre deux tournées. Dans le groupe, sur la route en tournée, nous n’avions pas le temps d’écrire les choses. On a donc fait de notre mieux pour tout terminer à temps.

Shades of Sorrow a de nouveau été enregistré au Family Mob Studio comme Echoes (…) mais à la différence qu’il a été mixé par Daniel Bergstrand au studio 33 Stockholm (Suède). Et Jens Bogren l’a mixé aux Fascination Street Studios à Örebro (Suède). Pourquoi avoir changé de producteur et mixeur cette fois après avoir travaillé avec Thiago Vakka et Arthur Rizk (Power Trip, Kreator, Mammoth Grinder, Pig Destroyer…) la fois précédente qui avaient déjà accompli un très bon boulot ?
Nous voulions juste essayer quelque chose de différent d’Echoes of the Soul car les chansons sont également assez différentes à vrai dire. C’est plus technique et atmosphérique. Cependant, je retravaillerais certainement avec Arthur Rizk, il est génial !

Tainá, tes solos de guitares ainsi que ceux de ta collègue Jéssica, sont très intéressants, plus variés et personnels. Ils sont aussi plus mélodieux et complexes, avec toujours ce feeling sombre (comme sur le morceau « Stronhold »). On peut dire que vous affirmez véritablement votre style sur Shades Of Sorrow. Quelles ont été vos sources d’inspiration ici ?
Ouais, merci. « Stronghold » est assurément mon morceau préféré de l’album d’ailleurs. En fait, sur cet exemple, Fernanda (basse/chant) est venue vers moi avec l’idée d’une structure de morceau, et j’ai commencé à travailler sur les riffs. Je pense que nous avons été vraiment inspirées par Opeth sur celui-ci. Alors quand la partie épique au milieu du morceau s’achève, on peut croire que ça va se finir par une attaque de riffs rapides, mais non, nous avons composé à la suite un autre passage épique avec des solos de guitare. (rires)

Quant à Luana à la batterie, sa performance est encore impressionnante, quel style et quelle vélocité dans son jeu à la batterie ! Étiez-vous toutes plus impliquées dans le processus d’écriture et de composition cette fois, surtout vous les guitaristes, car la plupart des morceaux précédents d’Echoes of The Soul avaient déjà conçus avant même le départ de Nervosa pour la création de Crypta par Fernanda et Luana, si ma mémoire est bonne ?
Echoes of the Soul a été principalement écrit par Fernanda et Sonia (Ndlr : Sonia Anubis, la précédente guitariste ayant été remplacée depuis par Jéssica), et bien sûr Luana à la batterie. Quand j’ai rejoint le groupe en 2020, elles avaient terminé quatre-ving-dix pour cent des chansons. Le nouvel album Shades of Sorrow est différent en cela puisque j’ai commencé à travailler dessus depuis le début avec Fernanda et Luana aussi. Jéssica Falchi est venue avec ses compositions solo uniquement car lorsqu’elle a rejoint en tant que membre officiel en 2022, les chansons étaient déjà terminées.

Quels étaient vos principaux objectifs pour ce nouvel album ? Y développer votre propre style ? Ecrire des paroles pour dénoncer certaines injustices dans le monde et notamment dans votre pays, le Brésil, et vos combats contre la religion et la guerre, peut-être ? Sur le premier single « Lord Of Ruins », Fernanda semble critiquer la religion ou le patriarchat que vous tuez avec une approche métaphorique… C’est très sanglant et violent. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Ce nouvel album Shades Of Sorrow n’a rien à voir avec la religion, ni des trucs politiques. Il s’agit des différentes phases de douleur et de souffrance que les gens traversent. Il s’agit donc plutôt d’un album personnel que vous pouvez interpréter, chacun, à votre manière en fonction de votre propre expérience de vie.

Vous êtes en tournée un peu partout cet été en Europe, dans le cadre de votre Echoes Over Europe Part. 2. Nous sommes très déçus car il n’y a aucune date française. Pourquoi ? Certes, la France est un petit pays en termes de communauté metal par rapport au Brésil, les Etats-Unis, et nos voisins comme l’Allemagne, ou la Grande-Bretagne, mais tout de même !
Ouais, ce n’est pas que nous ne voulons pas jouer là-bas chez vous, nous voulons en fait, et nous travaillons d’ailleurs dur pour ça. Il semble que l’année prochaine, nous aurons une grande opportunité. Pour l’heure, nous commencerons probablement à défendre le nouvel album en Amérique du Sud, puis commencerons l’année prochaine avec par l’Amérique du Nord, et l’Europe à nouveau donc, et a priori la France. En tout cas, j’espère que vous aimerez le nouvel album. Il s’agit ici de guitares, de riffs atmosphériques, sombres et techniques… Tout ce que j’aime. J’espère que nous pourrons nous voir bientôt sur la route !

Crypta est devenu en peu de temps un groupe solide aujourd’hui, avec déjà deux albums studio et pas mal de shows à son actif, et un line-up solide techniquement. Quels seront tes rêves ou souhaits en musique à présent ?
Ah ah ! Nous avons encore beaucoup à faire. Il y a tellement d’endroits et de festivals où nous voulons encore jouer pour la première fois. Nous n’en sommes qu’au début. Et définitivement, nous avons encore plus d’idées en tête pour de nouvelles chansons. Crypta a encore un long chemin à parcourir, tu sais…



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