DARKTHRONE : It Beckons Us All…….

It Beckons Us All……. - DARKTHRONE
DARKTHRONE
It Beckons Us All…….
Heavy metal/Doom/Black metal progressif
Peaceville Records

Toujours aussi productif, l’inusable duo norvégien Darkthrone est, sans surprise, de retour dans l’actualité metal en cette année 2024. Et le terme « metal » sied à merveille pour ce vingt-et-unième album de la formation car on ne peut plus vraiment pleinement parler de true black metal depuis déjà quelques années avec les ouvrages de Nocturno Culto et Fenriz. Aujourd’hui, It Beckons Us All, semble être plus que jamais l’album de la division, même s’il prolonge l’orientation heavy metal progressif d’Eternal Hails……, et pas seulement pour ses nombreux points finaux de ponctuation…

Pomme de la discorde, les médias sont relativement déçus par ce nouvel opus. Curieux face à de telles critiques, nous avons voulu en juger par nous-mêmes. Et le résultat sonne bien différemment, à ceci près que nous comprenons désormais pourquoi le nouveau Darkthrone suscite autant d’émois ! Malgré le fait que nous soyons coutumiers de l’audace musicale du duo scandinave, ce dernier semble avoir cette fois-ci non pas repoussé, mais bien dépassé donc les limites du black metal. Loin de l’étiquette du genre, It Beckons Us All… s’inscrit ainsi dans un registre beaucoup plus underground proche d’un heavy doomesque, déjà abordé sur le très bon mais inégal The Underground Resistance, aux influences presque power metal. On pourrait penser alors à certains groupes revival de heavy metal comme Eternal Champion. Sur « Eon 3 » le guitariste laisse très librement parler son instrument. La mélodie du soliste devient un pattern constant et les codes structurels traditionnels s’en voient totalement inversés. Peut-être est-ce là les séquelles de son jeu dans Sarke où Ted Arvid Skjellum, alias « Nocturno Culto » évolue également et qui s’apprête justement à sortir un nouvel album.

Dans un registre plus sombre, « Black Dawn Affiliation » colle plus à l’image d’un Darkthrone traditionnel, si celui-ci a existé. Le titre reste cependant très heavy, groovy même, comme ils savent le faire dans leurs riffs vicieux et des rythmes finalement assez basiques. S’ensuit une piste instrumentale doomesque (« And In That Moment I Knew The Answer ») menée par une guitare très inspirée là encore. Le groupe se laisse manifestement guider par son instinct musical et se comporte en artiste véritable. « The Heavy Hand », toujours dans la pesanteur instaurée depuis plusieurs titres, s’enracine toutefois en terre plus connue.

Retour dans les contrées froides avec ce morceau qui, cela ne vous aura pas échappé, reprend parfaitement l’esprit de l’excellent Artic Thunder sorti en 2016. It Beckons Us All s’achève sur le décevant « The Lone Pines of The Lost Planet ». Si jusqu’alors nous avions « pardonné » à Darkthrone son effervescence d’originalité, ce dernier titre brise la cohérence déjà fragile de l’album. Trop en dehors des clous, « The Lone Pines of The Lost Planet » nous laisse sur notre faim, amère. Il n’est jamais facile de se frotter à un tel mastodonte de la scène black metal et encore moins de le torpiller. Il faudra donc du recul. Seuls les fans pourront être juges de ce nouvel album qui doit mûrir dans nos oreilles car s’il est certes déroutant, il vaut aussi son pesant d’originalité en fin de compte. Loin de faire l’unanimité auprès de notre chère presse spécialisée, It Beckons Us All… semble confirmer la conclusion qui se dessine peu à peu depuis quelques temps. Celle d’une page musicale qui se tourne pour une légende du black metal qui a évolué, mais elle est encore bien vivante sur la scène (black) metal norvégienne. [Louise Guillon & Seigneur Fred]

Publicité

Publicité