DEFLESHED : Grind Over Matter

Grind Over Matter - DEFLESHED
DEFLESHED
Grind Over Matter
Death / Thrash metal
Metal Blade Records

Parmi les formations metal suédoises de retour sur le front et ayant brillé durant la décennie 90 sur la scène death, thrash, ou black, c’est au tour du trio d’Uppsala Defleshed. Si vous avez raté un épisode ou étiez tout simplement aux abonnés absents, voire pas encore de ce monde, (ré)écoutez leurs plus célèbres enregistrements Ma Belle Scalpelle (EP), Abrah Kadavrah (Dimmu Borgir n’ayant rien inventé avec son album du même nom en 2010), ou Under The Blade. Ajoutons également tant qu’à faire le quasi-parfait Royal Straight Flesh. Cela vous donnera ainsi un bel avant-goût de la puissance de nos trois gaillards en matière de death/thrash. Malheureusement, la fin du label suédois Regain Records compliqua un peu les choses pour Defleshed au début des années 2000 (comme pour bon nombre d’artistes scandinaves tels que Marduk, Centinex, Dark Funeral, ou Dismember), les conduisant, pour d’autres raisons également, au split en 2005. Alors que peut bien encore nous offrir nos trois valeureux musiciens en matière de violence en 2022 avec ce sixième brûlot ?

Eh bien, on prend ici les mêmes et on recommence, à très peu de choses près : une production sonore frontale puissante, quoiqu’un peu fade, signée par contre du chanteur et ingé son Lawrence Mackrory (lire notre interview de Darkane plus tôt dans l’année) aux Rorysound Studios, dans son fief d’Uppsala ; une durée moyenne éclair des nouveaux morceaux (à peine trois minutes environ) ; des blasts beats féroces de l’incroyable cogneur Matte Modin (Skineater, Necrophobic (live), ex-Firespawn, ex-Dark Funeral, ex-Sarcasm, ex-Raised Fist…) comme sur la chanson-titre ou le très parlant et ironique « Blastbeast » en fin d’album, mais pas que.

On retrouve aussi ces growls furieux typés thrash/death, voire black par moment, du bassiste/chanteur, la voix de Gustaf Jorde rappelant souvent l’illuminé Henri Sattler des Néerlandais de God Dethroned (avec qui ils partagent le même label Metal Blade Rec.). Malheureusement, si le chant hargneux de Jorde convainc sans peine dans l’ensemble (la  chanson-titre, ou « One Grave to Fit Them All »), il n’illumine pas toujours le propos ici et peut lasser. La faute incombe à un manque de variété mélodique, mais ça n’a jamais été, il faut bien avouer, le but de Defleshed. N’empêche que l’on pense à du God Dethroned (période Bloody Blasphemy), en nettement moins mélodieux et varié par conséquent, mais aussi à du Angelcorpse agrémenté d’influences thrash ici chez Defleshed.

Ce manque de relief, notamment au niveau vocal, va de pair avec des riffs qui tournent toujours à peu près sur les mêmes accords. On cherche alors les tentatives de digression ou rares expérimentations (une fin lourde sur « Bent Out Of Shape », un sample d’intro sur « Blood Well Spent », « Behind Dead Eyes » avec ses influences heavy et crustcore).

Bien sûr, le but chez Defleshed a toujours été d’aller droit au but sur ses précédents brûlots et de ramoner vos cheminées, mais on sent en 2022 un léger manque d’inspiration sur ce coup-là. Pourtant, comme d’habitude, derrière les fûts, Matte Modin envoie du steak, mais là encore, on l’a connu plus subtile par le passé. Et l’habituelle touche speed’n roll est bien au rendez-vous (l’excellent « Dear Devil » et la guitare de Lars Löfven qui ramone nos cages à miel). Tout cela sonne donc fort sympathique, mais sans plus.

On sent Defleshed tout de même un peu en pilotage automatique sur ce Grind Over Matter qui relance la machine suédoise éteinte depuis dix-sept ans. Clairement, Gustaf Jorde, Lars Löfven, et Mathias Modin en ont clairement encore sous la pédale, mais un soupçon d’innovation aurait été bienvenu, à l’heure où tous les vieux combos refont surface parmi les rares petits jeunes qui montrent les crocs dans le nord de l’Europe, la relève étant ailleurs à présent dans le monde. Alors c’est bien de satisfaire les fans et de se faire plaisir. Defleshed, comme certains de ses collègues (on pense au retour de Dismember), se fait par la même occasion plaisir, mais il en faut plus aujourd’hui pour se démarquer et revenir dominer la scène death/thrash metal scandinave d’antan.  [Seigneur Fred]

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