DELIVERANCE : Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn

Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn - DELIVERANCE
DELIVERANCE
Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn
Black/sludge metal progressif
Les Acteurs de L’Ombre Productions

Quel est trait d’union entre le groove que possédait Aqme, une batterie qui tabasse chez Karras, et la finesse des  riffs de guitare de Deliverance, dossier sur lequel nous nous penchons aujourd’hui (mea culpa à Etienne Sarthou pour ce retard !) ? Eh bien, c’est justement notre ami multi-instrumentiste Etienne, qui officiait ou officie dans ces trois formations françaises précitées aux univers totalement différents mais à la qualité musicale notable commune. Après la première petite bombe de Karras livrée à domicile en 2020 durant une période difficile notamment pour la culture, voici le troisième opus de Deliverance (aucun lien ici avec Opeth), essentiellement composé et enregistré durant cette même période. Musicalement, on pourrait définir cet intéressant side project crossover comme une fusion d’influences black, dark, et sludge metal dans laquelle se diluent de belles touches progressives. Le tableau est donc dressé, mais pour autant l’accès n’est pas si évident, à l’image de son titre Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn qui repoussera les Anglophobes, mais aussi par son artwork sombre et inquiétant, voire renversant. Mais qu’importe le flacon, pourvu que l’on ait l’ivresse ! Et nos quatre Parisiens s’en moquent bien le coquillard jouant même d’emblée la provoc’ sur le premier morceau d’ouverture, intitulé « Salvation Needs a Gun », à propos de la solution que trouve bien souvent l’Homme dans la violence des armes pour régler ses propres problèmes et trouver le salut sur cette Terre. Terriblement oppressante, l’ambiance dystopique et les paroles très personnelles du chanteur Pierre Duneau (ex-Memories of A Dead Man) ne s’adressent clairement pas aux âmes sensibles, tout comme la musique qui requiert une certaine patience et endurance, même si des chansons passent comme une lettre à La Poste (hors grève) comme sur l’immédiat premier single entraînant « Up-Tight » (où l’on retrouve ce groove rythmique d’Aqme) ou le frontal « Venereal » avec leurs screams agressifs très réussis.

Sur la pièce maîtresse baptisée « Odyssey » dont nous vous recommandons chaudement le visionnage du formidable clip capté live en plein air sans public dans un vieux théâtre de verdure en banlieue parisienne (93) façon Pink Floyd Live At Pompeii, il faudra cependant prendre le temps de se poser pour en apprécier pleinement les tenants et aboutissants. A travers ce long voyage sonore et épique qui démarre sur un riff de guitare qui aurait pu figurer sur l’album 10 000 Days de Tool, puis s’enchaînant avec un nouveau riff emprunté à un vieux J-J Goldman (oui, oui, du genre « Il Suffira d’un Signe »), à moins que ce ne soit tiré d’une démo de Taï Phong (le groupe de rock progressif qu’il avait rejoint avant sa carrière solo), « Odyssey » nous emmène lentement et progressivement à la croisée des différents genres pour obtenir à la fin en guise de récompense la substantifique moelle comme disait Rabelais…

Quel voyage, mes amis ! Aussi, divers samples et effets futuristes, mais totalement organiques, habillent ici ou là cette œuvre hybride, que l’on pourrait croire binaire (un coup un passage black, un coup un passage sludge, etc.) mais non, la subtilité étant de mise malgré l’aspect parfois brute de décoffrage. Les claviers et les discrets chœurs contribuent clairement à cela, et apportent cette atmosphère étrange, assez expérimentale, à cette œuvre hybride qui n’a pas peur de sortir des carcans. Rien que ça, c’est ambitieux et courageux de la part de Deliverance ! Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn plaira aussi bien aux fans (les plus ouverts) de Pink Floyd, Tool, que Burzum ou Eyehategod. [Seigneur Fred]


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