EFRAAH ENHSIKAAH : One Thousand Vultures Waiting to Be Fed

One Thousand Vultures Waiting to Be Fed - EFRAAH ENHSIKAAH
EFRAAH ENHSIKAAH
One Thousand Vultures Waiting to Be Fed
Black metal
Osmose Productions

Inconnue au bataillon, cette obscure formation de black metal britannique fraîchement signée sur le fameux label français Osmose Productions nous a séduits par son style lancinant et mélancolique. Du depressive black metal à la old Forgotten Tomb, vous dites-vous ? Eh bien non, pas tout à fait, car aucune trace de doom ici transfiguré en metal noir. Mais l’atmosphère mélancolique omniprésente chez Efraah Enhsikaah, et ce rythme bien souvent lancinant, contribuent à vous plonger dans un spleen automnal profond. Toutefois, certains passages voient ces mystérieux musiciens accélérer (nulle photo promotionnelle de ses auteurs, ni page Facebook, etc., un peu comme Aset dernièrement qui préfère mettre en avant sa musique plutôt que leurs trombines et les apparats). Cela reste néanmoins furtif, le temps seulement d’un instant sauvage, avant de replonger dans une léthargie encore plus profonde et glaçante (le single « Letharia Vulpina »). On est vraiment proche d’un black/doom mortifère comme sur « Running Into The Abyss » par exemple. Parfois, cela rappelle les morceaux les plus lents et épiques de Gorgoroth (chose rare), ou ceux des vieux Darkthrone, voire les derniers même Immortal que l’on aurait ralenti sur la platine. Oui, oui ! Par exemple, le morceau « Dead Sun Shines Bright » semble tout droit sorti d’un vieux 45 tours d’Immortal que l’on aurait passé en 33 tours… Et le titre évoque d’ailleurs le fameux groupe de Bergen et son « The Sun No Longer Rises ».

Mais attention, Efraah Enhsikaah sait aussi faire parler la poudre quand il le faut et prendre le diable par les cornes, comme sur le plus vindicatif « Budgeting For Betrayal » aux breaks intéressants et passages nuancés. D’une durée moyenne de chanson oscillant entre les cinq et huit minutes, les titres sont longs mais tout à fait digestes, et propices au développement d’ambiance vraiment prenante et habitée, sans jamais trop en faire. On distingue très peu de claviers (« Cold Blood And Broken Teeth ») et les quelques arrangements sont subtiles pour embellir les choses (la superbe outro « Fed » à la Bathory période Hammerheart, ou renvoyant tout simplement à l’intro du dernier Darkthrone). Musicalement, on est sur un black metal un peu sale mais tout à fait audible, et le grain de guitares rappelle les riches heures du true black metal norvégien des années 90 à 2000, sans non plus révolutionner le genre. Mais il y a quelque chose qui vous donne envie d’y revenir. Tout réside en fait ici dans la pose et le développement d’ambiances simples et lugubres, sans chichi sur ce premier effort studio. Ce n’est pas non plus fait et enregistré à la va-vite comme Darkthrone en 24h chrono parfois, non. On sent bien derrière que chaque riff a été pesé pour créer ces ambiances et qu’il convient d’écouter jusqu’au bout pour en tirer la substantifique moelle (comme tend de nouveau à le faire Darkthrone finalement), avant de sombrer dans les bras de Morpheus, ou bien Hadès, selon votre inspiration et votre humeur du soir. À voir maintenant si ce jeune et encore une fois obscur combo british se dévoile à la lumière et propose, pourquoi pas, des concerts sur scène. S’il s’affiche live, alors ses membres ne pourront plus se cacher dans le noir. [Seigneur Fred]

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