EVIL INVADERS : Shattering Reflection

Shattering Reflection - EVIL INVADERS
EVIL INVADERS
Shattering Reflection
Heavy/Speed Metal
Napalm Records

On dit souvent qu’arrivé à l’âge de la trentaine, on a tendance à se calmer et devenir adulte, du moins d’après une étude scientifique britannique de Cambridge mise en avant en 2019 dans les colonnes de nos confrères belges du Soir, et nos voisins nordistes n’échappent pas à cette règle. Pour autant, à l’écoute de la troisième bombe de heavy/speed metal d’Evil Invaders, c’est à la fois vrai et faux. OK, le guitariste Johannes Van Audenhove alias « Joe » (ce sera plus court) a désormais trente-et-un ans. Et collectivement dans notre cas présent, nos jeunes thrasheurs belges nous offrent là Shattering Reflection, un album extrêmement abouti, puissant et mélodique, toujours aussi fougueux (don’t worry !) mais doté d’une certaine maturité dans leur travail de composition mais aussi de performance, notamment vocale.

Les meilleurs exemples pourraient être le premier single bluffant « In Deepest Black » ou le récent et troisième single faussement calme « Die for Me« . Dans les différents clips, Joe y apparaît vraiment émouvant et a encore progressé dans sa voix, déjà qu’il sait aussi bien hurler à la mort que véritablement chanter à s’en faire péter la glotte. Et en live, c’est pareil ! Croyez-moi ! Ces gars-là ne sont pas des poseurs et ne font pas semblants, ils jouent à fond comme si c’était leur dernier soir.

Ne dit-on pas généralement aussi que le cap du troisième album est celui de la maturité artistique ? Depuis le début, Evil Invaders assume totalement sa nostalgie envers les années 80’s (comme bien des groupes) et donc ses influences de formations cultes comme la vague NWOBHM (dont Venom souvent arboré par Joe sur ses T-shirts), Motörhead, Judas Priest, W.A.S.P., Exciter, Accept, etc., Que ce soit musicalement comme visuellement (perfectos, chevelure, clips…), oui, Evil Invaders n’a certes pas réinventé la roue dans le heavy metal, mais putain, ils en sont suffisamment dans leur jean slim années 80’s (Ok, c’est machiste…) pour imiter en toute légitimité leurs pairs d’il y a quarante ans, et surtout ils le font très bien, avec panache et plaisir. On est même surpris d’entendre Max « Mayhem » Maxheim pousser la chansonnette pour le fun sur « My World« , son timbre ressemblant quelque peu à celui d’Andreas Kisser quand ce dernier fait les chœurs dans Sepultura. Mais là où le quatuor belge excelle vraiment aujourd’hui, c’est dans la structure de ses compositions et l’interprétation, proposant une grande variété mélodique et de puissance. Un morceau déjanté comme le très speed/thrash « Sledgehammer Justice« , ou encore une fois le poignant « In Deepest Black » en constituent les meilleures preuves.

Mais Shattering Reflection, c’est enfin des soli de guitare de dingue, en majorité joués par le guitariste soliste allemand Max Maxheim. Ce gars-là déchire vraiment sur sa gratte J-Axe. Du premier titre d’ouverture, vibrant et électrifiant, « Hissing in Crescendo » au final et épique « The Circle » (rappelant le thème « Tubular Bells » de l’Exorciste de Mike Oldfield) en passant par « My World« , tout est joué ici avec finesse (« Aeon » et son intro un peu à la Metallica), chaque riff fait mouche mais n’amène pas forcément sur un refrain mielleux classique. Cet album est probablement le plus accessible et diversifié, mais paradoxalement le plus ambitieux. Côté six cordes, nous avons droit également plus d’une fois au coup du solo éclair qui ponctue une superbe phrase, ou encore une once de métal extrême savamment dosée comme sur « Hissing in Crescendo » (dont Max nous confiera être fan de Dissection et Vital Remains) sans oublier avant tout l’émotion (« Aeon« , « In Deepest Black« …) sur des rythmes variés et complexes. Dans tous les cas, les amateurs de riffs et de shredding vont être comblés car Shattering Reflection est un must have que tout fan de heavy, speed ou thrash metal doit posséder dans sa discothèque numérique en 2022, et surtout physique (CD ou vinyle) si l’on est fan aussi un tant soit peu des années 80’s, grande source d’inspiration pour Evil Invaders. [Seigneur Fred]


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