Ils sont de retour après quatorze années d’abstinence pour vous en mettre plein les oreilles, en mode extrême bukkake sonore. Ladies & gentlemen, let me introduce you la légende grindcore made in France, les Gronibard et leur troisième opus Regarde Les Hommes Sucer. Tout un programme… [Entretien avec Albatard (bassiste) par François Capdeville – Photo : DR]


Eu égard à vos tuniques roses de moinillons que l’on découvre sur la pochette de votre album, de quel clergé vous réclamez-vous ?
Ah mais y’a pas de clergé là-dessous, rien à voir avec la religion. Avec le temps, nous sommes devenus vieux, chauves et flasques. Il nous fallait trouver une autre manière de nous présenter, ne pouvant plus compter sur notre physique.
La chanson « L’enfer des Zombites » est-elle un hommage à feu Romero ?
Alors on révise ses classiques, monsieur ! Il ne s’agit pas d’un hommage à Roméro (qu’on adore également), mais bien d’un hommage à L’Enfer des Zombies de Lucio Fulci ! On a d’ailleurs pompé le premier riff du morceau sur un thème composé par Fabio Frizzi pour ce film. Par contre, à la différence des Zombies de Fulci, amateurs de cerveaux, les nôtres se nourrissent de bites.
Quatorze ans se sont écoulés depuis We Are French Fukk You. Cette traversée discographique du désert est-elle la conséquence d’une vie familiale et professionnelle bien rangée ?
On n’a jamais arrêté de jouer ensemble, c’est juste qu’on a fait ça à un rythme trèèèèèès lent ! (rires) Peu de temps après la sortie de We Are French Fukk You, on s’est remis à composer. Une fois la bonne direction trouvée, c’est-à-dire un mix de goregrind et d’un death old school à la sauce Necrophagia, il a fallu trouver comment composer et répéter malgré la distance qui nous sépare de notre batteur. Avec trois ou quatre répètes par an, c’est vachement long de pondre un album…
En fait, votre nouvel album Regarde les Hommes Sucer est-il une manifestation artistique de la crise de la quarantaine ?
J’ai réécouté l’album avec ça en tête, faut que je parle au responsable des paroles, car y’a quand même deux ou trois trucs qui m’inquiètent…
Pensez-vous que votre clergé peut faire de l’ombre à celui de Ghost ?
Je pense qu’on va faire de l’ombre à tout le monde, il y aura clairement un avant et un après, la scène métal ne sera plus jamais la même… Ou pas. Après pour ce qui est de Ghost, c’est clairement un sujet qui divise au sein du groupe et qu’il est sage d’éviter.
Est-ce que vous vous reconnaissez une filiation artistique avec Ludvwig 88 ?
Ludwig est clairement le groupe culte de mes années collèges !! Houlala 2 est juste un album de dingue, parfait de A à Z et d’une débilité rarement égalée. Je me revois encore en train d’écouter « Fistfuck Playa Club » dans la bagnole sur la route des vacances, avec ma mère qui demandait « ils disent quoi là ? ». (rires) Avec Godemichel, on est allé les voir au Hellfest, ce n’était pas dingue mais ça faisait quand même bien plaisir.
Bon, quand est ce que l’on vous voit sur scène ?
Alors ce n’est pas parce qu’on a sorti un nouvel album qu’on va partir en tournée d’un mois, ou être sur la route tous les weekends, c’est trop fatiguant tout ça. On aime bien faire quelques dates par an, si possible dans des endroits où l’on n’a jamais joué ou bien si les organisateurs ont des concepts bien débiles qui nous font marrer. On va peut-être passer à quatre dates, mais bon, faut pas trop nous en demander.
Enfin, peut-on rire de tout selon vous ?
J’vais pas citer Desproges, ça a déjà été fait mille fois, mais globalement oui… S’il faut se limiter à un humour consensuel et fadasse ça n’a pas trop d’intérêt. Pour moi, ça dépend surtout de qui fait la blague en fait… Les Nuls faisaient fréquemment des trucs assez limites, mais ça passait crème ! Par contre, certains nous comparent à Bigard parce qu’il fait des blagues sous la ceinture, mais en réalité, le mec ne nous a jamais fait marrer. Il donne toujours l’impression qu’il y a un truc malsain derrière.

Ne dit-on pas que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures ?
Mine de rien, pour des formations bien de chez nous, comme les Nantais d’Ultra Vomit ou, dans le cas présent, les Lillois de Gronibard, cela fait plus de vingt ans que ça dure !
Alors, en matière de blagues salaces, scato et autres pipi/caca sous fond de metal extrême, on connaît la chanson. Si, aux États-Unis, on a, par exemple, le death metal de Cannabis Corpse, nos poètes de Gronibard évoluent dans un grindgore sale et primaire, très sympathique sur disque, mais surtout efficace en live.
Ce successeur à We Are French Fukk You (que l’on attendait depuis quatorze ans !!), la barbarie musicale se conjugue toujours avec le politiquement incorrect (le violent premier single, « Fast Gays Of Humanity », « J’ai Été Livré Par DPD »), tout en glissant divers clins d’œil à leurs groupes préférés et, ce, pour notre plus grand plaisir sonore (« Unholy Horces Of Evil » pour Immortal, « To Ride, Shoot Sperm And Drink The Juice » pour Entombed, etc.).
De nombreux samples de nanars X (tirés probablement de leurs longues séances vidéo à la maison durant les confinements) ponctuent aussi cette troisième galette à la fois puérile (« Le Monstre Des Zizis » qui n’a rien à envier au tube de Pierre Perret), jouissive (« Sperm Smoker »), dans un genre mature qui ne sonne finalement plus très frais de nos jours malheureusement. Bien produit, Regarde Les Hommes Sucer est, certes, gras à souhait, mais frôle parfois l’indigestion (« Finger In Anus »), alors que Gronibard excelle en fin d’album (l’épique « De Mysterfriize Pomme Bananas »). Dommage, c’était presque cul(te).
[Seigneur Fred]
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