IN FLAMES : Foregone

Foregone - IN FLAMES
IN FLAMES
Foregone
Death metal mélodique
Nuclear Blast

D’emblée, un grand « tack » à nos Suédois !!! Voici enfin l’album que l’on attendait tous de la part d’In Flames depuis bon nombre d’années sans vouloir leur dire expressément. Après les digressions metalcore et plus alternatives des dernières galettes (Battles, I, The Mask) qui ne satisfirent guère les fans de la première époque (The Jester Race, Whoracle…), expliquant en partie les départs successifs des trois-quarts de ses membres (le guitariste et fondateur Jesper Strömblad en 2010 prétextant officiellement des raisons de santé (alcool) ; puis le batteur Daniel Svensson en 2015, et Anders Iwers (basse) l’année suivante), on espérait donc tous un jour revoir le fameux combo de Göteborg rebriller de mille flammes en revenant à son style de prédilection, à savoir le death metal mélodique. Entre-temps, peut-être que la réaction d’Anders Fridén et Björn Gelotte face au nouveau side-project The Halo Effect paru l’an dernier rassemblant ces trois anciens membres précités autour du frontman Mikael Stanne (Dark Tranquillity et ex-In Flames lui aussi, rappelons-le, sur un certain Lunar Strain en 1993 en tant qu’invité vocal) explique ce retour en force et en (grande) forme, même si forcément l’entame d’écriture de ce quatorzième album studio remonte probablement à il y a déjà plusieurs mois, voire années…

Dans tous les cas, savourons l’instant présent à l’écoute de cet énorme Foregone (signifiant « prévu ou couru d’avance » en anglais) produit par l’Américain Howard Benson (Apocalyptica, Motörhead, etc.). Et revenant à ce qu’il sait faire de mieux, tout en innovant ce qu’il faut (influences metalcore plus légères, discrets arrangements électroniques…), c’était presque couru d’avance que nos Scandinaves accouchent d’une nouvelle véritable bombe de death metal made in Göteborg. De la superbe mélodie folk d’intro jouée à la guitare acoustique gorgée de feeling, agrémentée de quelques parties sobres de violoncelle, le tout avec un son à tomber net par terre, aux riffs tranchants du futur classique « State Of Slow Decay » ou les accords plombés de « In The Dark » et « Cynosure » avec sa basse à la Tool, comment ne pas résister à l’appel d’In Flames ? Et ce formidable groove typique d’IF présent tout du long, alternant passages plus foncièrement heavy, et mélodies (parfois folk), à l’image du magnifique et énormissime « Foregone Pt 2 ». Tout cela ravive tant d’émotions chez nous et donne clairement envie de headbanguer et de les retrouver live sur scène très bientôt, comme à leur apogée à l’époque de Clayman en l’an 2000 avant qu’Anders et sa bande ne cèdent aux sirènes américaines. Souvenez-vous, ils avaient alors tourné et ouvert pour un certain Metallica en élargissant leur style, preuve, certes, de maturité et de besoin d’évolution artistique, mais aussi de choix alors artistique à des fins plus mercantiles, comme leurs ex-camarades de label (Century Media) Lacuna Coil qui introduisirent du new metal dans leur ADN gothic metal typiquement européen… On s’interroge cependant sur la reproduction scénique des performances vocales d’Anders Fridén, parfait ici au micro, mais parfois un peu juste en tournée pour enchaîner chaque soir la puissance des growls, screams, et ses parties de chant clair (un peu comme Nick Holmes (Paradise Lost) à une époque).

Lyriquement, on remarque aussi divers petits clins d’œil ironiques, ou du moins une seconde lecture subliminale, à travers des titres de chansons comme « The Great Deceiver » (destiné peut-être à leur pote Tomas Lindberg (At The Gates…) et son side-project du même nom) ou bien « A Dialogue In B Flat Minor » pour l’accordage en Si typique de certains groupes de death metal. Autre point de détail, le rôle du nouveau bassiste américain. En effet, celui-ci, en la personne de Bryce Paul Newman, n’est pas indéniable, car il participe aux très bons chœurs au côté du chanteur Anders. Enfin, notons aussi l’arrivée plus que positive de Chris Broderick en 2022 sur cet album, même s’il a peu participé à la composition, qui apporte cependant ici un regain de technicité sur certaines chansons, même si Björn Gelotte en demeure le principal guitariste soliste ( « Meet Your Maker », « Foregone Pt 1 » ). L’ancien mercenaire de session (studio et/ou live) pour des formations de renom telles que Megadeth et Nevermore (et toujours actuel Act Of Defiance), au-delà de son imposant CV, impressionne toujours également par sa taille en face-à-face, et fait briller ici un peu plus les douze nouveaux bijoux mélodiques des Suédois. Sans problème, Foregone ravive la flamme chez nous, et constitue déjà l’un des premiers chefs d’œuvre de cette année 2023. [Seigneur Fred]

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