ISAFJØRD : Hjartastjaki

Hjartastjaki - ISAFJØRD
ISAFJØRD
Hjartastjaki
Post pop/rock
Svart Records

Le 2 décembre dernier sortait un petit bijou post rock, l’album Hjartastjaki du duo prolifique Ragnar Zolberg et Aðalbjörn Tryggvason, dit Addi. Ces noms ne vous disent peut-être rien, une présentation s’impose donc ! Le premier est un multi-instrumentiste ayant déjà sorti une petite vingtaine d’opus, dont un live, notamment avec les groupes suédois Pain Of Salvation, islandais Sign et Ró. Quant au second, il est membre fondateur du groupe islandais de post-metal Sólstafir et de crust punk BastarÐur. Autant dire que ces deux-là n’en sont pas à leur premier coup d’essai ! Cette fois-ci, autant on retrouve l’empreinte de Sólstafir avec son côté atmosphérique, autant on s’éloigne pas mal du metal martelé qu’on peut entendre chez BastarÐur. Le choix du nom d’Hjartastjaki pour ce premier effort d’Isafjørd se justifie par la volonté de rendre hommage à la ville dont sont originaires leurs pères respectifs : IsafjÖrÐur, située dans la région des fjords de l’ouest de l’Islande, l’un des coins les plus inexplorés et authentiques de cette terre faite de glaciers et de volcans…

L’album a été conçu dans une vieille maison islandaise, qui a d’ailleurs dû favoriser à donner ce ton mélancolique, souligné par un piano brut qui rajoute à la fois une intensité vibrante et une certaine délicatesse. Leur son se traduit par un parfait mélange entre le rock islandais et une pop profonde et épique. Ils ont réussi haut la main à transformer le metal dont ils sont tous deux empreints en un son atmosphérique et épuré, qui n’est pas sans rappeler certains titres de l’album Amnesiac de Radiohead. Impossible de ne pas penser également à Sigur Rós : on peut reconnaître les solos de guitares saturées typiques du son post-rock nordique et les rythmes lourds de batterie. Leurs deux voix complémentaires nous transmettent une atmosphère particulière, celle d’un doux spleen. On ferme les yeux et on se retrouve transportés dans les landes isolées de l’Islande, cernés par la glace, empreints de langueur et de solitude. On a envie de plonger dans ces eaux glacées pour une immersion totale dans ce voyage à travers le froid et le feu des volcans. Leur musique mélancolique nous hante et touche vite notre âme.

Parmi les huit titres composant l’album, une seule est chantée en anglais ; le reste s’écoute dans leur langue paternelle. Ce choix permet de se fondre encore plus dans la culture scandinave. Nul besoin de comprendre les paroles, les compositions parlent d’elles-mêmes. La pochette en noir et blanc d’Hjartastjaki, sur laquelle on peut apercevoir des habitations et quelques personnes dans la neige, nous annonce déjà la couleur : ça respire l’Islande à plein nez, avec une once de nostalgie. Impossible à dater cependant, cette photo rajoute un côté mystique à leur musique, comme un moment suspendu dans le temps, moment contemplatif dans lequel on a envie de s’arrêter pour prêter l’oreille.

Alors un conseil : emmitouflez-vous bien cet hiver pour ce voyage dans le froid nordique mais ne couvrez pas trop vos oreilles car l’expérience auditive mérite le détour. [Claire Malé (Rockingirl) & Cédric Sire]

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