Il est évident que la communauté métal a eu du mal à se relever après cette pandémie que nous avons tous plus ou moins connue, et beaucoup de groupes, hélas, n’ont pas survécu. Des albums, dit « fantômes » sont apparus ainsi en 2020 sans que leurs auteurs puissent les défendre live. Ce fut aussi le cas de Katatonia qui a subi durant l’attente, disons, à un retour à la normale, mais la formation suédoise est toujours là, après toutes ces années. Un mal pour un bien en fin de compte, donnant naissance à ce treizième opus.
Son gothic metal atmosphérique et sombre est toujours aussi vindicatif, les sujets de spleen ne manquant pas chez notre ami Jonas Renkse à la voix toujours aussi angélique. Pour autant, Sky Void The Stars n’est pas un City Burials volume 2, loin de là. Le spectre sonore est stratosphérique avec les guitares d’Anders Nyström alias « Blackheim », toujours inspiré et volatile. Le premier single proposé fut « Atrium » fin 2022. Celui-ci marqua un retour aux allures de voyage intemporel, cœur de cet album. Vient ensuite le titre d’ouverture « Austerity », morceau plus progressif (rappelant la période The Fall Of Hearts) et touchant également avec le chant mélancolique et aérien de Renkse qui fait mouche à tous les coups, et reconnaissable entre mille. D’ailleurs, l’attention, une fois de plus, se porte sur lui tout au long de l’album. Le bonhomme touche par sa grâce et son velouté sur chacun des mots prononcés.
L’album est très cohérent dans son ensemble, passant de moments forts et intenses à des atmosphères sombres et pesantes. Sans aucun doute, nous sommes bien sur un album de Katatonia. « Opaline » s’avère une chanson redoutable de lucidité mortuaire, alors que « Drab Moon » constitue l’un des points culminants de l’album. Que dire de la participation jubilatoire du chanteur Joel Ekelöf (Soen) sur « Impermanence » qui reste un monument avec, pour le coup, deux voix splendides d’une grande sensibilité. Nos princes scandinaves des ténèbres ne sont pas prêts d’abdiquer avec un tel chef d’œuvre comme Sky Void Of Stars. [Loïc Cormery]
Publicité