C’est accompagné de leurs compatriotes de Kalandra et les Britanniques de Monuments que Leprous écume les scènes françaises (sept dates) lors de son Aphelion European tour 2023. Les Norvégiens, qui nous avaient déjà fait le plaisir de passer par la dernière édition du Motocultor, ne semblent pas rassasiés et c’est lors de leur passage dans la belle salle du 106 à Rouen que nous avons pu de nouveau croiser leur route. [Live report : textes et photos par Norman Garcia]

Et en parlant de route justement, le chemin pour arriver à bonne destination ce mercredi 15 février ne fut pas de tout repos. Un énorme accident sur l’autoroute nous menant à Rouen a bien failli avoir raison de notre patience, à deux doigts de rebrousser chemin. C’est donc avec une énorme déception que nous ne pûmes assister à la représentation de Kalandra, trio œuvrant dans la pop-folk scandinave et dont les retours sont plutôt positifs… Quel dommage !

Arrivés in extremis pour le début du concert de Monuments, c’est certainement dans une tout autre ambiance que le spectacle débute, emmené par un Andy Cizek survolté et remuant. Le set des Anglais est plutôt carré et de bonne facture, la bonne humeur du groupe de metal progressif fait plaisir à voir, et le public normand le lui rend bien.

Autre imprévu ce soir-là au 106, après cette sympathique prestation de Monuments, et pensant être débarrassé de toute autre mauvaise surprise, c’est avec inquiétude que nous avons accueilli les propos du régisseur de la salle venant prévenir l’assemblée que le chanteur norvégien de Leprous, Einar Solberg, était malade, mais qu’il allait tant bien que mal tenir sa place ce soir. Que pouvions-nous bien attendre d’un Leprous en demi-teinte dont l’un des principaux atouts est justement la performance vocale de son frontman ? La douche froide pointait donc le bout de son nez… Mais c’était sans compter sur le professionnalisme et la résilience du chanteur, qui, même limité vocalement, fera bien mieux que sauver les meubles des Scandinaves. C’est un homme plus charismatique qu’à l’accoutumée (comparé au concert du Motocultor) qui se présente devant nous et qui n’hésitera pas à communiquer avec le public français à plusieurs reprises, pour son plus grand plaisir (notamment, lorsqu’il lui demande de choisir entre l’interprétation de l’hymne « Into the Flame » et « I lose Hope » ). Einar ne manquera pas non plus de dédier le morceau « Castaway Angels » à l’Ukraine en guerre…

L’autre bonne surprise de la soirée est la présence de Raphael Weinroth-Browne au violoncelle, qui n’est, certes plus, un inconnu au sein de la famille Leprous, et qui joue à merveille son rôle de sixième membre (apparemment bien plus mis en avant que lors de leur récente date parisienne). Mais ce qui fait également la force des Norvégiens, en plus de posséder un chanteur hors pair, est aussi de compter dans leurs rangs des musiciens de qualité, qui ne font pas dans la surenchère (moins dans la démonstration technique que par le passé) et qui dégagent une belle assurance et une véritable osmose sur scène. On les voit d’ailleurs régulièrement autour d’Ihsahn (Emperor) dans son line-up en concert. À l’instar de cet autre artiste norvégien bien connu, Leprous fait vraiment figure de formation à part dans le paysage du metal progressif (et même au-delà de par ses influences pop et new wave).

Maintenant, la question qui se pose est de savoir si les velléités de carrière solo d’Einar Solberg (son premier album solo intitulé 16 sortira le 2 juin 2023 via InsideOut Music) ne viendront pas perturber un groupe qui semble désormais au sommet de son art ce soir, à l’image de son chef d’œuvre Aphelion que l’on vous recommande si vous aviez raté un épisode en 2021 (Lire notre interview et chronique dans Metal Obs #99 sept-oct. 2021 p. 44).

Setlist :
Have You Ever ?
The Price
Bonneville
Observe the Train
On Hold
Castaway Angels
From The Flame I Lose Hope
Alleviate
Out Of Here
Distant Bells
The Cloack
Below
Nighttime Disguise
The Sky Is Red