Blurr Thrower nous avait déjà tapés dans l’œil avec son premier EP Les Avatars du vide et sa suite Les Voûtes. Le brillant multi-instrumentiste Guillaume Galaup change de cap avec ce projet, ô combien cathartique, Limbes. Son premier rejeton, Ecluse, compte quatre morceaux-fleuves, pas un de plus. Laissant la part belle à l’expression, l’instrumentation et le chant si pénétrants aspirent l’auditeur curieux dans une spirale qui débouche jusqu’aux tréfonds de l’âme : les hurlements glaçants et douloureux, les blasts ininterrompus ou presque, la guitare brute, délivrée d’un bloc, d’une traite, comme sous le coup d’une urgence qui nous échappe…
Avec son contenu lyrique digne du recueil de poèmes Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire version 2023, l’artiste dévoile l’expression d’un esprit tumultueux : les encensoirs, les viscères, l’éther, les fleurs empoisonnées, tout cet univers transpire la psyché humaine dans ce qu’elle a de plus esthétique et paradoxale. Peut-être hermétique, assurément exigeant, cet album est à découvrir et à savourer progressivement, seul, avec parcimonie, comme une boîte de Pandore entrouverte qu’il faut savoir refermer pour décrocher de son introspection maladive afin de retourner à la réalité, au risque de ne pas en sortir indemne, quoique la réalité n’est pas forcément mieux actuellement…[Marie Gazal]
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