LINDY-FAY HELLA : Islet

Islet - LINDY-FAY HELLA & DEI FARNE
LINDY-FAY HELLA & DEI FARNE
Islet
Pop folk/new wave/ambient
By Norse Music

Quand elle ne chante divinement pas au côté d’Einar Selvik dans Wardruna, la formidable et sympathique artiste norvégienne Lindy-Fay Hella aime œuvrer le temps d’une escapade en solitaire. Enfin pas tout à fait, la dame sait toujours bien s’entourer, que ce soit sous son propre projet solo depuis 2019 devenu finalement un groupe avec Dei Farne, ou bien divers projets comme Whispering Void (premier album At the Sound of the Heart à paraître en octobre 2024 sur By Norse Music) réunissant la principale intéressée, Gaahl (de Gaahl’s Wyrd, ex-Gorgoroth, ex-Wardruna) et Iver Sandoy (Enslaved), ou alors à travers des collaborations éphémères le temps d’une chanson inoubliable comme avec My Dying Bride ou Mortemia. Son but artistique dans tout ça ? Expérimenter et faire autre chose que du folk/ambient avec Wardruna, et laisser ainsi libre cours à son imagination, tant lyrique (ses rêves, ses craintes, souvent inspirées de voyages) que musicale, faisant ressortir ses influences de jeunesse empreintes de pop, new wave, et de musique électronique et progressive…

Il en résulte ce déjà troisième album solo, enfin deuxième avec le musicien Roy Ole Førland alias « Dei Farne », après Seaferer en 2019, et Hildring en 2021. Se cachent aussi derrière ce nom d’autres musiciens discrets en studio, et un producteur : Iver Sandoy (batteur et producteur d’Enslaved). Baptisé Islet, cette oeuvre assez inclassable et qui déroutera les purs fans de folk à la Wardruna ou de metal, mais qui saura séduire les adeptes de neo folk et surtout d’expérimentations dark/electro/new wave. S’ouvrant en légèreté sur « Sintra », introduction dépaysante inspirée d’un voyage au fameux lieu-dit portugais, nous plongeons progressivement dans l’univers sombre et onirique de l’artiste scandinave sur des boucles électro avec « Dark Water », puis le troublant « Whisper » avec ses chœurs aux accents world music.

Si des influences comme Björk, une autre grande artiste nordique, viennent à l’esprit, on baigne dans une douceur hybride entre pop, new wave, et électro. Point de folk ici, même si certaines atmosphères peuvent rappeler Wardruna (« Low Water » et son violon ou sa viole suédoise), la comparaison s’arrête là. Et surtout Lindy-Fay Hella chante ici différemment, murmure, susurre, crie, exulte, joue avec nos sens sur des tonalités parfois inédites, comme sur le troublant « Slowly The Light Dies Out » ou « Like The Star », le tout sur des rythmes hypnotiques, parfois carrément dansants (le single « Whisper »), rappelant l’apogée du new wave des années 80. L’émotion règne ainsi tout au long de l’album, en toute liberté, sans frontière, la voix versatile de Hella et les ambiances nous procurant des frissons comme sur le superbe autre single « Furnas » en fin de disque. Affranchie de Wardruna le temps d’une respiration en solitaire (un nouvel album arrive bientôt cependant, nous a-t’elle confiée en entretien), la chanteuse norvégienne nous rafraîchit ici durant un peu de trente minutes. Véritable oasis, Islet fait du bien. Un peu de douceur dans un monde de brutes… [Seigneur Fred]

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