MESSA : L’été indien… (Motocultor 2023)

L’été indien touche à sa fin en France, et quelle meilleure manière de rentrer dans l’automne en écoutant le doom metal atmosphérique et empli de charme méditerranéen avec le quatuor italien Messa. Interviewé l’an dernier pour leur fantastique troisième album Close (Svart Records), ils ont sorti cette année Live At Roadburn, avec un line-up agrandi spécialement pour l’occasion. Profitant de leur passage cet été 2023 au festival breton du Motocultor désormais établi à Carhaix (Finistère), nous avons interrogé le groupe de Trévise sur son ressenti à chaud du concert, ses influences, et ses projets, afin de mieux connaitre ses sympathiques musiciens et sa charmante chanteuse avec lesquels il y a clairement une connexion spirituelle avec la France. [Entretien réalisé avec Marco Zanin alias « Mark Sade » (basse), Sara Bianchin (chant), Alberto Piccolo (guitares), et Rocco Toaldo alias « Mistyr » (batterie) par Seigneur Fred – Photos live : Seigneur Fred ; autres photos : DR]

Comment s’est passé votre concert ici au Motocultor où c’était la première fois, si ma mémoire est bonne, que Messa se produisait mais ce n’était pas votre premier concert français dans tous les cas ? (sourires)
Marco : C’était incroyable ! Je veux dire, c’était en plus notre dernier concert de la tournée, donc c’était un peu spécial même si l’on était un peu fatigué. Après, on rentre chez nous en Italie. Donc c’était une belle manière de finir cette tournée d’été avec cette date annexe dans un grand festival. Et non, en effet, ce n’était en effet pas la première fois que l’on joue en France. On a déjà joué dans de plusieurs lieux, plusieurs villes : Paris, Lille, Toulouse… Ce sont toujours de bons concerts ici. Depuis le départ en fait, on a une bonne base de fans en France. Comme j’expliquais précédemment à tes collègues, il y a ici un public qui nous suit car pas mal d’endroits, de clubs, de salles de concerts aiment notre musique et nous programment. Les gens apprécient notre musique et semblent mieux la comprendre par rapport à d’autres pays…

En condition de festival, ce n’est pas toujours évident pour interpréter une telle musique, mélancolique et émotionnelle, surtout en plein jour. Pas de problème technique ?
Rocco :
C’était bien, génial là encore. Pas de problème technique dans l’ensemble. Rien à dire.

Votre concert commença doucement, timidement même, puis progressivement c’est monté en puissance jusqu’à un certain climax en fin de concert, le charme de Sara au micro opérant peu à peu… Enfin c’est ma description et mon ressenti. Qu’en dites-vous ?
Sara :
Merci. Aujourd’hui, c’était très bien. Parfois il peut y avoir des problèmes sonores, et puis c’est un peu la course entre deux dates. Mais on s’adapte de toute façon.
Marco : Oui, c’est à peu près ça… (rires) On a aussi joué pas plus tard qu’avant-hier dans un autre festival, à l’intérieur d’un vrai volcan, sur une scène installée sur l’eau (Ndlr : Montpeloux en Auvergne). C’était super cool comme cadre, devant environ trois-cent personnes. Ça s’appelle comme festival les « Volcano Sessions ». (Ndlr : il me montre sur son mobile). Il y eu tellement de belles choses en France, tu sais, on a tellement de souvenirs de tous ces superbes concerts un peu partout, tu sais…

La prochaine fois alors, comme idée de concert ou festival, au lieu d’enregistrer votre Live At Roadburn capté là-bas aux Pays-Bas en 2022 (et sorti cette année 2023), faites-le par vous-même au pied du Vésuve chez vous en Italie, comme Pink Floyd avec son Live At Pompei en 1972… C’est aussi une bonne idée comme festival, non ? (rires)
Sara : Ouais ! (rires)
Marco : (rires) Ok, pourquoi pas ! Ce serait fou, mais il est encore plus ou moins en activité… Mais allons-y ! (rires)

Quelles sont les influences musicales au sein de Messa car à mon avis, elles doivent être très diverses et métissées, non ? (musique ethnique ou folk méditerranéen, oriental, doom metal, rock stoner, heavy metal, sludge metal, etc.)
Alberto : Oui, un peu comme tout ce que tu viens de dire, en fait. Il y a des choses, des influences communes que l’on partage tous, bien sûr, et puis d’autres goûts plus individuels. Personnellement je viens plutôt du blues, alors que lui, Marco, vient du black metal…
Marco : Ouais !! Evil ! (sourires)
Sara : Et moi, du punk rock ! (rires) Mais je veux dire, on écoute beaucoup de choses différentes, on n’est pas fermé, et on ne se limite pas à un seul genre. On a l’esprit ouvert, je pense. Mais forcément, ce qui nous réunit c’est tous ces genres, car on a tous commencé à jouer quelque part et on aime le metal en général. Disons que tout ce qui nous a construits fait aujourd’hui Messa, avec tous ces brassages, ces cultures différentes nous ont amené à Messa en fait.

Et toi alors Marco, tu viens du black metal et es un amateur du genre ? Hellhammer, Bathory, Venom, et puis toute la scène scandinave et britannique des années 90’s ensuite…
Marco :
Oui, voilà, mais aussi des trucs plus barrés comme Turbonegro ! (rires)

Tu utilises une basse un peu spéciale sur scène, Marco, j’ai remarqué. Quel est ce modèle ?
Marco :
En effet. C’est une basse de la marque américaine Kramer. Ça se faisait pas mal au milieu des années 70’s, puis 80’s. Il y a une tête spéciale en forme de « v » en haut du manche. Et mes cordes sont doublées, sur lesquelles j’utilise des effets, ce qui fait presque une seconde guitare finalement…

Et toi Alberto, tu joues plus classiquement sur une bonne vieille guitare Gibson SG et aussi une double manche comme Robert Plant (Led Zeppelin) ?
Alberto :
Ouais, Et  donc aussi, oui sur certains passages la guitare douze cordes. C’est aussi l’une de mes influences…
Sara : Tu as visé juste là, tu marques un point-là. (rires) C’est l’une de nos références communes en hard rock… (sourires)

Que t’apporte justement l’utilisation d’une telle guitare à double manche comme Jimmy Page ?
Alberto : Pour obtenir un son comme sur notre dernier album Close avec des sonorités tantôt plus graves, tantôt plus aigües. Et  cela m’évite de changer de guitare continuellement sur scène durant une même chanson.

Mais Alberto, tu as recours également à des instruments folk traditionnelles comme le oud par exemple… ?
Alberto :
J’en utilise sur album (studio), oui. Du oud et aussi du buzuki. On peut également les entendre sur notre album live pour lequel on a eu recours à d’autres musiciens. Il y a également de la mandoline sur album et sur cet enregistrement live de la mandoline que je joue.

À propos de cet album Live At Roadburn enregistré donc en public au festival hollandais en 2022 et publié cette année, vous étiez plus nombreux pour ce concert. On peut compter huit musiciens sur la pochette du disque, au lieu de quatre aujourd’hui avec le line-up classique. Envisagez-vous de refaire une telle performance de Messa avec huit personnes sur scène et partir en tournée ainsi ?
Marco :
En fait, au printemps dernier, on a déjà fait une dizaine de dates de concerts justement dans cette configuration à huit musiciens en mai 2023. En plus de Sara, on avait sept musiciens autour. On s’est produit ainsi dans des cinémas, des théâtres, des églises même. Cela dépend donc du cadre, du contexte, et des possibilités. Ce fut une tournée spéciale. Sur l’entame de ce genre de set, on est davantage sur un set acoustique en fait. Après il y a les guitares et basse électrique.
Sara : Je pense que ça dépend vraiment aussi de la nature des instruments dont on a besoin sur scène. Après, avoir un tel line-up plus étendu, cela nous permet d’interpréter des morceaux que l’on ne peut pas faire à quatre sur scène, sauf en utilisant des bandes sonores, mais ça serait triché. (rires)

Cette tournée spéciale et ce Live At Roadburn vous a-t’il inspiré pour continuer ainsi, dans cette direction artistique, pour l’avenir ?
Alberto :
Je pense que c’était plus l’expression d’un moment donné autour de l’album Close. Tu sais, tout ce que l’on fait de toute manière alimente notre bagage, notre expérience, que ce soit en live ou studio. Mais pour l’heure, je ne sais pas trop si l’on refera ça exactement sur un nouvel album. On n’aime pas trop se répéter.

Vous n’avez pas envie de continuer à expérimenter dans ce style post rock/folk et doom/stoner occulte et ethnique, sans tomber non plus devenir trop cliché comme groupe Italien ?
Marco :
Peut-être, oui. On peut aussi changer et faire du metal disco italien ! (rires)
Sara : Tu verras, ce sera à découvrir par la suite… (sourires) On peut mélanger les choses, continuer d’évoluer et passer d’une chose à une autre, tu sais. On ne se fixe aucune limite, comme je disais tout à l’heure. Messa sera toujours Messa. Mais comment va sonner le prochain album, ça on ne sait pas encore ? (rires)

Êtes-vous toujours en contrat avec le label Svart Records pour un prochain disque ?
Alberto :
Non, nous n’avons plus de contrat discographique pour l’heure. On est donc libre, et on compte bien le rester, libre, du moins artistiquement.

Vous êtes alors en mode « Do It Yourself » alors ?
Sara :
Oui, c’est ça, jusqu’à présent.

Enfin, Sara, quelles sont tes principales influences en matière de chant ? Des chanteuses essentiellement, je présume ? Lisa Gerrard (Dead Can Dance) par exemple ?
Sara :
Ah, j’adore Lisa. Elle donne vraiment des frissons. La chanteuse égyptienne aussi, Oum Kalthoum, c’est une grande dame, enfin c’était puisqu’elle a disparu il y a longtemps déjà. Elle a beaucoup compté pour moi…

Tu m’as dit que tu venais du punk, alors Nina Hagen peut-être aussi ? Je plaisante… (rires)
Sara :
Oui, aussi, j’aime vraiment bien Nina Hagen, mais à vrai dire, je préfère Suzie Sioux de Siouxsie and the Banshees en fait.

Et Sinead O’Connor qui est décédée récemment cet été… ?
Sara :
Oui, je connais et c’était une grande chanteuse aussi. Mais je ne suis pas fixée, attachée à une chanteuse en particulier ni à un genre spécifique encore une fois. C’est très étendu. Tu vois, j’aime aussi Billy Holiday. Dans le metal, j’adore la chanteuse de The Devil’s Blood également (Ndlr : Farida Lemouchi).

As-tu des affinités avec une chanteuse italienne de goth metal bien connue, Cristina Scabbia, du groupe de goth/new metal Lacuna Coil ?
Sara :
Oui, on se connait un peu. On va justement faire une date de concert ensemble à la rentrée en Italie, avant de partir en tournée aux Etats-Unis en octobre avec les groupes Maggot Heart et Weeping Icon.

Publicité

Publicité