MESSA : Live at Roadburn

Live at Roadburn - MESSA
MESSA
Live at Roadburn
Stoner/Doom metal atmosphérique
Svart Records

Nos voisins italiens de Messa, serviteurs du doom occulte et atmosphérique, étaient de passage l’an dernier au Roadburn Festival (NL), accompagnés pour l’occasion d’une constellation unique de musiciens. Nous les avions d’ailleurs croisés et interviewés en 2019 au Hellfest. Déjà invités cette même année au prestigieux festival hollandais, le résultat de ce second show immortalisé cette fois en 2022 en est des plus magnifiques aujourd’hui. Seulement quatre titres composent cet album live et pourtant, l’écoute va s’avérer intense…

C’est le morceau « Suspended » (tiré de leur dernier chef d’œuvre studio Close en 2022/Svart Records) qui ouvre ce bal hypnotique et intimiste. Avec ses influences très méditerranéennes, mélangées à du heavy/doom pur, le son est chaud, profond, et il se dégage cette impression de voyage vers la Rome Antique (l’introduction serait parfaite pour illustrer un documentaire historique sur l’époque). Les couplets ont un côté jazzy, le solo de guitare vient apporter une touche ensoleillée qui sent bon l’Italie du Sud, bien qu’une part plus sombre se dégage sur les parties purement doom… Et c’est là ce qui est véritablement intéressant chez Messa : leur musique occulte et métissée mélange plusieurs styles tout en gardant une base metal solide. En dépit de toutes ces différences de sonorités, aucun des morceaux ne part dans tous les sens, c’est intelligemment orchestré et chaque instrument est ajouté avec délicatesse.

S’ensuit le titre « Orphalese » et son saxophone vibrant, toujours extrait de Close. Cette fois-ci, la partie introductive se fait plus orientale. Messa sait soigner ses compositions : tout en nous faisant plaisir aux oreilles, le groupe de Citadella (situé près de Padoue et Venise) réussit à nous faire voyager vers des contrées lointaines et chaudes, sans que nous ayons à bouger de notre canapé. Bien qu’il démarre lentement, normal pour du doom, le morceau n’est en rien ennuyeux, tout est parfaitement mis en place pour nous captiver, il n’y a plus qu’à se laisser porter. Le son est vivide, brûlant, mais donne à la fois des frissons de par son intensité. La guitare et le saxophone qui se rejoignent donnent à l’ensemble une dimension frémissante et palpitante. Mais le joyau de ce live réside surtout dans le chant de Sara Bianchin. Ses tons ensorcelants et envoûtants rappellent ceux d’une sirène, comme l’on en retrouve dans les nombreux récits de la mythologie gréco-romaine. Elle appelle à elle l’auditeur qui ne peut se détacher de ce qu’il entend. Sans même la voir, rien qu’à l’écho de sa voix, on devine aisément sa prestance sur scène et son charisme. Même Ulysse n’aurait pu y résister…

Puis démarre la troisième chanson, « 0=2 ». La guitare acoustique vient sublimer la voix de Sara. Une certaine douceur se dégage de cette troisième pièce. Jusqu’au moment où la batterie fait son entrée, mais toujours là où il faut pour que l’ensemble prenne bien toute son ampleur. Comme du reste, il est fascinant d’entendre le naturel avec lequel se mélangent les différentes influences au niveau instrumental. Cette fois, le saxophone, joué par Giorgio Trombino, est l’instrument qui apporte le plus d’émotions. Les riffs de guitare sont des plus intéressants et restent assez tranchants pour nous rappeler que l’on a affaire-là à un groupe de metal.

Par ailleurs, si les morceaux sont longs, on ne voit tout de même pas le temps passer tant musicalement c’est beau et mélodieux. Quand le quatrième et dernier morceau arrive, « Pilgrim », il est difficile de se dire que c’est déjà la fin du show. On aimerait presque que ce moment dure éternellement. Bien évidemment, « Pilgrim » (extrait également de Close) est du même acabit que les autres plages, avec un jeu de guitare parfaitement exécuté et cette touche orientale chaude, évocatrice de paysages antiques lointains. Pour finir en beauté, Messa envoie toute sa sauce doom, et l’on finit par entendre une chanson bien heavy comme on les aime. De plus, la basse de Marco revêt ici quelque chose de plus hypnotique qu’ailleurs.

Il va donc sans dire que ce Live at Roadburn est des plus captivants, bien moins froid que le live de 2021 des locaux de Wesenwille, I: Wesenwille & Live at Roadburn (Les Acteurs de L’Ombre Productions) par exemple, mais d’aussi bonne facture dans un genre tout simplement différent (signe de l’éclectisme du festival Roadburn). Le son d’une qualité indéniable nous donne presque l’impression d’écouter un album studio capté live, le public étant discret dans ce genre de concerts. Messa fait incontestablement partie de ces groupes qui vous donnent la chair de poule en live qu’il faut donc voir et entendre en concert. Et cet album est clairement le live de 2023, à se procurer sans hésitation. [Aurélie Cordonnier]

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