MISERY INDEX : Complete Control

Complete Control - MISERY INDEX
MISERY INDEX
Complete Control
Death metal/grindcore
Century Media/Sony Music

Le regretté Jim Morrison avait dit, de son vivant : « Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits ». Eh bien, il n’avait pas tort car plus que jamais, dans nos sociétés modernes, les médias, que ce soit la TV, internet et ses réseaux (a)sociaux, ou la musique (si l’on considère cette dernière comme un médium), nous influencent quotidiennement et façonnent notre manière de penser. En cela, Misery Index l’a bien compris et le martèle depuis 2001 du côté de Baltimore (Maryland). Dénonçant depuis des années les travers du système politico-socio-économique mondial capitaliste symbolisé à lui seul par l’Oncle Sam, nos quatre tueurs-nés du death/grind US repointent le bout de leur nez avec Complete Control, un septième brûlot studio proche de la perfection, ce qui en deviendrait presque agaçant à force…

Il faut dire qu’il n’y a rien de tels qu’une pandémie et un changement de président pour être inspiré et ressortir gonflé à bloc. Alors que Rituals of Power avait mis tout le monde d’accord en 2019 (Season of Mist), on se demande bien ce que peut encore offrir aujourd’hui Misery Index, leader écrasant de la scène américaine au côté de Dying Fetus, autre groupe plus foncièrement brutal death/grindcore, dont les dénominateurs communs sont l’ancien batteur et excellent Kevin Talley et l’actuel co-fondateur Jason Netherton. La réponse serait double : une once de mélodie, et plus d’humanisme. Si, si ! Rien que par son riff de guitare dissonant et sombre (qui ravira les fans d’Ulcerate), rejoint très vite par la basse vrombissante de Jason, on se dit que l’ambiance s’annonce des plus sombres, et que ça va tabasser sévère ensuite ! Bingo ! Les cris du bassiste déchirent une musique, en effet, un poil plus mélodique et mélancolique puis les chevaux sont lâchés sur « Administer The Dagger« . A la batterie, Adam Jarvis (God Enslavement, Lock Up, Pig Destroyer, Scour avec Phil Anselmo, ex-Hate Eternal (live))…) martèle ses futs à un rythme infernal d’au moins 300 bpm, faisant passer Peter Sandoval pour un joueur du dimanche pour banquets et anniversaires. « The Eaters and The Eaten » est du même accabit avec un riff de guitare éclair et incisif très vite contrebalancé par un break et un nouveau riff plus simple mais ô combien efficace. Les deux chanteurs Mark Kloeppel (également guitariste) et Jason Netherton se répondent au micro sur un rythme effréné là encore, ce qui accentue comme à l’accoutumée le dynamisme des compos du quatuor américain, car c’est là l’un des forces de frappe de Misery Index. Ce groove aussi bien vocal qu’instrumental, la brutalité, et la technicité des musiciens servent des compositions sur lesquelles il est impossible de faire une sieste et qui ne peut donc que réveiller Joe Biden dans son bureau ovale, penché sur ses dossiers sociaux et divers problèmes géopolitiques, le président américain devant faire face à la réalité du monde et ses déboires au risque de provoquer une troisième guerre mondiale contre le tyran russe. Le guitariste soliste chauve Darin Morris, quant à lui, généralement plus discret, insuffle de courts soli qui donnent cette touche mélodique dans ce dédale de baffes et de riffs à gogo comme par exemple sur l’excellente chanson-titre ou l’intro de « Conspiracy of None ».

Les influences habituelles punk/hardcore/grindcore ne sont pas en reste, et de sacrées mosh parts enflammeront les pits du monde entier très bientôt (« Conspiracy of None », « Infiltrators » rappelant la thématique lyrique de leur album Traitors). Si Complete Control ne recèle peut-être pas de véritable innovation ou nouveauté de la part de nos Yankees (le très classique « Reciprocal Repulsion » à la Napalm Death), le sujet est tellement bien maîtrisé et convaincant, tant musicalement que lyriquement, que l’on peut difficilement faire un quelconque reproche à Misery Index qui atteint certainement là son apogée dans sa carrière. Comme quoi le malheur des uns (crise sociale, pandémie, guerre, injustice, corruption, etc.) fait souvent le bonheur des autres. [Seigneur Fred]


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