NATTVERD : Dans le mépris de l’enfer et dans la fierté du diable

Toujours isolés dans les fjords du grand nord scandinave, les membres de Nattverd inaugurent un nouveau chapitre. Avec I Helvetes Forakt (« l’enfer est en colère »), le ton est donné. Loup enragés, tempêtes glaciales, la fureur de la nature se déchaîne plus que jamais sur ce quatrième brûlot de black metal, et qui annonce une saga musicale inédite (et déjà en préparation). [Entretien avec Sveinr (basse) par Louise Guillon & Seigneur Fred – Photos : DR]

I Helvetes Forakt sort juste un an et demi après votre dernier album en date, Vandring (retrouvez notre précédente chronique ici). D’où vient cette inspiration frénétique ?
Puisque le groupe a commencé bien avant que la musique ne sorte, nous avions, et avons encore tellement de matériel, depuis les temps anciens, que nous avons écrit tout le temps, même bien avant 2015, quand notre premier album est sorti. On compose et écrit également tout le temps maintenant, donc il y a beaucoup de matériel à force à prendre. Et on va en studio quand nous en avons envie. Il n’y a pas de règles avec Nattverd. Nous entrerons d’ailleurs à nouveau en studio cette année, en novembre, pour enregistrer la suite de I Helvetes Forakt, qui est une continuation naturelle de cet album, puisque le matériel a été écrit à la même période. On a même un EP terminé et masterisé avec trois chansons originales, plus trois autres titres, des reprises en fait, qui datent d’il y a trois ans. Mais on n’a pas trouvé le temps de le sortir jusqu’à présent, puisque les albums sont prioritaires. Donc pour le moment, nous allons d’abord nous concentrer sur le nouvel album et sur les concerts.

Que signifie « I helvetes forakt » en norvégien ? Bien sûr, l’application Google Traduction existe, mais pourrais-tu l’expliquer avec tes propres mots et sentiments ainsi que le concept (s’il y en a un derrière), s’il-te-plaît ?
En fait, il faut le penser avec le nom du groupe. Nattverd I helvetes forakt, signifie « Dans le mépris de l’enfer ». Pour nous, cela signifie que l’enfer est en colère, contre le monde, l’humanité, la religion. Notre prochain album s’appellera …. Og i Djevelprakt. Ces deux albums sont donc liés par le titre complet : I Helvetes Forakt Og Djevelprakt, ce qui veut donc dire dans son ensemble : « Dans le mépris de l’enfer et dans la fierté du diable ».

Quelles sont vos plus grandes sources d’inspiration (groupes de musique, vie personnelle, expériences) pour continuer à tracer votre propre voie aujourd’hui dans le black metal que vous proposez ? Qu’est-ce qui alimente votre musique ?
Les vieux groupes que nous écoutons toujours. La première vague de groupes de black metal dans les années 90. Pas vraiment un groupe en particulier, mais plutôt l’essence de tout cela. Et je dirais le monde dans lequel nous vivons, l’humanité, la religion. Ce qui nous alimente, c’est la façon dont l’humanité est devenue une race désastreuse. On détruit tout ce que l’on a. Nous détestons tout ce qu’est le monde en 2023, et cela alimente beaucoup de frustration chez nous, qui a besoin d’être libérée quelque part…..

Vous avez dit que cet album était plus dynamique que le précédent. Avez-vous considéré cette trilogie d’albums comme une escalade de sentiments violents (je parle de ce que vous ressentez en écoutant votre musique) ?
Il est devenu plus dynamique parce que nous avons commencé à répéter ensemble en tant que groupe et à jouer en live. Tout est devenu plus compact. Et nous sommes entrés cette fois dans un nouveau studio avec le producteur Ruben Willem. Il s’agit des Caliban Studios, situés dans les bois désolés de Norvège, au bord d’un grand lac. Un scénario idéal pour trouver l’inspiration dans notre genre. Il est également venu avec ses idées, et je pense que c’est ce qui a rendu le projet plus dynamique sur I Helvetes Forakt. La trilogie était en fait un ancien morceau de Nattverd que nous avions en stock, qui possédait une ambiance spéciale et différente de celle du premier album Vi Vet gud Er En Løgner, en comparaison avec le nouvel album. Au lieu de le sortir sous un autre nom, nous avons décidé de l’enregistrer comme une trilogie, c’est aussi pour cela que nous avons changé le logo de ces trois albums. Le nouvel album aura aussi un lien avec l’album que nous enregistrerons en fin d’année, sans qu’il y ait de concept particulier entre eux.

Maintenant que la trilogie est terminée et qu’une nouvelle commence, quels sont vos projets ?
Nous nous sommes concentrés sur les répétitions, et avons donné un concert à Oslo en Norvège avec le groupe Eternity (Ndlr : autre groupe norvégien signé sur le même label Soulseller Records, déjà interviewé dans le passé à Metal Obs, et qui s’apprête justement à sortir son nouvel album en juillet 2023). Et nous venons aussi de jouer au Steelfest Open Air (Finlande). L’écriture du prochain album est déjà terminée, il ne reste plus qu’à faire une démo de la batterie avec Renton. Nous entrerons ensuite au studio Caliban en novembre. Il y aura aussi quelques concerts supplémentaires cette année…

Vous avez une esthétique musicale et visuelle très distincte, donc je me demandais… Est-ce que l’esthétique des clips et de la pochette de l’album sont des clés nécessaires à l’écoute d’un album comme Vandring ou le nouveau I Helvetes Forakt ?
Pour nous, oui. En fait, l’aspect visuel et les paroles sont aussi importants pour nous que la musique. Il faut que ce soit un tout. Mais d’après les standards actuels, il est probable que peu de gens se soucient d’autre chose que d’appuyer sur « play » sur internet…

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire sur la peste et non sur une autre maladie ?
Parce qu’en Norvège, il y a quelque chose d’étrange, d’inconnu dans cette histoire sur ce qu’elle était vraiment, notamment au Moyen-Âge. Il y a tellement de questions qui restent sans réponse… C’est pour cela que nous avons écrit sur ce sujet, pour nous interroger, pour nous poser des questions.

Je peux facilement vous imaginer en train de composer pour votre propre plaisir. Mais que pensez-vous du public pour lequel vous jouez de la musique ? Avez-vous un public spécifique en tête, ou votre musique s’adresse-t-elle à tous les fans de metal (ou seulement de black metal) ?
En général, je déteste dire cela, mais honnêtement, nous écrivons la musique d’abord et avant tout pour nous-mêmes. Si quelqu’un l’aime, c’est un bonus ! Je pense qu’il y a beaucoup de choses dans Nattverd que la plupart des gens peuvent aimer. Il y a beaucoup d’ambiances. C’est à la fois mélancolique, agressif, et rock’n roll. (sourires)

Allez-vous bientôt jouer en concert et partir en tournée en Europe et en Amérique ? Et peut-être pouvons-nous espérer vous voir en live prochainement par chez nous ?
J’espère que nous le ferons à un moment donné. Cela doit être planifié avec soin, car nous sommes un groupe qui ne va pas tourner sans arrêt, ou jouer en live à chaque festival. Nous avons une famille et des enfants, un travail, etc. Donc la musique doit être organisée en fonction de cela. Alors Nattverd sera également plus exclusif sur le front des concerts.

Enfin, question plus personnelle : que penses-tu du dernier album d’Immortal intitulé War Against All ? Immortal est probablement une énorme influence pour les légendes du black metal norvégien comme Gorgoroth, etc., n’est-ce pas ?
Je ne l’ai pas écouté. Bien sûr, de vieux albums comme Diabolical Fullmoon Mysticism et Pure Holocaust demeurent des classiques du black metal, norvégien, qui plus est, en effet. Même Battles In The North aussi. Merci à toi dans tous les cas, et restez black !


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