NECROPHOBIC : Happy birthdead !!

Mastodonte de la scène black/death suédoise des années 90 au côté de feu Dissection et autres, Necrophobic signe à présent In The Twilight Grey, un troisième effort pour le compte du label allemand Century Media, et ce, quatre ans après le très bon Dawn Of The Damned. Loin d’avoir perdu la foi en sa musique, c’est avec plaisir que le fameux groupe de Stockholm s’est exprimé sur son état d’esprit plus que confiant, et ce, à quelques jours de la sortie de son dixième opus studio. [Entretien avec Anders Strokirk (chant) par Louise Guillon – Photos : DR]

Salut, j’espère que vous tu vas bien. Commençons par ce nouvel album, In The Twilight Grey. C’est le dixième album de votre carrière pour Necrophobic, c’est pas rien ! L’avez-vous célébré ?
Salut ! Nous allons bien. Oui, nous célébrons la sortie – champagne et tout… Ça a été un long voyage pour arriver jusqu’ici et je dois dire que je suis heureux que nous soyons toujours là pour profiter de ça et que nous ayons encore quelque chose de génial à livrer aujourd’hui, et que les fans aiment ça.

Plusieurs dates ont d’ores et déjà été annoncées, avez-vous hâte de remonter sur scène ?
Nous nous sentons bien et fin prêts, oui, pour monter sur scène en jouant les nouvelles chansons. C’est formidable étant donné que certaines de nos chansons sont jouées depuis trente ans déjà maintenant et que nous sommes toujours en mesure de proposer pour autant de nouvelles choses qui nous procurent des sensations fortes tout en les interprétant.

Avez-vous cherché une nouvelle forme d’expression sur cet album, construire quelque chose de nouveau et différent peut-être ?
Nous pourrions dire que Necrophobic possède sa propre entité qui évoluera toujours et deviendra plus forte et meilleure sous toutes ses formes. Il est naturel que le groupe grandisse mais ne perde jamais de vue le chemin qui a également évolué pour être plus clair et plus brillant tout au long de ses trente années… Sur cet album, nous voulions que cet album soit en lien avec l’histoire, et avec le vieil homme qui regarde en arrière et essaie de convoquer sa vie. Les chansons sont donc plutôt dans la continuité des albums de Mark Of The Necrogram, et Dawn Of The Damned, mais avec cependant une forte dose de nos classiques que demeurent les albums The Nocturnal Silence, et Darkside principalement.

Cette troisième sortie consécutive de Century Media est-elle un signe de stabilité et de retour du groupe sur la scène après une période d’instabilité ? Cela vous a-t-il rassuré et permis de proposer un album légèrement différent des deux précédents mais toujours dans le style Necrophobic comme évoqué précédemment ?
Necrophobic n’a jamais été instable, même si différents membres ont changé, le noyau est toujours resté stable malgré les années. Mais avec la constellation actuelle, nous sommes tous plus concentrés sur la prestation à 100 % de la musique, du live, etc. et travailler avec Century Media a été un excellent match car ils constituent un partenaire idéal et incroyable qui existe de la même manière que nous le faisons aujourd’hui. Avec nos anciennes maisons de disques, la connexion n’était pas aussi bonne qu’aujourd’hui, nous ralentissant quelque peu. Mais là, avec Century Media, cela nous a bien sûr donné la facilité de livrer le meilleur en tant qu’artiste.

In The Twilight Grey est-il une réponse à vos détracteurs, qui croient à tort que rien ne change chez Ncecrophobic et dans l’univers du black/death metal scandinave ?
Très sincèrement, nous n’avons reçu que d’excellentes réponses sur toutes nos œuvres au cours des trente dernières années. Je ne pense pas avoir jamais entendu des mots nous disant que nous étions « comme d’habitude”, dans le sens péjoratif du terme. Nous avons plutôt à l’opposé reçu une bonne critique, car certes, nous sommes les mêmes (« comme d’habitude ») mais nous nous sommes développés dans le bon sens, en suivant la bonne voie, je pense.

Le travail de composition était-il plus complexe sur ce nouvel opus ? Est-ce que cela nécessitait une approche différente ? Comment cela a-t-il influencé votre travail en tant que musicien ?
Oui, nous avons évolué dans notre processus de création. Ces trois derniers albums ont été une aventure en soi en raison de cette constellation de membres dans le groupe, donc plus de complexité et de détails d’un ordre et d’une compétence supérieurs sont inévitables pour pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes à chaque concert et enregistrement. C’est notre ligne directrice.

Le deuxième morceau « Clavis Inferni » de l’album, au titre évocateur, a-t-il été composé comme un appel aux ténèbres et à ses serviteurs noirs ?
C’est une chanson blasphématoire classique qui est une nécessité sur un album comme celui-ci, pour affirmer que nous avons toujours les pieds dans le monde du blasphème envers les religions corporatives, et que nous sommes toujours connectés à notre ancienne histoire en tant que groupe.

Cet album a-t-il une signification particulière pour le groupe, ou est-ce une suite logique du travail de Necrophobic finalement ?
Tous les albums sont significatifs pour l’entité Necrophobic, ce n’est que la prochaine étape sur le chemin, un regard plus attentif sur la mort et une vision plus claire de notre état d’esprit.

Le travail de Necrophobic sur ce nouvel album prend-il un aspect personnel ? À travers les tourments propres à chaque membre, mais aussi à travers les troubles vécus en tant que groupe ?
Je ne dirais pas que la musique et les paroles sont basées sur les expériences personnelles de la vie ordinaire de chaque membre ou groupe. Elles peuvent en être colorées mais pas directement reconnaissables, nous ne sommes pas ce type de groupe de musique qui utilise nos paroles comme psychothérapie.

Vous êtes de retour cette fois sans votre logo habituel du nécrogramme. Est-ce que cela annonce une nouvelle page musicale pour Necrophobic ? (même si le pentagramme est légèrement visible sur le drapeau)
Le nécrogramme est comme tu l’as dit sur le drapeau, c’est donc là la seule différence. Il s’agit d’une idée légèrement modifiée mais avec le même poids que toujours et jamais affaibli.

Les démons et l’anti-religieux sont des thèmes clés du black metal nordique. Ont-ils encore une place au-delà du simple folklore ? Sont-ils toujours d’actualité aujourd’hui ? Est-ce un combat que certains doivent encore mener ?
Se battre pour une vie sans harcèlement religieux est une bataille sans fin, en utilisant d’anciennes connaissances en médecine et en vous-même, vous pouvez vous développer davantage et vous libérer de la culpabilité créée par les religions et gouvernements corporatifs afin de vivre une vie plus intéressante. Ce combat ne finira jamais, j’admire les gens qui sont capables de voir cela et je les encourage à continuer à se battre.

Que pensez-vous de votre statut de groupe le plus important de la scène black metal suédoise ? Est-il difficile de traiter avec les médias et le public ?
Ça fait du bien d’avoir fait quelque chose de bien pour finir par le faire, et être aussi important pour les gens, c’est maintenant plus important que jamais de travailler plus dur et de rester concentrés sur ce que nous sommes, car pour l’instant nous n’avons eu aucun problème avec les fans, ou les médias, je suppose que c’est parce que notre intégrité demeure intacte.

À l’instar de la théorie des paysages et des états d’esprit (typique du Romantisme), la nature, la faune et la flore de Suède vous inspirent-elles au-delà des thématiques chères au groupe ? Cela donne-t-il une autre matérialité, une autre dimension aux mythes, aux démons et à la noirceur qui nourrissent vos paroles ?
Ici, dans les régions froides et isolées du nord, il est à couper le souffle. Et en ne faisant qu’un avec les vastes plaines et la nature, vous pouvez certainement en tirer de l’énergie. Cela vous donne une perspective alternative sur tout et cela colore notre création en paroles et en musique, en effet. Mais il faut aussi la partie opposée, la vie dans la civilisation/les villes, pour pouvoir choisir quoi raconter et différer pour le mieux.

NECROPHOBIC de gauche à droite : Johan Bergebäck (guitars) Joakim Sterner (drums) Anders Strokirk (vocals) Tobias Cristiansson (bass) Sebastian Ramstedt (guitars)

Hormis les puristes, le vinyle est revenu à la mode ces dernières années, notamment auprès des jeunes. Pensez-vous que les musiques extrêmes peuvent se développer davantage et toucher ce jeune public grâce à ce format qui revient en force ? Peut-il contribuer à faire connaître cette musique au-delà de sa propre communauté ?
Je pense que les gens qui aiment les vinyles/anciens formats aiment déjà la musique extrême. La plupart des gens utilisent toujours le format le plus simple en diffusant de la musique en streaming et en suivant les tendances musicales au fur et à mesure, la musique extrême sera toujours accessible et populaire, à l’intérieur comme à l’extérieur, et ce, quel que soit le format.

Enfin, selon toi, qu’est-ce qui est le plus important dans votre approche musicale de la transcription de l’horreur pure ? Comment procédez-vous ?
Si je comprends bien ta question, ma réponse serait que connecter les paroles avec les bonnes notes et le bon son au bon timing donnera le terrain idéal pour décrire n’importe quoi, même l’horreur pure. Avec notre tout nouvel album, nous sommes plus proches que jamais de ce moment, chaque chanson ayant ses propres moments forts !

Publicité

Publicité