Froid et synthétique, ce premier opus du duo Xenoyr (Ne Obliviscaris) et Tentakel P. (Todtgelichter) sort des sentiers battus. Les Australiens s’engouffrent dans une froideur astrale peu rassurante, mais terriblement efficace, le Black Metal d’Omega Infinity étant véritablement tentaculaire. [Entretien avec Xenoyr (chant) et Tentakel P. (multi-instrumentiste) par François Alaouret – Photo : D.R.]
Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter au public français ? On connait vos groupes respectifs, mais Solar Spectre est votre premier album…
Oui, c’est notre première apparition avec Omega Infinity. Pour nous, cette émanation était nécessaire pour voyager vers les aspects les plus sombres de nos personnalités, et même au-delà. Omega Infinity est la résultante de certains essais effectués auparavant, mais sans jamais embrasser pleinement notre envie. C’est rapide, agressif et implacable.
Votre concept tourne autour du cycle sans fin de la naissance et de la mort, et de la création puis de la destruction de l’univers. Et même si votre album s’appelle Solar Spectre, c’est très sombre et agressif…
Les étoiles sont un parfait exemple de la dualité cosmique qui inspire le principal mécanisme du projet. Elles sont capables de donner la vie, mais aussi de la retirer. Cela peut ressembler à un concept simple que de nombreux autres groupes ont également utilisé, mais il est plus puissant, car il plonge au cœur-même de l’existence. Cela fascine tant de gens, et « Solar Spectre » représente cette force. Le soleil tient aussi une place primordiale et vitale. L’album est sombre, car il n’y a pas d’échappatoire. Si le soleil meurt, il emporte tout ce qui l’entoure.
Chaque chanson a pour nom une planète, même la Terre, et votre musique est enracinée et inspirée par le Black Metal des années 90. C’est votre vision du vide cosmique ?
À l’exception de la chanson « Sol », l’album est une tournée visitant les principales planètes de notre système solaire. Cette expression musicale à travers le Black Metal nous vient naturellement, car elle porte une émotion brute et combine également une beauté froide hostile et méprisante, un peu comme l’univers lui-même. Le Black Metal est aussi l’obscurité qui fuit à travers les fissures fragiles de nos petites existences. Oui, on pourrait dire que cela fait aussi partie de notre vision du vide.
Avec des blasts furieux et des lignes de guitare cacophoniques et sphériques, votre musique semble n’avoir aucune limite. Avec Omega Infinity, avez-vous créé un nouveau Black Metal peut-être moins organique qu’auparavant ?
Nous sommes conscients du fait que nous n’avons pas créé quelque chose de complètement nouveau, ce serait une illusion. Cependant, nous l’avons fait avec honnêteté, c’est ce que nous sommes et ce que nous ressentons. Certains aspects peuvent passer par nos autres groupes et projets. Il n’y a pas de limites car nous n’exclurons rien. Mais nous nous en tiendrons certainement au concept et à ce style comme base dans le futur. Omega Infinity sera toujours reconnaissable.
Vous reprenez même un morceau de Killing Joke (« Hosannas From The Basements Of Hell »). C’est une façon de garder les pieds sur terre ?
Pour faire court, oui car Killing Joke a laissé une forte empreinte musicale. C’est aussi une forme d’hommage à un groupe qui a contribué à façonner ce que nous sommes.
Comment allez-vous développer le concept d’Omega Infinity sur scène ? J’imagine que ce sera un show assez futuriste…
Aucun spectacle n’est prévu à ce stade, mais nous envisageons plutôt l’obscurité, peu de lumières mais ciblées et efficaces, et non un spectacle de lumière exagéré. Cela va être difficile à réaliser, mais nous verrons cela une fois que le moment sera venu.
OMEGA INFINITY
Solar Spectre
Cosmic Black Metal
Season Of Mist
★★★★☆
Composé du chanteur Xenoyr et du multi-instrumentiste Tentakel P., Omega Infinity est une immersion dans un monde sombre et interplanétaire. A base du Black Metal sophistiqué puisant dans des influences très 90’s, la qualité de la production en fait un album très actuel d’une violence et d’une agressivité rares. Le duo nous plonge dans un univers hostile, de planète en planète. Très conceptuel, Solar Spectre est un disque que l’on rencontre assez peu et c’est ce qui en fait son originalité. La fusion des influences des deux protagonistes se marient et se complètent pour faire d’OMEGA INFINITY une formation assez unique. L’issue de ce voyage cosmique reste incertaine, mais novatrice. [François Alaouret]
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