Après Destruction, Kreator, puis Tankard plus tôt cette année, voici les maîtres du thrash metal teuton Sodom qui refont parler la poudre eux aussi. Plutôt que de livrer aux fans un successeur à l’excellent Genesis XIX paru il y a deux ans (album du mois dans Metal Obs), Tom Angelripper et sa bande nous offrent une sorte de « best of » de classiques de Sodom et d’autres morceaux plus rares, voire inédits (« 1982 »), tous revisités et réenregistrés pour l’occasion, rendant ainsi un vibrant hommage aux anciens membres qui ont passé l’arme à gauche en quarante ans de carrière. Nostalgie, quand tu nous tiens… [Entretien avec Tom Angelripper (basse/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]
Quel bilan dresses-tu de votre précédent album Genesis XIX sorti en 2020 pendant l’épidémie justement ? C’était un excellent album de Sodom, moderne et très puissant, proche de la perfection (« Album du Mois » dans METAL OBS #95 en nov. 2020) que vous n’avez alors pas pu défendre en live…
Cet album est à mon avis exceptionnel. La pandémie nous a donné, disons, l’opportunité de travailler intensivement sur les nouvelles chansons cette année-là. Les critiques furent toutes excellentes d’après ce que j’ai lu, et la réponse de nos fans a été fantastique. C’était aussi le premier album avec notre batteur Toni Merkel, arrivé cette même année. Depuis, nous sommes heureux d’avoir pu retrouver la scène et notre public cette année.
Aujourd’hui, Sodom est de retour avec 40 Years At War – The Greatest Hell Of Sodom, un best of de réenregistrements de vieux morceaux. Pourquoi ? N’avez-vous pas écrit et composé de nouvelles chansons pendant la pandémie entre 2020 et 2022, comme les autres artistes ?
Bien sûr, nous avons déjà du nouveau matériel pour le prochain album, qui devrait sortir l’année prochaine, je pense. Et puis, à ce jour, il n’y a pas un seul musicien parmi les membres du groupe qui ait sorti autant de nouveaux disques que moi ! (rires)
Par conséquent, doit-on considérer 40 Years At War comme un nouvel album ou un best of de Sodom alors ?
Oui. Il s’agit d’un album best of pour ainsi dire, que le groupe a composé lui-même. Nous avons décidé quelles chansons nous allions reprendre avec l’aide des fans. Ce ne fut pas facile. Mais nous ne voulions pas réenregistrer les soi-disant hits de chaque album. On a procédé autrement, en incluant aussi des raretés.
Comment as-tu alors procédé pour la sélection du tracklisting de 40 Years At War qui contient dix-sept chansons (plus cinq titres bonus) ? En impliquant les fans par internet ? Certains classiques de Sodom manquent comme « Agent Orange » ou « Ausgebombt »…
Il était important pour nous de sélectionner également quelques raretés. Il y a d’innombrables chansons de Sodom que nous n’avons jamais utilisées ni beaucoup jouées live, et justement, elles pourraient aussi figurer dans nos prochaines setlists. Nous avons donc fait le choix du tracklisting tous ensemble.
La nouvelle vidéo lyrique d’ « After the Deluge » est dédiée à votre ancien guitariste Uwe Christoffers. 40 Years At War est finalement une compilation nostalgique et honorable à la mémoire d’anciens musiciens disparus de Sodom. Il y eut aussi Chris « Witch hunter » (R.I.P.) et Michael Wulf alias « Destructor » (R.I.P.). Tous ces gars ont joué sur le premier LP Obscessed By Cruelty en 1986…
Oui, exactement. Uwe est également décédé récemment, l’an dernier. Alors bien sûr nous lui avons dédié naturellement la chanson. Mais cela doit rappeler également Chris et Wulf, avec qui nous avons enregistré l’album. C’est très triste de voir que de plus en plus d’anciens compagnons d’armes ont quitté ce monde, avec le temps qui passe, mais c’est ainsi.
Il y a toutefois une nouvelle chanson de Sodom qui s’appelle « 1982 ». Peux-tu nous en dire plus à son sujet, Tom ?
Cette chanson rappelle l’ancien temps. Le texte parle de nos débuts. C’était alors une révolution, tu sais. Nous voulions être détestés. On était contre nos professeurs, nos formateurs, et nos parents demeuraient incompréhensifs. À l’époque, nous voulions montrer que nous étions différents et non compatibles avec le système. La musique elle-même est écrite dans un style typique des années 80, et incarne l’esprit du bon vieux temps.
Ce que j’aime sur 40 Years At War, c’est ce côté evil et cru de Sodom, respectant bien l’esprit des années 80’. Certains vieux titres datent parfois d’il y a quarante ans mais ça sonne toujours aussi frais et puissant comme au premier jour de Sodom. Bien sûr, maintenant, vous êtes tous devenus de meilleurs musiciens, un peu comme Tom Gabriel Warrior et Martin Eric Ain (R.I.P.) quand ils ont commencé avec Hellhammer début 1980, avant l’ère Celtic Frost, à la même époque que Destruction et Sodom…
Oui, nous voulions apporter ce côté cru et la sérénité des anciennes chansons lors de ces nouveaux réenregistrements, mais sans changer les arrangements et les paroles. Bien sûr, tout est ici joué un peu plus précisément qu’à l’époque. (rires)
Tu évoques toujours la guerre dans les albums de Sodom, dans tes paroles, les pochettes… Malheureusement, il y a encore des guerres un peu partout sur Terre, notamment aux portes de l’Europe : en Arménie, ou bien en Ukraine à cause de l’invasion russe. Pourquoi cette fascination chez toi pour la guerre en général ?
En fait, nous détestons la guerre. Il n’y a aucune justification à cela. Nous ne décrivons toujours que les atrocités humaines et les victimes insensées de tout cela. C’est pareil dans toutes les guerres, passées ou modernes. Mais que nous, en Europe, soyons encore obligés d’endurer quelque chose comme ça de nos jours, c’est tout bonnement incompréhensible et inhumain. Mais tant que l’humanité fera des bêtises sur cette planète, il y aura malheureusement des guerres. Nous, les musiciens, on ne peut rien changer, mais nous pouvons au moins crier notre mécontentement sur scène.
Une question plus légère à présent à propos de « Jabba The Hut », un classique de Sodom là aussi. Comment est née la chanson en relation, je présume, avec la saga Star Wars de Georges Lucas ? As-tu récemment vu à la télé les séries The Mandalorian, The Book of Bobba Fet, et Obi-Wan Kenobi ?
Oui, bien sûr, je les ai vues aussi. Mais la chanson « Jabba The Hut » parlait à vrai dire d’une personne de notre environnement musical. Elle ressemblait à Jabba justement. (rires) C’est juste une parodie sinon, il n’y a pas de message spécial.
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