[STÖMB] : Voyage subliminal

Les Frenchies de [STÖMB] reviennent en mars 2023 avec un troisième effort intitulé Massive Disturbed Meta Art. Celui-ci se compose de dix titres de métal progressif à la fois puissants, sombres, atmosphériques et envoûtants sur le thème du voyage spirituel et de l’introspection. [Entretien avec Tom Bonetto, guitare, par Cédric Sire & Claire Malé – Photo : DR]

[STÖMB]

Le groupe a été créé en 2012, comment vous-êtes vous rencontrés et comment a commencé l’aventure ?
C’est sur l’initiative du guitariste compositeur Aurélien qui avait quitté son groupe et avait envie de créer une nouvelle formation. Il a commencé à créer de son côté et il s’est vite dit qu’il allait essayer de jouer avec d’autres musiciens. Il a alors posté une annonce sur Internet. Chacun d’entre nous sortions d’un projet et on avait besoin d’en trouver un autre pour démarrer quelque chose. En l’espace d’un mois, on s’est retrouvés tous les quatre à commencer à jouer, à travailler les morceaux qu’Aurélien avait déjà commencé à composer. Voilà, l’aventure a commencé comme ça, par un concours de circonstances

Quelles sont vos influences musicales ?
Je vais surtout parler pour Aurélien (guitariste) qui compose principalement, ce sont d’abord ses influences qui marquent la musique du groupe. Si je devais en citer trois, il y aurait tout d’abord Korn, parce qu’il a grandi avec cette scène néo-metal, ensuite Tool, avec cette atmosphère particulière et ces rythmiques lancinantes. Et puis bien sûr Meshuggah, pour toute la rythmique moderne très syncopée, très complexe qui fascine l’univers métal depuis leurs débuts.

Comment se passe la création d’un morceau ?
Je peux te donner deux exemples différents de processus : sur toutes les productions précédentes jusqu’à notre album From Nihil sorti en 2020, le processus était souvent un peu le même, c’est-à-dire que c’est Aurélien qui composait, recherchait des inspirations et puis créait une trame musicale, une structure avec ce qu’il trouvait, et pour finir, il la partageait avec nous. Ensuite, on travaillait sur cette base et on lui disait que par exemple tel passage ne convenait pas tout à fait à cet endroit-là, peut-être qu’on pouvait l’amener autrement. Une fois qu’on était d’accord sur la structure globale, on retravaillait, Tom travaillait la batterie et puis parfois pour la cohérence, si Tom avait une idée à la batterie et que ça apporte quelque chose et si ça nécessitait une modification, c’est Aurélien qui reprenait ça. Sur le dernier album qui va sortir, le processus a été un peu différent parce qu’en fait on est parti avant tout d’un concept dont Alex (le bassiste) est à l’origine. C’est lui qui a orienté la musicalité sans être directement dans la composition : à travers ce que lui voulait raconter dans le concept, il a guidé Aurélien sur les intentions qu’il attendait pour les morceaux. C’était donc un exercice qui était un peu différent, qui n’était pas forcément évident pour Aurélien, mais voilà, ça a été un autre process et c’était super intéressant à faire.

Sur votre dernier concept album, vous abordez le thème du voyage spirituel à travers la prise de psychotropes, et vous avez utilisé sur votre pochette plus de couleurs que d’habitude, est-ce un message optimiste caché ou selon vous, la condition humaine est vouée à l’échec ?
C’est super intéressant comme question, parce que c’est une thématique un petit peu dans la continuité de ce qu’on avait fait et en même temps c’est un peu différent : là, on va plutôt rentrer dans un aspect de voyage à travers la conscience, on parle des psychotropes parce que dans beaucoup de cultures, ça a été un moyen de rentrer dans un niveau supérieur de conscience. C’est ce qu’on explique, le fait de transcender la condition humaine, c’est-à-dire voir au-delà de tes yeux, entendre au-delà de l’ouïe. C’est vraiment transcender les sens, d’où cette dimension de voyage pour explorer ce qui se passe autour de nous. On aime bien, comme on l’avait fait sur l’album, faire ce lien qu’on ne voit pas toujours entre l’immensément grand et l’immensément petit et après ce sont des réflexions un peu philosophiques, anthropologiques, sur notre existence, notre avenir…. C’est vrai que les albums précédents étaient plutôt sombres, celui-ci l’est aussi mais dans un registre un petit peu plus doux, pas forcément dans la musicalité mais en tout cas dans la thématique. L’idée, c’est de voyager, voir ce qu’il se passe, quelle est la place de l’humain dans ce monde. Après, je sais très bien que ce sont des thématiques pour un groupe instrumental donc c’est difficile sans paroles de faire passer le message. On s’est habitué à ce principe-là : on fait de l’instrumental mais si les gens sont curieux et s’intéressent un petit peu aux textes qu’on va poster en relation aux images, ils peuvent faire leur propre interprétation.

La sortie de l’album est prévue en mars 2023 et la plupart des titres sont déjà disponibles sur les plateformes de streaming, pourquoi ce choix ?
On y a beaucoup réfléchi, on s’est demandé quel était le plus intéressant. Aujourd’hui, on consomme la musique tellement vite, un album sort, tac, on va l’écouter. Les gens vont l’écouter une fois ou deux et puis passer à autre chose. On s’est dit que peut-être, ce serait intéressant de distiller notre musique, c’est-à-dire sortir les morceaux, titre après titre, avec des intervalles. Ça permet d’avoir cette continuité, que les gens prennent un petit peu comme une habitude de se dire « tiens, je sais que la semaine prochaine, il y a un titre qui sort »… On a sorti les 8 premiers titres sur 10 et là, on est en train de préparer la sortie des deux derniers titres qui seront des singles avec des clips.

Au fur et à mesure que vous avez mis en ligne les titres, vous avez ajouté un nouvel élément sur chaque visuel, peux-tu m’en dire plus ?
Dans le concept qu’on développe, tous ces éléments font partie d’un ensemble de symboles du rituel : Il y a le crâne, les cristaux, les champignons, les papillons… On s’est dit que ça pouvait être super intéressant, puisqu’on avait un élément pour un titre, de faire cette évolution graphique et je pense que justement ça a plus d’impact. Ton analyse est tout à fait juste et c’est exactement ce qu’on voulait, c’est que les gens se disent « tiens, il y a une progression » ou « tiens, il y a une évolution » et ça rejoint un petit peu ce que je disais avant, l’absence de paroles fait qu’on va quand même pouvoir s’intéresser au concept sans forcément trop rentrer dans les détails.

[STÖMB] semble porter une attention particulière à tout ce qui est symboles, philosophie et sur cet album il y a 10 titres encore, comme sur vos deux précédents albums : choix ou pur hasard ?
C’est un choix parce qu’on a des morceaux qui sont assez longs donc on ne peut pas en mettre 15 ! Avec la préparation du 2e album, on s’est dit que ça pouvait être intéressant d’évoluer avec une sorte de dimension commune, puisqu’on aborde finalement dans ces trois opus des thématiques qui sont assez différentes, mais qui se rejoignent. On s’est dit que ça pouvait être intéressant de faire un triptyque et pour ceux qui rentrent vraiment dans le concept, on a essayé de faire une timeline. Oui, ces 3 albums rentrent dans une timeline et ont une valeur commune. Ce dernier constitue en fait le premier concept, c’est-à-dire qu’on va aller à l’envers. Le premier concept, c’est la conscientisation de l’homme dans son environnement. Ensuite, le deuxième album From Nihil, ça va être vraiment le voyage spatial, on va partir dans l’immensité, le chaos cosmique de l’homme à travers tout ça. Et enfin, le premier album The grey sorti en 2015, ça va être le concept suivant : mais que reste-t-il après le passage de l’homme ? C’est pour ça que ça s’appelle The grey : après le passage de l’homme, il ne reste plus rien, uniquement le silence et le gris.

Vous accompagnez vos morceaux de textes sur les plateformes vidéo, ces textes seront aussi disponibles sur le livret du CD ?
Non, ils ne seront pas disponibles parce qu’on a fait le choix de ne pas faire de livret. Il y aura un texte qui sera à l’intérieur de la pochette, un texte plus général qui regroupe l’idée du concept. On s’est dit que ça pouvait être intéressant aussi, pour les gens qui accrochent vraiment à la musique, qu’ils puissent chercher ces petites choses qui seront distillées sous les vidéos YouTube. Parfois, des gens nous envoient des messages sur les réseaux sociaux. Par exemple, il n’y a pas très longtemps, quelqu’un nous dit : « j’ai le sentiment d’avoir compris ce que vous vouliez dire, est-ce que je peux vous en faire part ? ». Et pour nous, c’est génial, tu vois, on partage quelque chose et les gens se font leur propre idée. D’ailleurs, pour la petite anecdote, à cette personne, on lui a demandé : « Alors dis-nous ce que tu penses avoir compris ? », et ce qu’il a répondu n’était pas du tout ce que nous nous avions pensé en faisant le truc. En fait, ça rejoint exactement ce que je disais sur l’aspect instrumental : les gens, on leur donne des petites billes pour avoir leur propre réflexion et ensuite à travers leurs émotions et leurs expériences personnelles, ils vont avoir leur propre ressenti. Sa réponse ne correspondait pas vraiment à ce qu’on avait pensé mais il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de « c’est pas juste » où « c’est faux » et c’est ça qui est cool.

Qui a réalisé l’artwork de la pochette de l’album ?
On fait toujours appel à quelqu’un parce qu’on aime bien collaborer avec des artistes. Cette pochette a été faite par un artiste designer australien, Nathan Glover, qu’on a découvert quand on est allé jouer en 2018 en Angleterre. Il avait réalisé une série de visuels pour des t-shirts pour le festival et on avait trouvé ça super intéressant, c’est uniquement de la couleur pleine avec des dessins très tranchés et ça avait beaucoup d’impact. Quand Alex avait les idées pour le concept du dernier album, il s’est dit « avec sa patte graphique, je pense que ça peut super bien marcher ». En fait, on avait déjà collaboré avec lui sur From Nihil pour un visuel de t-shirts qui a beaucoup plu et donc on s’est dit qu’on allait lui demander et il était super content qu’on revienne vers lui. Il nous a donc proposé cette pochette ; Alex avait fait une ébauche juste avec les placements des éléments et il nous a envoyé ça et on s’est dit « waouh c’est super, ça marche super bien ! », c’est simple mais efficace et percutant.

La pandémie vous a peut-être laissé plus de temps pour bosser sur ce dernier album, penses-tu qu’il est plus abouti que les précédents ?
Je pense que oui ; sur cet album, on a pu travailler un petit peu plus en profondeur et ce qui était intéressant, comme le processus était un peu différent, c’est que les morceaux devaient matcher avec les intentions du concept. Donc oui, peut-être qu’il y a eu un peu plus d’exigence sur leurs tournures, sur leurs compositions. Et puis, c’est un album sur lequel on a fait pas mal de featurings, on s’est dit que ça pouvait être vraiment intéressant justement ce voyage, ce partage, d’inviter des gens, si ça les intéresse, à contribuer à cette production. Sur 10 morceaux, on a 5 collaborations donc c’était quelque chose qui a été effectivement un peu plus travaillé, dans le sens où on a eu plus de temps justement avec ces confinements, et voilà dans les intentions, on est allé un petit peu plus loin.

La sortie de l’album est prévue en mars 2023, avez-vous déjà planifié une tournée ?
Alors non, c’est compliqué pour la simple et bonne raison qu’on a tous des vies professionnelles assez chargées et qu’en plus aujourd’hui, on est un peu répartis sur le territoire. Avec les plannings de chacun, c’est assez difficile de programmer les tournées. Ce qu’on essaie de faire, c’est de voir les dates qui peuvent être intéressantes et qu’il ne faudrait pas louper. Donc on essaie de se réunir au moins pour ça, pour le moment, et puis peut-être qu’à l’avenir, on aura une opportunité qui vaudra le coup. C’est quelque chose qu’on aimerait bien faire mais ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus simple…


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