TOTER FISCH : Aspidochelone

Aspidochelone - TOTER FISCH
TOTER FISCH
Aspidochelone
Pirate metal
Autoproduction

Le voici le tout nouveau et second trésor longue durée de Toter Tisch ! Et c’est corps et âme que nous avons plongé dans les eaux très troubles d’Aspidochelone à l’artwork vraiment magnifique et léché signé Julian Bauer. Le résultat sonore est d’emblée tout aussi admirable car nos cinq pirates tourangeaux ont, eux aussi, visiblement plongé à corps perdu sous cette mystérieuse île chantée en anglais (« The Island ») durant son processus créatif et l’enregistrement au Vamacara Studio en compagnie de HK (Acod, Mercyless, Crescent, Loudblast, Sirenia, T.A.N.K., Livarkahil, The Order Of Apollyon…). Si le premier morceau « Awakening » est là pour nous réveiller justement de notre torpeur post covid, cela commence doucement par une jolie intro acoustique avant que l’équipage n’ouvre le feu avec ses canons sur le pont du Toter Fisch. Il y a un côté épique déjà ici et qui sera omniprésent sur l’album. Ce premier titre se conclut par un superbe solo de guitare du nouveau guitariste Tanguy (qui a notamment accompagné Saor et Andy Marshall sur la dernière tournée européenne du multi-instrumentiste écossais en première partie de Gaahls Wyrd, ce qui n’est pas rien tout de même) et un final explosif appuyé par des claviers que certaines jugeront pompeux. Des chansons plus classiques comme « The Tongue, The Saber » ou bien le single « The Island » continuent les hostilités par leur rythmique entraînante (Rémy et Pierre) avec une mélodie à l’accordéon jouée par Jérémy, et des accords musclés à la guitare par l’imposant Tanguy (que nous avons surnommé Barberousse depuis sa rencontre ;-)). On a déjà envie de headbanguer et de se laisser conter l’histoire que Romain nous hurle au micro avec ses growls plus que convaincants. La personnalité du groupe s’est renforcée grâce à de superbes arrangements et chœurs où chacun y a mis du sien. L’identité musicale s’affirme donc aussi, ce n’est plus simplement du banal « pirate metal » comme on a tendance à les qualifier par défaut. En plus, tout le monde y trouvera son compte : black, death, indus, symphonique, folk… On pense ainsi par moment aux ténors finlandais du folk metal comme Korpiklaani, ou dans un registre plus extrême à Finntroll (qui n’a jamais d’ailleurs utilisé d’instruments folkloriques dans son black/death folk metal) mais aussi Rammstein dans un genre plus froid et moderne, que ce soit par les riffs massifs et catchy (« Ritual », « The Bow ») ou les claviers évoquant parfois ceux du Doktor Flake (« Petwo’s Call »). Les Tourangeaux ont clairement mis les petits plats dans les grands en tout cas ici. Tout est millimétré, cadencé pour faire mouche à chaque escarmouche, et ce, toujours dans la bonne humeur. Cependant, l’ambiance générale s’est nettement assombrie sur Aspidochelone, et devenue par la même occasion plus mélancolique que sur Yemaha (« Memories »). La musique reste toujours aussi accrocheuse et conviviale, mais cette atmosphère riche et épique confère une dimension supérieure à l’ensemble de ces dix nouveaux commandements que vient de graver admirablement Toter Fisch sur la scène pirate metal, devenant l’une des principales figures de proue du genre en France mais aussi dorénavant en Europe en cette année 2023. [Seigneur Fred]

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