TREPONEM PAL : Screamers

Screamers - TREPONEM PAL
TREPONEM PAL
Screamers
Metal indus
At(h)ome

Le chanteur Marco aurait peut-être dû s’écrier « Scream for me, Paris » un beau jour de 1997 sur le plateau TV de Nulle Part Ailleurs devant Philippe Gildas et Laurent Baffie surpris, mais le destin en décida autrement, permettant à Treponem Pal de marquer live les esprits par ce dérapage trash sur Canal+ plutôt qu’avec uniquement la fusion de son metal et de l’indus sur son album Higher de l’époque…

Un grand moment du PAF quoi qu’il en soit pour ceux qui s’en souviennent, et qui, la preuve, nous revient encore aujourd’hui comme un boomerang, ou pour les plus vieux d’entre nous, un peu comme une madeleine de Proust dont le goût serait devenu rance. Dans tous les cas, malgré la perte de son bassiste Paul Raven en 2007 (Le regretté bassiste britannique commun de Prong, Killing Joke, Ministry, etc. s’étant éteint durant les sessions d’enregistrement de Weird Machine en Suisse), le groupe parisien revient de temps à autre sur le devant de la scène hexagonale avec une galette. Il y eut donc notamment Weird Machine, (Listenable Records/2008), correct mais pas non plus transcendant, suivi de Survival Sounds (Juste Une Trace/2012) dont une version remixée parue sous le nom d’Evil Music For Evil People l’année d’après. Rockers Vibes fit son petit effet en 2017, toujours sur le même label Juste Une Trace. Mais alors que peut-on attendre de nos ministres français de l’indus metal en 2023 ? Eh bien, tout simplement Screamers, huitième LP du nom, un disque dont la chanson-titre envoie du lourd, avec ce chant relativement monocorde de Marco Neves, et cette guitare de Polak, entre celles de Shanka de leurs confrères de No One Is Innocent et celles d’Al Jourgensen de Ministry (quand il joue encore, car c’est souvent la tâche de Tommy Victor, et dernièrement celle de Monte Pittman, guitariste de Madonna.). La rythmique fait secouer l’échine, et le refrain, bien énergique, fait le boulot.

Alors que l’inquiétant bal des machines procure ce petit effet dansant sur « The Fall », on se dit que Treponem Pal n’est pas mort et sort de sa léthargie. « Out Of Mind » nous le prouve encore, réveillant nos esprits, alors que « Too Late », sur une atmosphère lourde et assez lancinante, fait remuer doucement nos corps. C’est parti ensuite pour un « Psychedelic Trip » alors qu’on se croirait quelque part entre les films Strange Days et Blade Runner (director’s cut). En résumé, si l’on compare finalement ce Screamers au dernier Ministry justement paru en 2021, car les journalistes aiment comparer ce qui est comparable pour ramener ça sur une échelle de références pour les communs des mortels, chose que les artistes détestent généralement, y compris entre leurs propres œuvres, et bien on se dit que Moral Hygiene était bon mais sans plus et plutôt très tranquille musicalement (mais pas dans le discours), et que Screamers nous fait un peu plus bouger mais dans une certaine fluidité, l’âge avançant peut-être, la mélodie étant davantage recherchée à présent. Bref, c’est bon et tranquille.


Au passage, on attend d’ailleurs toujours une nouvelle interview du leader du groupe culte de l’indus Ministry, ainsi qu’une tournée (maintes fois annulée) par chez nous. Screamers est donc à fortement recommander aux fans des premiers Treponem Pal (sans toutefois atteindre cette énergie commune à tout jeune groupe qui débute), mais aussi de No One période indus (Utopia), et des premiers Mass Hysteria, de riffs qui groovent et des boucles d’effets qui font pogoter sur le dance floor, comme lors d’un show halluciné des Toulousains de Punish Yourself. Si l’artwork aurait mérité certainement mieux en 2023 à l’ère du numérique, dans tous les cas, nul doute que vous trouverez votre bonheur ici et nulle part ailleurs avec cette nouvelle production française signée Treponem Pal. Après tout, soyons chauvins, défendons l’indus français ! À bientôt Marco ! [Seigneur Fred]

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