À l’heure où le vent souffle et les feuilles tombent, Tribulation profite de la tombée de l’automne pour nous faire savourer sa nouvelle création. Bas les masques, point question de déguisement et de tromperie en cette période post Halloween, la formation suédoise de Stockholm clame fièrement son identité et ses inspirations, les plus éclectiques soient-elles, sur son sixième opus baptisé Sub Rosa in Æternum. [Entretien avec Adam Zaars (guitare) par Louise Guillon – Photos : DR]
Pour commencer nous avons été intrigués et surpris par la promotion de l’album avant de l’écouter faisant référence au cinéma d’horreur italien. En quoi la musique de votre nouvel album se rapporte plus à cet art cinématographique que vos précédents albums ? Parce qu’après avoir écouté tout l’album, votre musique pourrait être en quelque sorte une grande bande originale de film, en tout cas cela m’a fait penser à cette idée…
Bonjour ! Je suis heureux de t’apporter quelques réponses ! Tous nos albums ont eu des influences cinématographiques, ce n’est donc pas nouveau. Même sur la première démo que nous avions faite, on avait des échantillons de films d’horreur italiens, et c’est un thème et une esthétique qui ont suivi le groupe depuis. Au début, tribulation était très inspiré par les films de zombies et de cannibales des années 70 et du début des années 80, et même par un film comme le Nekromantik allemand, ainsi que par les deux films Nosferatu. Ce qui est (dans une certaine mesure, au moins) nouveau sur cet album Sub Rosa in Aeternum, c’est qu’une grande partie de l’inspiration vient spécifiquement des films du genre que l’on a surnommé « Giallo ». Bien sûr, il y a beaucoup de recoupements avec ces autres films, et on retrouve souvent les mêmes réalisateurs comme Lucio Fulci et Dario Argento, etc. Mais l’inspiration vient maintenant plus des films antérieurs de ces réalisateurs. Il convient de mentionner que la musique de tous ces films nous a autant inspirés que les films eux-mêmes. Les noms qui méritent d’être cités sont Goblin, Fabio Frizzi et Bruno Nicolai. J’aimerais beaucoup faire une musique de film un jour, ce serait génial ! Mais il faudrait que le film soit vraiment bon, hé hé ! (rires)
Architecture gothique, cinéma, etc. Dirais-tu que votre musique a quelque chose d’éclectique tout en étant étiquetée metal ? Est-ce que cela pourrait être un gothic metal idéal pour Halloween, avec tout le respect et dans une certaine mesure ? Je pense notamment à l’excellent premier morceau, « The Unrelenting Choir », avec son ambiance brumeuse si particulière….
Oui, cela a toujours été assez éclectique, tu as raison. Nous avons toujours puisé notre inspiration dans différentes sources et différents types de musique. On est toujours restés dans le milieu du metal, mais nous avons toujours écouté d’autres types de musique. Deux des chansons que j’écoute le plus ces derniers temps sont, par exemple, « Poupée de cire, poupée de son » de France Gall et « La bohème » de Charles Aznavour. Je suppose que tu les connais !! (sourires) Il y a de l’inspiration partout et n’importe où ! Si vous cherchez son monument, regardez autour de vous.
L’éclectisme et les diverses énergies qui traversent l’album s’inspirent-ils aussi de l’opéra ?
Dans une certaine mesure, oui, mais pas tant que ça. Je dirais, comme j’ai entendu Dario Argento dire une fois à propos de ses films, qu’ils sont opératiques. Dramatiques et romantiques ! J’ai toujours été inspiré par l’éthique du bricolage à l’opéra, comme au théâtre, avec les accessoires très physiques, les effets sonores, etc. et par le fait que les vêtements sont souvent taillés sur mesure en interne. J’ai trouvé cela très cool et très inspirant lorsque je suis allé à l’opéra pour la première fois quand j’étais jeune.
À présent, pourrais-tu nous en dire plus sur le titre Sub Rosa in Aeternum qui signifie « Sous la rose pour l’éternité » si j’ai bien compris ? Cette phrase latine revêt différentes significations, toutes liées au secret et à la confidentialité. Y’a-t-il donc une sorte de secret/révélation présent dans ce nouvel album (même si vous ne voulez pas nous dire quel genre de secret ou de révélation est-ce ?! ) ? (sourires)
Exactement ! Ma lecture est simplement que nous alignons l’album sur l’histoire « secrète » de l’ésotérisme occidental. Tribulation est « ésotérique pour toujours », pour ainsi dire. C’est un peu ironique, mais très sérieux en même temps. Comme pour la plupart des secrets de ce genre, il n’y a pas vraiment de secrets pour l’album. Mais qui sait ce que les gens pourraient y trouver. Cela correspond bien à notre amour pour Le nom de la rose d’Umberto Eco, dont parle d’ailleurs la chanson « Poison Pages ». Et comme dans ce livre… qui est la rose ? La fille ? Nous ne le saurons peut-être jamais… Un peu de mystère est toujours intriguant ! (sourires)
Vous rejoignez Opeth pour une tournée américaine et passerez en France en février 2025. Comment s’est prise la décision de tourner avec Opeth ? Vous avez beaucoup en commun, tous les deux, et en même temps êtres franchement différents l’un de l’autre. Dans un futur proche, aimeriez-vous travailler ensemble sur un projet parallèle, un album spécial ou un featuring par exemple ?
Nous sommes très heureux de participer à cette tournée, ça devrait être vraiment génial ! Je pense que c’est une bonne combinaison et j’espère vraiment que leurs fans aimeront ce que nous faisons. Nous connaissons quelques-uns des membres du groupe et parlons depuis longtemps de nous joindre à eux pour une tournée, et il se trouve qu’ils vont venir en Amérique du Nord à peu près au moment où nous sortons le nouvel album. Nous n’aurions pas pu rêver d’une meilleure tournée. Sinon, on n’a jamais rien fait avec un autre groupe, donc je ne compte pas sur nous pour faire quelque chose avec Opeth de sitôt ! Une musique de film semble plus probable !
Le solo de guitare sur « Reaping Song » est magique et me rappelle une sorte de solo de guitare à la Pink Floyd. Sans parler d’influence ou d’inspiration, je fais ce parallèle pour vous demander si cet album, plus encore que vos travaux précédents, s’inscrit dans une dynamique différente, témoignant d’une nouvelle créativité ?
Lorsque nous avons décidé d’essayer le chant clair pour cet album, cela a vraiment ouvert de nouvelles voies. Des chansons comme « Reaping Song », « Hungry Waters » et « Murder in Red » n’auraient probablement jamais vu le jour sans cette décision. Nous avons voulu essayer des choses similaires par le passé, mais avec le chant grogné, ça n’a jamais fonctionné. J’ai l’impression que nous n’avons fait qu’effleurer la surface des choses finalement et ne faisons que commencer ! (sourires)
Pour le mot de la fin, merci pour le temps que vous m’avez accordé et j’espère vous voir bientôt à Paris !
Merci, moi aussi !
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