Depuis 2018, date de sa création, Warkings se démarque du paysage musical par son look de guerriers masqués et sa volonté de nous emmener au cœur des légendes arthuriennes au fil des albums. Un univers bien à eux qui n’est pas sans rappeler les templiers et leurs secrets. Il suffit de regarder le superbe clip de leur single « Monster » pour s’en convaincre. Une longue saga qui s’exprime musicalement à travers un power metal de bonne facture parfaitement maitrisé. Leur tout nouveau méfait, Morgana, ne déroge pas à la règle et nous entraine une fois de plus dans un monde onirique où nos quatre rois combattent sans répit, secondés par la belle Morgana Le Fay qui nous envoute à travers sa voix puissante et majestueuse. Un voyage épique à travers le royaume des morts et de l’éternité. [Entretien avec Chris « The Viking » Rodens (basse) par Pascal Beaumont/ Laurent Machabanski – Photos : Matthias Schwaighofer/Schwaighofer-Art]
Vous avez eu l’opportunité de donner plusieurs shows dernièrement notamment dans des festivals comme le Monster Festival ou le Metal Master Open Air. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Ce sont deux concerts différents. Le Metal Master était le dernier festival en plein air pour nous cet été. C’est aussi la seule prestation où nous avons eu de la pluie, de l’orage, le temps était très mauvais. Mais c’était un bon concert dans un petit festival où les gens réunis étaient des passionnés. Le Monster Festival était un de nos derniers festivals pour cette année, c’était en salle, et il y avait 20 000 ou 30 000 personnes. C’était un peu différent, le public n’était pas forcément metal car on n’était pas dans un Festival de metal mais plutôt, disons, rock. Mais tout s’est très bien passé. Le public nous a appréciés, nous avons échangé avec lui, on a passé un bon moment. C’est le meilleur festival auquel nous avons participé du reste cette année.
Vous avez aussi ouvert en janvier 20222 pour Feuerschwanz sur une longue tournée avec de nombreuses dates en Allemagne !
Oui, c’est vraiment bien de se retrouver enfin sur les routes. Les deux dernières années ont été très difficiles, on a passé vingt mois à la maison, en donnant seulement trois concerts. Comme tout le monde, on attendait et on ne savait pas quoi faire. Alors cette année, repartir finalement en tournée a vraiment été une belle. Cela nous a fait du bien de se retrouver sur scène pour jouer nos titres en live.
Vous avez un visuel impressionnant sur scène, des masques, des armures, des armes et tout un décor derrière vous. Qu’essayez-vous de mettre en valeur à travers vos shows ?
Oui, on a une belle scène avec un beau design : des drapeaux, des bannières, on livre des batailles sur scène, on a le Dieu du feu à nos côtés sur un morceau. On appelle nos prestations des « battles » et on aime mener ces combats devant et avec le public. On a des armes factices qui vont bien avec notre musique. On veut que notre public passe un bon moment avec nous. En concert, on veut les entrainer dans une chevauchée, une balade dans le monde de Warkings.
En novembre 2022, vous repartez en tournée au côté de Powerwolf et Dragonforce. Vous allez d’ailleurs jouer au Zenith à Paris le 27/11/2022 !
Pour l’instant nous sommes impatients et excités de pouvoir faire enfin cette tournée qui au départ devait avoir lieu l’année dernière et qui a été annulée en raison de la pandémie. On a dû attendre cette année et on a hâte de la faire avec Powerwolf et Dragonforce. En ce moment, nous avons beaucoup de travail, on prépare notre nouveau décor de scène, nos nouveaux matériels, etc. Il y aura aussi de nouveaux éléments. La semaine prochaine, nous allons faire nos dernières répétitions pour mettre en place notre nouveau show, prendre nos marques avec tout ça. On est donc très occupé, il nous reste trois semaines avant cette tournée et nous avons beaucoup de choses à faire. Mais on est très heureux de pouvoir reprendre nos activités et partir sur les routes.
Vous allez pouvoir présenter ainsi votre nouvel album Morgana. Vous avez d’ailleurs été très rapides à le composer et l’enregistrer, Revolution étant sorti l’an dernier !
On n’est pas si rapide que ça parce qu’il y a eu la pandémie, on a donc eu beaucoup de temps pour écrire. Lorsque nous avons sorti notre deuxième opus en 2020, on était en pleine pandémie. Il n’y avait plus de concerts, on était assis là à attendre, on avait beaucoup de temps libre on a donc écrit de nombreux morceaux. Revolution est donc sorti en 2021. On pensait qu’on allait pouvoir partir en tournée pour le défendre. On était prêt et une fois de plus nous n’avons pas pu en raison des restrictions sanitaires. La tournée a été annulée, nous nous sommes donc retrouvés à la maison avec beaucoup de temps pour nous. On a donc recommencé à écrire des chansons ensemble au lieu de se battre. (rires) Mais cette fois ci cela a été moins facile car on était un peu frustré de ne pas pouvoir donner de concerts. Cela nous a pris plus de temps pour composer mais aujourd’hui il est enregistré. Heureusement on n’a donc pas à composer pour un nouveau disque à paraître l’année prochaine car il y a ce nouvel album Morgana, on va pouvoir donner beaucoup de concerts.
Avez-vous écrit beaucoup de titres comparés au précédent ?
Non, on a eu de nombreuses idées, on en a parlé ensemble, on réfléchissait sur ce que nous avions envie de transmettre à travers nos chansons. On a mis ensemble toutes ces idées et les titres qui ont été écrits se sont retrouvé sur Morgana. Il y a dix morceaux, on n’en a pas écrit un de plus. Il y a des riffs et des idées qui nous restent qu’on pourrait encore utiliser mais ce n’est pas comme si on avait écrit vingt morceaux et choisi dix. On compose les chansons dont on a besoin pour un opus et en fonction de l’histoire qu’on a envie de raconter, pas plus.
On retrouve le personnage de Morgan Le Fay interprété au chant par l’artiste turque Lacri (du groupe Thwart) sur cet album qui porte son nom. Comment est née cette envie de travailler avec elle pour ce nouvel opus ?
D’abord comme je l’ai dit auparavant, Revolution est sorti alors que tous les concerts étaient annulés, on était très en colère et frustré par la situation. On était donc dans une humeur très sombre. On avait entendu parler de Morgana et les gens nous disaient qu’elle avait une très bonne voix agressive à souhait, très colérique. On l’a rencontré et on a commencé à écrire des morceaux ensemble, sa voix agressive collait parfaitement à notre humeur et ce que l’on recherchait à cette période. On a donc décidé de continuer ensemble, on voulait faire quelque chose d’un peu différent. On était dans un feeling très noir et on a composé dans cet esprit. Elle a écrit l’histoire, elle parle d’une relation entre elle et le roi Arthur dans Excalibur, mais ce n’est pas l’histoire classique du roi Arthur. Ça concerne plus ses relations avec le roi et toutes ces choses très sombres qui en découlent…
Vous avez eu la bonne idée de reprendre deux morceaux « Armata Strigoi » de Powerwolf et « Cry Thunder » de Dragonforce. C’est donc parfait pour la tournée qui s’annonce !
Pour nous, reprendre des chansons de ces deux grands groupes constitue un défi. On est ami avec Powerwolf depuis très longtemps et on parle de la tournée qui s’annonce depuis des lustres et maintenant cela va enfin arriver. On a choisi une de nos morceaux favoris « Armata Strigoi », et on l’a adapté à notre style. On a déjà joué avec de nombreuses formations, mais là, on a juste choisi deux très bonnes chansons pour partir avec eux sur les routes. C’est ce qui nous a poussés à enregistrer ces reprises.
Sais-tu s’ils ont écoutés vos versions ?
Je ne sais pas, on verra. Ils découvriront ça en novembre mais je n’ai pas eu de réaction de leur part pour le moment. Mais tu sais, nous sommes tous très occupés en ce moment en répétition. On parle surtout de la tournée que nous allons faire ensemble, c’est surtout au niveau technique et organisationnelle que nous échangeons. Tout le monde va découvrir ces morceaux lorsque nous seront ensemble sur la tournée et là je verrai bien leur réaction.
Le son de Morgana est puissant et massif. Comment ce sont passées les sessions de studio cette fois-ci ? Avez-vous procédé de la même façon que pour Revolution ?
Oui, c’est grâce à notre producteur qui a travaillé sur tous nos opus et s’est aussi chargé du son de Morgana. Il a un studio à Hambourg, le Chameleon, et on a enregistré chez lui. Il n’a jamais changé sa manière d’enregistrer, il sait ce que nous voulons et on sait quel son il peut nous donner. Cette fois-ci on avait des chansons énormes et très puissantes mais on a travaillé en fait de la même façon qu’auparavant. On s’est retrouvé au studio, on a enregistré nos parties. Il a une magie qu’il nous transmet et que je ne comprends pas mais ça sonne vraiment bien. (rires)
Tu es le bassiste de la formation, comment as-tu vécu l’enregistrement ?
Cette fois-ci, la totalité des sessions a été un défi. Il y avait ce sacré virus et c’était très angoissant. Ensuite lorsque j’ai commencé l’enregistrement, j’ai moi-même attrapé le covid et cela m’a complètement mis à plat. J’étais ko pendant deux semaines. Et quand finalement j’ai été remis et que j’ai commencé à travailler mes parties, c’était plus difficile. Une des chansons les plus difficiles pour moi à enregistrer a été « To The King ». La tonalité est facile mais il y a des nombreuses parties et tu dois être concentré sur le groove du morceau, cela a été le plus difficile pour moi. Tout n’a pas été simple du fait que j’ai attrapé le covid et ça m’a complètement cassé, du coup ça a été très compliqué pour moi d’enregistrer cet opus.
Vous avez d’ailleurs choisi « To The King » et « Monsters » pour singles, selon toi, ce sont les morceaux les plus représentatifs de l’album ?
On est quatre dans le combo, cinq avec la chanteuse, et chacun a une opinion différente. C’est une bataille, tout le monde crie et chacun veut que son morceau favori sorte en single. C’est un peu un combat de choisir un titre. Mais cette fois-ci on savait tous que « To The King » serait un bon choix. Pour le premier extrait, on voulait un titre avec Morgana au chant. En fait, il y a eu beaucoup de discussion, le label lui aussi voulait donner son avis. Finalement on a choisi « Monsters » qui pour nous est parfait. La vidéo raconte l’histoire de la fée Morgane. « To The King » est notre chanson pour tous les fans qui sont à nos côtés depuis quatre ans et spécialement pendant ces deux années de pandémie. Il va y avoir un nouvel extrait qui devrait sortir juste avant l’album. (Ndlr : « Hellfire »)
Le clip de « Monsters » justement est un véritable film à la gloire des valeureux guerriers que vous êtes ! (rires)
(Rires) Si tu regardes la vidéo, ça parait toujours cool. Mais le tournage d’un clip est toujours une souffrance et compliquée finalement. La plupart du temps, tu es assis à attendre de faire quelque chose. Ensuite tu tournes pendant deux minutes, tu te rassois puis tu attends… Ce sont toujours des journées compliquées lorsque l’on tourne un clip, c’est très difficile à faire. Tourner un clip comme celui-là, c’est un très gros challenge tu as quelques minutes d’action où tu tournes et ensuite tu t’assieds durant des heures en attendant la nouvelle prise. Je préfère être sur scène. Tourner des vidéos est ce que j’aime le moins dans tout ça. (rires)
Comment est venue l’idée de développer tous ces thèmes autour du roi Arthur avec ces armures, ces armes et tout ce décorum qui va avec ?
C’est juste venu à nous. C’est ce que nous sommes. Nous avions une tribune avec les croisés, c’est arrivé ainsi. Nous nous sommes tous rencontrés et nous avons commencé à réfléchir sur ce que nous allions mettre en avant, et parler des histoires du passé et toute l’histoire en général nous a attiré. Tout a fonctionné parfaitement bien ensemble et pour nous, c’était une belle histoire à raconter aux gens. Toutes ces chansons sur les batailles des anges, les histoires anciennes, des légendes, il n’y a pas mieux en fait que le heavy metal pour raconter ça. Et c’est ce que nous faisons.
Les histoires sont très bien écrites à la manière d’une nouvelle. Faites-vous beaucoup de recherches historiques en amont ?
Oh oui, ça dépend. Notre chanteur est très éduqué et il fait beaucoup de recherches et il connait beaucoup de choses là-dessus. C’est comme ça qu’on travaille. On parle avec les gens, on écoute d’autres histoires, c’est comme ça qu’on développe les paroles.
Morgana le Fay joue un rôle important sur cet opus. D’après toi, que vous a-t-elle apporté ?
Premièrement, elle a apporté beaucoup d’agressivité, dans toutes ces chansons, il y a ce cri guttural mais aussi cette voix claire en même temps. C’est un défi pour nous de faire coïncider ses voix et toute l’équipe ensemble. Elle a une grande personnalité. Elle vient avec nous en tournée et était sur notre dernier concert d’ailleurs. Elle fait partie d’une grande partie du show, et chante aussi sur les anciens morceaux avec sa voix qui grogne. Elle fait partie des membres de l’équipe et crée de belles choses avec nous. C’est une femme vraiment colérique. (rires)
Vous avez débuté en 2017, enregistré quatre albums : Reborn en 2018, Revenge en 2020, Revolution en 2021 et le petit dernier Morgana en 2022. Avec du recul, comment décrirais-tu l’évolution musicale de Warkings de ses débuts jusqu’à maintenant ?
C’est une bonne question… Pour le premier album, on a mis toutes les chansons que l’on avait, on ne savait pas à quoi s’attendre. On ne savait pas si les gens allaient aimer. Il s’est avéré que les gens ont aimé et nous avons fait le disque suivant. Nous avons toujours voulu faire des morceaux qui racontaient une histoire intéressante et d’un autre coté que l’on pouvait jouer en live et chanter tout du long, des chœurs grandioses afin que tu puisses crier et interagir. Cela a été l’un de nos buts principaux. Avec les trois premiers albums, nous avons donc essayé de nous concentrer sur ces points. Tout spécialement avec Revolution nous voulions que tout le monde chante tout du long les chansons. Avec le nouvel album, cela change un peu la donne avec le Roi Arthur, il y a l’histoire et pas seulement le rythme. Il est plus épique et relate plus de détails, avec plus d’émotions aussi. Il y a beaucoup de choses qui se passent au travers des titres. Peut-être avons-nous grandi avec cet opus.
Vous avez tous un surnom : « The Viking », « The Spartan », « The Crusader », « The Tribune ». Ce sont tous des personnages que tu décrirais comment avec tes mots ?
Ce que tu vois, c’est ce que tu as. Je suis le viking. J’aime boire et manger plein de trucs. The tribune est le leader, très éduqué. Du moins il le dit à tout le monde parce qu’il est le leader. (rires) Il y a le fanatique de la batterie qui s’entraine tous les jours jusqu’à ce que les gens disent que c’est l’homme le plus fort du monde. Le guitariste qui est le croisé a toujours deux seules choses en tête : pratiquer et jouer de la guitare, et rester assis en priant Dieu tout le temps. Enfin nous avons cette femme en colère, cette méchante sorcière qui apporte tout le piquant. Elle épice chaque chose. Elle est très émouvante, touchante. Nous ne savons jamais ce qui va se passer. Quand tu lui parles, elle peut être gentille ou en colère. Tu ne sais jamais dans quelle humeur tu la trouveras. Si tu te lèves le matin, tu ne peux pas prévoir quelle sera son état émotionnel. (rires) C’est toujours comme une surprise.
Qui a choisi les masques de croisés et de barbares pour chacun d’entre vous ?
Pour nous ce ne sont pas des masques. C’est ce que nous sommes. Chaque partie représente une personne. Celui pour « The Crusader », celui pour moi, etc. Nous avons notre Dieu de la création à nous qui crée toutes ces images. Cela est venu en nous. Ce ne sont pas des masques, c’est ce que nous sommes personnellement.
Vous allez jouer au Zénith de Paris le 27 novembre 2022 en première partie de Dragonforce et Powerwolf. Qu’aimerais-tu ajouter tu pour convaincre quelqu’un qui ne connait pas encore Warkings de venir vous voir en concert ?
Je lui demanderai s’il aime le heavy metal. Si oui et qu’il veut passer un bon moment, chanter avec nous et oublier tous les foutus problèmes que le monde connait alors : viens nous rejoindre à ce show. Nous t’emmènerons dans un voyage pour un retour à l’Antiquité et pendant une heure une heure et demie, tu oublieras tout. Crois-moi ! Fais la fête avec nous, bats-toi avec nous, pense à l’histoire ancienne. S’il est dans cet esprit-là, il va venir à notre spectacle. C’est ce que je lui dirais. Si tu n’as jamais vu un croisé se battre avec un Spartiate sans se tuer tous les deux, viens nous voir. Ce nouvel album est spécial pour nous. Warkings prend une nouvelle direction. Nous avons ajouté beaucoup de growls et nous avons fourni beaucoup de travail. Le plus important est de s’asseoir, écouter l’album qui te ramènera à un voyage dans un temps ancien, au Roi Arthur et les chevaliers de la table ronde. En espérant que ce sera bon pour toi pour écouter toutes ces bonnes chansons que nous partageons avec le public.
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