ACOD : Fourth Reign Over Opacities And Beyond

Fourth Reign Over Opacities And Beyond - ACOD
ACOD
Fourth Reign Over Opacities And Beyond
Black/Death metal mélodique
Les Acteurs de l’Ombre Production

Un peu trop rapidement estampillé à ses débuts « death metal moderne » à la Gojira mais aussi Dagoba pour ses influences thrash et l’aide du producteur/chanteur Shawter, le groupe phocéen a progressivement évolué à partir de l’EP Another Path… (autoproduction) qui ouvrit en 2014 un nouveau chemin afin de se détacher de ses étiquettes un peu trop collantes. Mais Acod a surtout muté à vrai dire avec l’album II The Maelstrom (autoproduction) lorgnant de plus en plus vers le côté obscur de la force, ou plutôt du metal extrême… Après un line-up remanié (épuré même) en 2018 sur l’album The Divine Triumph (Jive Epic (filiale de Sony) qui connut son petit succès critique à l‘étranger, notamment grâce à une collaboration pour le mastering avec l’incontournable ingénieur du son suédois Jens Bogren (Amon Amarth, Opeth, Paradise Lost, Ihsahn, etc.), nos désormais trois Marseillais publient Fourth Reign Over Opacities And Beyond sur un label bien plus underground spécialisé et bien adapté : Les Acteurs de l’Ombre Productions.

Bon, ça c’était pour le côté biographique et business, mais côté musique, qu’en est-il ? Acod a encore muri et a pu peaufiner ces dernières années son propos, à l’instar d’un autre combo français évoluant dans le même style, quoique plus brutal, : Bliss of Flesh. Excellemment produit avec de superbes arrangements (orchestrations, passages narratifs dans la langue de Molière, etc.), ce cinquième opus force le respect face au travail de composition accompli mais aussi pour les textes. Fourth Reign Over Opacities And Beyond constitue en fait le second chapitre de sa trilogie dantesque, et raconte l’épopée d’une âme perdue dans l’au-delà désignée pour être l’élu.


Si le premier titre « Sur D’anciens Chemins… », servant déjà d’intro pour leurs concerts actuels, peut paraître un peu pompeux avec ses trois minutes d’orchestrations dignes d’une bande-originale cinématographique, il a le mérite d’imposer le style d’Acod, souvent qualifié de black/death metal poséidonien (du fait de son trident dans son nouveau logo et des influences culturelles méridionales). Très vite, les chevaux du Dieu de la mer sont lâchés, et les screams et growls du chanteur Fred raisonnent sur un rythme effréné et des riffs puissants et appliqués. Les divers effets, et notamment claviers, ne viennent qu’en surcouche musicale pour accentuer le côté dramatique des paroles. Le break central sur « Genus Vacuitatis » permet de respirer dans cet « enfer », littéralement évoqué dans un bref passage narratif. Quelques chœurs se font entendre sur des riffs de guitares très heavy et graves. Pour autant, malgré cet aspect belliqueux, la mélodie n’est pas en reste, et c’est là le point fort d’Acod justement. Les guitares, les riches orchestrations, quelques chœurs féminins, bien sentis apportent tous ensemble un côté catchy à chaque chanson (la mélodie lancinante de « The Prophecy of Agony » suivi de son couplet appuyé en mid tempo).

Le travail rythmique assez varié procure aussi une furieuse envie de headbanguer. Et la basse n’est pas oubliée, souvent parent pauvre dans le metal extrême et metal en général (« Nekyia Catharsis »).



Au fur et à mesure que l’on progresse dans cette odyssée musicale méditerranéenne, tel Ulysse face aux épreuves lors du long retour pour son royaume d’Ithaque et revoir sa Pénélope, on découvre à chaque fois un nouveau break par-ci, un solo de guitare par-là, un superbe passage aux claviers, un riff black/death assassin à la Necrophobic, Naglfar, ou Dimmu Borgir (époque Puritanical Euphoric Misanthropia et avant), voire carrément death mélodique made in Göteborg, façon vieux In Flames ou Dark Tranquillity (« Empty Graves / Katabasis »), le tout rendant ce nouvel album d’Acod foncièrement prenant et épique.

Alors fans de black/death mélodique et symphonique, vous savez ce qu’il vous reste à faire. De plus, cette sortie chez LADLO prouve encore une fois que nous avons d’excellentes formations dans l’Hexagone (au cas où vous ne vous en étiez toujours pas rendu compte) qui n’ont franchement plus à rougir de la concurrence étrangère, notamment scandinave, cette dernière étant en perte de vitesse, ne proposant plus vraiment de nouvelles sensations, et ne s’appuyant que sur ces pairs vieillissants. [Seigneur Fred]

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