ACOD : Voyage au bout de l’enfer

Déjà le cinquième opus pour la formation phocéenne de black/death metal mélodique que rien ne semble ébranler, à l’heure où malheureusement certains de leurs confrères jettent l’éponge (Svart Crown). À l’image du superbe nouvel artwork représentant un voyage dans l’au-delà, entre le purgatoire et l’enfer, ACOD continue son périple contre vents et marées, n’étant pas du genre à chômer ni à baisser les bras. Après l’arrêt de son précédent label qui publia The Divine Triumph en 2018, les Marseillais nous offrent Fourth Reign Over Opacities And Beyond. Nous avons fait le point avec son chef d’orchestre.
[Entretien avec Jérôme Grollier (basse (live), basse, guitare et claviers (studio) par Seigneur Fred – Photo : DR]

Si ma mémoire est bonne, vous aviez effectué une tournée dans le passé pour METAL OBS en France il y a quelques années. J’ai même encore le t-shirt !! (sourires) Quels souvenirs en gardez-vous même si ça remonte un peu maintenant et qu’une pandémie est passée entre-temps partout dans le monde… ?
Nous avions fait le Metal Obs tour en 2016, en effet. Nous en gardions un bon souvenir, certes, lointain. C’était une autre époque pour ACOD. Nous avions eu de supers retours du public.

Parlons un peu business si tu veux bien : pourquoi un tel changement de label pour ACOD car vous passez d’une filiale d’une major (Jive Epic/Sony Music) à un label français underground spécialisé en métal extrême, plus ciblé, et qui se développe beaucoup : Les Acteurs de l’Ombre Productions. Que s’est-il passé avec Jive Epic ? C’était un deal pour seul seul album studio ou vous avez quitté le navire précipitamment en quête d’un label spécialisé ?
C’était un deal pour un album sur le territoire français. Jive Epic a fermé, nous avons dû donc chercher un autre label. Nous voulions pour cet album un label qui nous accompagne au-delà du territoire français. LADLO (Les Acteurs de l’Ombre) nous a suivis là-dessus avec une promo européenne et une distribution chez Season Of Mist. La taille du label dans le métal extrême ne fait pas tout. Un label comme LADLO possède des niches que les majors n’ont pas et qui sont très bénéfiques pour nous.

ACOD a pas mal évolué à partir du EP Another Path…, puis l’album II The Maelstrom (2014) et surtout The Divine Triumph (2018), que ce soit musicalement mais aussi visuellement, avec ce logo du trident de Poséidon. Comment définirais-tu musicalement aujourd’hui ACOD afin de présenter votre style à des nouvelles personnes qui vous découvrirez à travers ces lignes ?
Nous pouvons qualifier notre style de death/black metal mélodique car nous puisons dans ces deux styles la plupart de nos influences. Depuis The Divine Triumph, le concept et l’univers s’est véritablement mis en place.

Personnellement, j’aurai tendance à vous étiqueter black death metal mélodique aussi,  ou symphonique. On retrouve chez vous cce côté death metal mélodique à la suédoise, mais aussi black/death suédois typique à la Dissection, Naglfar, Necrophobic, mais avec des claviers. Quelles sont vos principales influences selon toi et qu’apporte ACOD sur la scène métal française et surtout européenne à l’heure où justement les groupes scandinaves s’éteignent peu à peu ?
Nos principales influences sont la scène extrême des années 90. ACOD dépoussière ce qui a été fait dans ces années-là en y incluant certains éléments plus modernes comme les structures des morceaux et la production sonore. Nous y apportons également notre vision personnelle autour d’un concept triptyque.

Avec le temps, du coup, avez-vous remarqué une évolution aussi parmi vos fans et le public qui vous suit ? Que ce soit en concert, ou virtuellement sur internet ?
Le public au fils des années s’est agrandi grâce aux lives et aux tournées. Nous touchons de plus en plus des auditeurs de métal extrême old school. Et on est agréablement surpris du public européen qui commence à nous suivre de plus en plus nombreux.

Votre nouvel et cinquième album Fourth Reign Over Opacities And Beyond est paru il y a déjà quelques semaines sur le label Les Acteurs de L’Ombre Productions comme on l’a évoqué précédemment. Par conséquent, vous avez déjà eu pas mal de retour (critiques, ventes, etc.) et vous le jouez déjà depuis cet été sur scène (cf. Mennecy Festival). Quel est votre avis à son sujet avec du recul ?
Nous sommes satisfaits de la sortie de Fourth Reign (…). Il est bien reçu par la presse. Les Acteurs de l’Ombre nous soutiennent et font un super travail dessus. Nous avons accompagné le tout avec deux clips esthétiques qui mettent bien en image l’ambiance de ce nouvel opus.

Qui a produit Fourth Reign Over Opacities And Beyond : Shawter (Dagoba) ? Et est-ce Jens Bogren qui a mixé l’album une nouvelle fois du côté de Stockholm ou Örebro ? Car le son est tout simplement parfait !
Nous avons enregistré la batterie au studio Artmusic avec Nicolas Muller derrière les fûts. J’ai fait les prises guitares, accompagné de Matt Asselberghs, les prises basses et orchestrations. La voix a été enregistrée chez Shawter. Le mix et le master ont été faits au Fascination Street Studios comme le précédent.

Avez-vous le sentiment d’avoir réalisé l’album parfait avec Fourth Reign Over Opacities And Beyond, comme si c’était votre Black album de Metallica, ou plutôt, je dirais, votre Puritanical Euphoric Misanthropia comme l’avait fait Dimmu Borgir avec son chef d’œuvre en 2000 ?
Nous sommes très contents de cet album, après je ne le pense pas parfait. Nous sommes toujours plus tranchants sur notre propre travail et c’est ce qui nous permet d’avancer pour les prochains enregistrements. Peut-être que c’est notre « black album », mais ça, je laisse plutôt nos auditeurs en juger… (sourires)

Fred chante principalement en anglais, mais il y a beaucoup de passages narrés en français… N’est-ce pas gênant ça pour la compréhension du public à l’étranger s’il n’est pas francophone en écoutant ce nouvel album ? Pourquoi ce mélange chez ACOD ?
Les passages narrés en français sont des dialogues. C’était plus évident de le mettre dans notre langue pour le côté authentique, au niveau des prises sonores et les enchaînements, ça sonnait mieux dans ce sens qu’en anglais. Les retours étrangers ont d’ailleurs apprécié cette french touch. (sourires)

Il y a un gros travail justement sur l’insertion de ces narrations dans les chansons, mais aussi dans les arrangements en général (claviers, samples, etc.). Cela n’a pas été trop compliqué en studio à mettre en place au final ? En live, un peu comme Septicflesh, cela peut être dur à jouer et à reproduire fidèlement sur scène avec toutes ces bandes samplées (orchestrations, etc.) par-dessus ?
Nous jouons sur bande depuis des années et au métronome. La création des orchestrations a été un travail minutieux qui a nécessité beaucoup de recul. Pour la reproduction en live, disons que c’est du ressort de notre ingé son Tryf qui nous accompagne depuis plusieurs années.

Au niveau du line-up, sur les photos promotionnelles on vous voit tantôt à deux, parfois trois personnes, et sur scène cinq. Quel est le line-up complet actuel officiel d’ACOD ?
Sur la partie artistique et musicale, ACOD est un duo. Fred pour le chant et les lyrics, et moi-même pour la partie musique. Sur le plan organisationnel en concert, nous avons Raph qui nous accompagne sur le live à la batterie, et l’administratif (ce qui est un énorme boulot). Pour le live, nous avons aussi Romain Aimar et Matt Asselberghs aux guitares de session.

À présent, pouvez-vous nous résumer le concept de ce cinquième album car il y a bien un concept je crois savoir ici, comme une sorte de voyage d’un homme jusqu’à l’enfer, ou le paradis, etc. Il y a ici un questionnement sur le voyage de l’âme après la mort en tout cas, non ?
Le concept est la suite du précédent, une âme dans l’après vie qui erre en enfer poussée par des chimères vers les profondeurs afin qu’elle ne s’en sorte jamais. En fait, c’est une métaphore sur la descente aux enfers que chacun peut vivre et s’y enfoncer par de mauvaises personnes ou autres.

Enfin, quelques mots sur le nouvel artwork de Fourth Reign Over Opacities And Beyond qui est superbe ? Il est signé Paolo Girardi, je crois… Cela me rappelle un peu le travail de l’artiste Joe Petagno (Abhorrence, Angel Corpse, Diabolical, Diabolic, Dellamorte, Motörhead, etc.) ou du français Jean-Pascal Fournier…
Nous travaillons avec Paolo Girardi depuis The Divine Triumph. C’est un peintre fantastique qui, avec juste quelques explications qu’on lui fournit, arrive à créer une œuvre de cette profondeur qui colle exactement à ce qu’on voulait. Notre volonté était en phase avec son savoir-faire.

Quels sont vos projets pour cette fin d’année et l’an prochain ? Peut-on espérer vous croiser sur les routes en France, en tête d’affiche ou support d’un plus grand groupe ? Des festivals d’été peut-être déjà de prévus comme le Hellfest ou Motocultor ou une prochaine édition du LADLO Fest du côté de Nantes, Paris, ou Marseille ?
Cette fin d’année sera plutôt une période de préparatifs pour nous. Plusieurs dates sont en cours de validation, nous ouvrons pour Seth à Marseille en décembre 2022. Le reste à venir sera donc en 2023.

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