AKIAVEL / BUKOWSKI / JOHNNY MAFIA / CLAVICULE : LIVE REPORT FESTIVAL L’PAILLE À SONIQUE@LUISANT (FR) LE 24-02-24

Trop rare pour ne pas être souligné, voici un aperçu de la belle soirée punk rock & metal à Luisant, à côté de Chartres (28), proposée comme chaque début d’année, depuis la reprise des hostilités après la pandémie, par le Festival L’Paille à Sonique (ex-Le Printemps Sonique). Au menu, ce samedi soir du 24 février 2024 : le phénomène montant death/groove metal français des méridionaux d’Akiavel (que l’on a croisés un peu partout l’an dernier sur les scènes hexagonales, et enfin interviewés ! Notre rencontre à retrouver très vite ici) ; nos amis bien connus de Bukowski (new rock/metal), ainsi que les joyeux drilles de Johnny Mafia et Clavicule pour du punk sympathique, tout ça dans un esprit bon enfant et une orga au poil comme l’an dernier, même si le public répondit moins présent malheureusement pour cette seconde édition. [Live report : texte & photos live par Seigneur Fred]












Si en février 2023, la superbe salle de l’Espace Malraux était déjà quasi pleine avec 650 personnes lorsque nos ex-copines nogentaises de Shewolf déboulaient sur scène (« ex » car elles viennent malheureusement de splitter… snif !), c’est devant une audience moitié moindre que les quatre jeunes musiciens de Clavicule ouvrent le second bal du festival à 20h15 cette année, la soirée de la veille étant réservée aux musiques dub, reggae et électro… Avec leur punk rock garage mélodique au son paradoxalement très léché, on retrouve chez les Rennais de légères influences surf/punk rock de la west coast américaine et punk/hardcore mélo (Millencolin…), on a envie de swinger. À cela s’ajoutent de légères touches presque orientales et psychédéliques, palpables à la fin de leur show sous de superbes lights.

CLAVICULE

Bien que timide, le public beauceron apprécie leur fraicheur sonore, et même si ça bouge pas (encore) dans la fosse, leur musique ne prêtant pas à pogoter ni à headbanguer comme un forcené quitte à se faire péter justement la clavicule, le quatuor repart sous des applaudissements polis. À noter que c’était là le dernier concert du bassiste Ian Mondaygo qui quitte Clavicule. Mais on pourra revoir très vite la formation bretonne qui continue de défendre live son deuxième LP Full Of Joy (On A Tant Rêver du Roi & Le Cèpe Records) puisqu’il passe non loin d’ici en région Centre-Val de Loire, le samedi 7 mars 2024, au Chato d’O de Blois (salle que nous connaissons bien pour y avoir rencontré dans le passé Sepultura, Napalm Death, Zuul Fx, Nostromo, Mass Hysteria, ou Loudblast…).

JOHNNY MAFIA

L’ambiance punk rock s’installe un peu plus à l’Espace Malraux avec un autre quatuor très fun et joyeux : Johnny Mafia. Récemment vu dans l’émission Basique sur France 2 et dans Culture Box sur France 4 (ah, le service public se mettrait-il au rock désormais ?), leur concert s’adresse à un niveau générationnel touchant davantage un public ayant grandi dans les années 90/2000 avec les Greenday, The Offspring, Sum 41 et autres Good Charlotte, plutôt qu’au vieux punk des Ramoneurs de Menhirs et autres Sales Majestés venus foutre un joyeux bordel l’an passé ici-même. Du fait de ses influences pop, plus gentillet sera le set de nos quatre lascars de Sens encore en rodage ce soir. Etrange coïncidence, Akiavel, la tête d’affiche de ce soir, jouait là-bas la veille avec Dagoba et Loudblast. Ils auraient presque pu covoiturer ensemble pour venir tous deux ? 😉

Vissé sous un bob multicolore rappelant Liam Gallagher (Oasis), le guitariste/chanteur de Johnny Mafia continue donc de roder ce nouveau show pour promouvoir leur déjà quatrième bébé, Year Of The Dragon (Nouveau Monde Artistes Services). Il ne s’en cachera d’ailleurs pas lui-même au micro, entre deux chansons de punk rock mélodique typé US mais aussi aux appréciables influences power/pop à la Weezer (notamment dans le rythme). Tout cela se ressent bien sur leur dernier opus produit au passage par un certain Francis Caste (Bukowski, Necrowretch (lire notre interview toute chaude), feu Aqme, Hangman’s Chair, Regarde Les Hommes Tomber, Pogo Car Crash Control, feu Svart Crown, ou encore Witchorious (lire notre interview toute chaude)…). Pendant ce temps-là, le bassiste sur la droite, aux faux airs de Jason Biigs (American Pie) ou plutôt Jonah Hill (Le Loup de Wall Street, Super Grave, remakes de 21 Jump Street, American Trip…), essaie, tant bien que mal, de boire sa bière dans son pichet… Après tout cela, Johnny Mafia s’apprêtera à partir sur les routes en tournée européenne, notamment en Espagne, au printemps pour son Dragon Tour. En attendant, là encore, l’ambiance est bon enfant, on passe un moment fun, mais ça bouge toujours peu dans les rangs…

Il va falloir attendre l’arrivée des Franciliens de Bukowski, déjà venus ici il y a quelques années avec Dagoba ou Black Bomb A de mémoire, qui vont réveiller le froid public beauceron, et échauffer les esprits grâce à leurs compos touchantes et puissantes de leur sixième album éponyme (At(h)ome). On sent l’expérience du combo qui a l’habitude de balayer la France de long en large, et déjà ouvert pour des groupes comme Mass Hysteria, etc. Le répertoire monte en puissance, et le groove de leurs chansons commence enfin à faire jumper un peu les festivaliers de Luisant. La diversité et le travail des mélodies sur leur dernier opus fait plaisir à entendre. Côté séquence émotion, forcément, le chanteur/guitariste Mathieu Dottel, sous sa casquette, rendra un bel et sincère hommage, et les spectateurs aussi, à son frère Julien (R.I.P.), ancien bassiste du groupe, parti bien trop tôt en 2021….

BUKOWSKI

Enfin, place à la tête d’affiche de ce soir : Akiavel et sa chanteuse charismatique Aurélie (Aurel pour les intimes ;-)). Écumant toutes les salles mais aussi les festivals de France et de Navarre (Hellfest et Motocultor 2023, etc.), ce combo fondé en 2018 du côté de Toulon (enfin Cabasse précisément) bénéficie actuellement d’une notoriété croissante sur la scène metal extrême hexagonale, surtout depuis ces deux dernières années. Et c’est bien normal au vu de l’intense travail qu’ils fournissent. Auteur d’un troisième et puissant album Veni, Vidi, Vici (Akia Records), nos nouveaux amis toulonnais sont bien décidés à en découdre ce soir. Normal, ils veulent appliquer au pied de la lettre la célèbre maxime de Jules César (rentrant alors au Sénat romain, victorieux de la bataille de Zéla contre le roi du Pont, Pharnace, en -47 av. J.-C.), et ce, qu’importe le nombre de spectateurs car ils sont remontés à bloc pour envoyer du lourd, même si leur concert de la veille à Sens, au côté de Loudblast et Dagoba, a peut-être laissé quelques traces (une probable et troisième mi-temps ?) nécessitant un peu de repos à l’hôtel quelques heures avant leur show…

AKIAVEL

De toute façon, n’effectuant pas de balance l’après-midi, les trois musiciens que sont Chris (guitare), Jay (basse), et Butch (batterie), ainsi qu’Aurélie (chant) s’en moquent et restent cependant très pros au moment de mettre les watts. S’isolant quelques minutes avant de rentrer en scène afin de rentrer dans le « personnages des chansons », la frontwoman, tout de noir vêtu, n’est pas venue là pour enfiler des perles et se la jouer gothic metal malgré son accoutrement. Non, Akiavel donne dans le death metal, à tendance mélodique qualifierons certains, même si, par contradiction, il n’y a aucun solo de guitare ni claviers de jouer sur leurs morceaux, ni aucun chant clair ici. À noter que sur scène, une seule guitare est présente, assurée par le principal compositeur Chris (ex-Acod), alors que l’on entend une second guitare qui est en fait diffusée sur sample en parallèle.

Côté set-list, on a droit d’abord à deux « classiques » d’Akiavel, avec « The Witness » et « Blind Torture Kill » tirés des deux premiers albums, puis on reste sur leur premier opus V paru en 2020 avec « My Lazy Doll » et « Kind Of Requiem ». Enfin nous avons droit à de la relative nouveauté, puisqu’Aurel et cie interprètent « Souls Of War » tiré de leur dernier album (2022), et nous croirons aussi entendre plus tard « Witchcraft » qui fit l’objet d’un joli vidéo clip en tant que single en 2022. Sans lien de parenté avec la regretté Dolorès O’Riordan (ex-The Cranberries), « Zombie » nous arrive en pleine poire ! Aurélie est véritablement habitée dans son personnage quand elle regarde avec ses yeux et mimiques inquiétantes les nombreux fans du premier rang qui en redemande. Le son est bon, et les lumières aux petits oignons. Une déferlante sonore et un régal visuel. Chapeau encore la régie pour ce super show !

Et plus le show avance justement, plus on commence à ressentir néanmoins une petite fatigue côté public, mais pas sur scène. Et toujours aucun pogo, ni stage diving. Dommage que le groupe du sud de la France ne lance alors aucun circle pit, ni wall of death ? Surtout que l’on a déjà vu ça ici à Luisant dans l’Espace Malraux, que ce soit avec Dagoba, Aqme, ou Black Bomb A, et avec bien moins de monde dans cette fosse machiavélique… Aucune reprise, ni rappel non plus, bien que quelques heures auparavant, on les supplia en coulisses de jouer « Roots Bloody Roots » de Sepultura comme au Hellfest l’an dernier, en clin d’œil à l’asso écolo Savage Lands de Sylvain Demercastel, ancien leader d’Artsonic (un des groupes de neo metal signé alors chez Warner au début des années 2000 et dans lequel passa un certain Dirk Verbeuren, batteur de Megadeth, ex-Aborted, ex-Headline…). Peut-être à cause des droits Sacem. Snif quand même… ! Mais vous savez ce que c’est, le client, ou plutôt le spectateur, étant roi, on a tendance à en vouloir toujours plus quand on aime. 😉

Dans tous les cas, la qualité est là, Akiavel est vraiment une formation super costaud technique et avec une vraie identité, tant lyrique que visuelle, à suivre de très près. Son style musical se nourrit d’influences parfois plus typées death metal mélodique, deathcore, ou aussi groove metal (Lamb Of God) surtout dans l’introduction de certains breaks et ce chant guttural d’Aurel qui ferait presque rougir Randy Blythe ou un Glen Benton des mauvais jours. Le concert touche à sa fin avec le morceau « Cold » extrait du premier album V. La chanson « Bye ! » aurait été bienvenue et judicieuse en guise d’au revoir, mais non. Qu’importe, nous sommes comblés, et un peu fatigués aussi, même si davantage de chansons du dernier album Veni, Vidi, Vici auraient été bienvenues. Après, il est vrai que succéder à trois groupes n’est pas si évident, même en tête d’affiche, mais bon, les premiers ne nous ayant pas mis à genoux ce soir, sauf peut-être sur la fin du set des Buko, forts que nous sommes malgré l’âge avançant, on en voulait encore, nous, à Metal Obs ! On voulait faire du sport ce soir dans le pit de Luisant !

Pour février 2025, si le festival veut garder son attractivité culturelle bien trop rare en Eure-et-Loir, créant ce rdv annuel des musiques actuelles qui nous sommes si chères, et s’il compte attirer plus de monde, il faudra, selon les moyens et la trésorerie disponible, bien sûr, offrir toujours autant de diversité, des jeunes talents et des pointures plus expérimentées, mais surtout qui réveillent, comme Akiavel ! Et puis, pourquoi pas un groupe de metal ou de hardcore étranger abordable financièrement et sûr de remplir ? La concurrence est rude à vrai dire, et les budgets plutôt serrés. Luisant et Chartres demeurent des cités bien trop calmes quand on parle de musiques actuelles, qui plus est, extrêmes. D’ici là, n’oubliez pas les dix ans du festival L’Paille à Sons cet été : les 7 & 8 juin prochains aux Grands Prés à Chartres ! [Seigneur Fred]

Interview d’AKIAVEL à retrouver très bientôt sur metalobs.com !
  • Setlist AKIAVEL :

N.B. : Merci à l’association Les Sons du Sous-Sol pour son accueil et sa collaboration sur cet évènement ; et bien évidemment un grand merci aux membres d’Akiavel pour leur grande disponibilité et gentillesse, car on comptait bien nous rattraper pour cette entrevue. Du coup, on les a bien embêtés ! 😉

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