Après la tempête Louis ce jeudi 22/02/24, une autre tempête a soufflé le soir venu en pays orléanais, black metal celle-ci. À l’affiche, nos habitués des lieux, Les Bâtards du Roi (encore vus le mois dernier en première partie de Pénitence Onirique), les locaux présentant leur tout premier opus éponyme (chez L’Ordalie Noire) ; suivi du désormais quatuor francilien Rüyyn, formation en pleine construction et qui interprété intégralement et sans faille son puissant premier album là aussi, paru fin 2023 pour rappel, et intitulé : Chapter II : The Flames, The Fallen, The Fury (chez Les Acteurs de L’Ombre Productions).
Au passage, nous croisâmes même la chanteuse Adèle, non pas la chanteuse britannique, mais la voix du groupe parisien de black metal Houle, venue en supportrice, et aussi en éclaireuse pour leur futur concert en octobre prochain dans ce même Dropkick Bar… [Live report : texte et photos par Seigneur Fred]
C’est à l’occasion de la publication de leur première galette, donc, que nous retrouvons le groupe orléanais Les Bâtards du Roi, un mois après leur prestation remarquée ici-même. C’était alors devant un public plus fourni en première partie de Pénitence Onirique. Mais ce soir, même si ce n’est pas la foule des grands soirs (une petite soixantaine de personnes répondent présents, mais pas évident de remplir une salle de concert underground en semaine), c’est leur grand soir ! Car nos jeunes bâtards masqués et encapuchonnés défendent sur la de leur fief natal leur album éponyme en interprétant différents extraits durant un petit set de trois-quarts d’heures environ. Le timing est plus confortable cette fois avec seulement deux groupes à l’affiche, Rüyyn jouant en tête. C’est ainsi que nous assistons à un concert en plus maîtrisé et en place, même si quelques problèmes sonores (des larsens) se font entendre malheureusement entre deux morceaux. Aussi, le chant du guitariste rythmique, alias « le Régicide » (un fan de GOT visiblement), est peu audible au début, comme il y a un mois malheureusement, mais enfin le frontman se fait finalement entendre, tout comme les riffs de sa guitare Les Paul noire, accordée en Ré.
Sur la gauche de la scène du club, le guitariste soliste maîtrise parfaitement son instrument, une belle Stratocaster blanche, et avec un effet entre le delay et chorus, assure de jolis soli, et pousse même la chansonnette ici ou là sur des parties en chant clair. Cela renforce un peu les compositions orientées black metal mélodique et leur identité. Le public présent apprécie et les remerciera chaleureusement, et réciproquement après l’ultime et superbe « Jeanne » dédiée à celle qui délivra Orléans un beau jour de mai 1429, faisant plier les défenses anglaises… Rendez-vous au stand de merchandising pour se procurer ensuite leur nouvelle galette éponyme composée d’une petite dizaine de titres, et qui faillit bien n’être qu’un simple EP au départ.
Place maintenant au second et dernier groupe de la soirée, Rüyyn (notre interview de son leader RxN est toujours disponible ici), que la plupart des spectateurs et fans de black metal découvrent véritablement pour la première fois ce soir en concert, contrairement aux Bâtards du Roi. Tout juste annoncé cette semaine à l’affiche du prochain Motocultor cet été 2024, et après un concert dévastateur la veille à la capitale des Gaules, le quatuor parisien monte sur scène, bien décidé à en découdre et se faire connaître avec son black metal d’obédience scandinave, norvégienne précisément. Les seulement quelques petites heures de sommeil en stock, nous confiera juste avant Romain Paulet alias « RxN », sont alors vite oubliées, et place au true black de Rüyyn. Pour information, Rüyyn a déjà publié un EP éponyme en 2021 chez Les Acteurs de L’Ombre Productions. Ce premier effort studio fut assez remarqué dans l’underground du metal extrême français, démontrant une solidité dans les compositions même si les influences étaient très palpables : Gorgoroth, Satyricon, Darkthrone pour l’essentiel… Mais ce jeudi soir, Romain et ses trois camarades vont jouer intégralement leur tout nouveau et premier album paru en fin d’année dernière et que nous avions particulièrement apprécié à Metal Obs en décembre dernier : Chapter II: The Flames, the Fallen, the Fury (LADLO) (notre chronique album à retrouver ici). C’est osé, ambitieux, dirons certains mais les Parisiens vont relever haut la main le challenge grâce à un set parfaitement sonorisé, notamment le chant, et des musiciens très professionnels, alors que le line-up a évolué dernièrement.
A l’arrière de la scène, deux illustrations signées Yharnam Art habillent la scène de chaque côté, alors que le jeu de lumière est malheureusement plutôt limité et n’aide pas à créer une atmosphère à tout concert de black metal qui se respecte. Surtout que sur leurs concerts précédents, comme à Bordeaux, fief de Seth, ils avaient recours à des flammes sur des brûloirs comme ont systématiquement recours les Suédois de Watain sur scène. Mais bon, qu’importe le flacon, pourvu que l’on ait l’ivresse du black metal ce soir ! Et ça le fait. Les six nouveaux morceaux que contiennent vont être interprétés avec maestria, accentuant la puissance de leur version studio, grâce à un set bien rôdé, et un son bien globalement bon et aux petits oignons. Romain est parfait dans son rôle de frontman, sans trop en faire. Sur la gauche, le guitariste au visage grimé de noir et d’un trait doré vertical, équipé de sa Solar, a un faux-air de Gaahl dans l’ombre de la scène. Il remplace Vitriol Mph, mais nous ne connaissons pas son nom. Côté section rythmique, le batteur Äaerzerath est au taquet et sait tout faire : blasts beats, breaks fracassants. Il envoie des breaks lourds et puissants, laissant place à des passages mid-tempo parfois bienvenus comme sur « Part II ». A la basse, on reconnait un certain Antheus de Lunar Tombfields, venu ici même il y a quelques mois à peine et qui remplace ÖberKommander666 sur cette deuxième tournée française de Rüyyn.
Les légères touches progressives permettent de respirer un peu, et démontrent une certaine ouverture de Rüyyn et de son frontman Romain alias « RxN ». La fin du show des Parisiens s’achève d’ailleurs sur la sixième et ultime « Partie VI » de leur album, dans une atmosphère plus aérien et épique. Les quatre musiciens quittent alors la scène après un remerciement poli. Durant quelques minutes, on croira venir un rappel (pour interpréter, pourquoi pas, un extrait de leur EP absent de leur setlist ce soir), mais non, fausse illusion… Mieux vaut d’un autre côté un set parfait et compact, plutôt que d’en faire trop, même si une petite reprise de Darkthrone ou Mayhem aurait été sympathique… Et puis nos gaillards ont peu dormi la veille, venant de Lyon où ils ont joué précédemment, alors nous ne leur en voudrons point. Mais ils répondront présents juste après quand même au stand de merch’ pour rencontrer leurs fans qu’ils invitent quelques instants après. On appréciera la grande disponibilité de son guitariste/chanteur.
Dans tous les cas, la qualité était au rendez-vous au cours de cette soirée black metal 100%frenchy. Deux très bons concerts sans fioriture, fait de passion pour la musique. Pour ces deux jeunes groupes apparus sur la scène underground hexagonale, on ne peut que constater cette passion et la pugnacité de ces artistes qui les animent, des artistes qui semblent déjà fort expérimentés. Que ce soit Les Bâtards du Roi ou Rüyyn, chacun vient de publier récemment son album, et a déjà façonné son univers, son style, avec des approches différentes dans leur art noir, plus mélodique pour le premier, plus direct et froid pour le second. Tout ceci ne demande qu’à se développer avec le temps. Et chacun à sa façon ce soir, aura, à coup sûr, marqué des points et conquis de nouveaux adeptes, prouvant que le black metal français ne s’est jamais porté aussi bien dans notre pays, alors qu’il tend sérieusement à s’essouffler en Scandinavie, là où il a explosé il y a bonne trentaine d’années… Au cours de cette soirée, nous croiserons d’ailleurs, comme indiqué en préambule, la jeune chanteuse Adèle, alias « Adsagsona » du groupe de black metal parisien Houle. Celle-ci nous annoncera venir jouer ici bientôt. C’est donc vêtue de sa marinière que nous la reverrons à son tour fouler la scène du Dropkick Bar d’Orléans en octobre prochain. Alors rendez-vous est d’ores-et-déjà pris ! [Seigneur Fred]
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