« Veni Vidi Vici ! » C’est le titre de l’excellent troisième album d’Akiavel, quatuor méridional de death/groove metal qui monte, qui monte… Malheureusement, cet adage bien connu hérité de Jules César ne nous avait pas réussis jusqu’à présent. En effet, combien de fois nous sommes venus assister aux concerts des Toulonnais, notamment en 2023 (cf. notre live report au Motocultor, Hellfest, etc.), et les avons vus en live. Mais jamais nous n’avions pu les interviewer, la faute à un manque de temps et l’incompatibilité de nos agendas. Profitant alors de leur récent passage au festival L’Paille A Sonique à côté de Chartres (28), nous avons enfin obtenu notre victoire : un tête-à-tête en coulisse avec le groupe au complet pour une franche rigolade, juste après une petite sieste bien méritée à leur hôtel, pour faire le point sur leur formidable ascension et les projets. En tout cas, une chose est sûre : Akiavel fait partie des formations en plein essor sur lesquelles il faut désormais compter parmi la scène metal française. Et notre petit doigt nous dit que c’est loin d’être fini… [Entretien avec Chris (guitares), Jay (basse), Aurélie (chant), et Butch (batterie) par Seigneur Fred – Photos promotionnelles : DR ; photos live & backstage : Seigneur Fred]
Tout d’abord, j’ai l’impression que l’année 2023 a été particulièrement intense pour Akiavel car vous n’avez pas arrêté et on a pu vous voir en concert un peu partout en France. C’était difficile de vous rater, même si on a jamais eu l’occasion jusqu’à maintenant de vous interviewer à notre grand désespoir… (sourires) Question d’agenda… Alors quel bilan tirez-vous de cette année écoulée ? Et relâchez-vous la pression parfois quand même ?
Aurel : Alors pas du tout ! (sourires)
Jay : On travaille toujours, sans arrêt.
Aucun break alors après les gros festivals d’été par exemple ?
Aurel : Non, justement, ça nous a donné une espèce d’élan pour continuer à bosser sur le futur d’Akiavel. Donc on ne se repose jamais ! (rires)
Sauf quand vous dormez à l’hôtel quelques heures avant votre show du soir, au lieu de faire une interview, cela après un concert la veille bien arrosé avec les gars de Dagoba et Loudblast à Sens… (sourires)
Aurel : Voilà… (rire général)
Mais tout ça n’arrive pas par hasard. On ne s’en rend pas toujours compte : un tel début de reconnaissance, de bonnes critiques, de nombreux concerts et des tournées, avec une présence forte aux concerts metal les plus populaires en France. Il y a un gros travail en amont et beaucoup de préparation, avec une logistique et des sacrifices sur sa vie de famille, je présume, non ?
Aurel : Oh oui !
Vous travaillez beaucoup et donc sans cesse. Akiavel a déjà sorti trois albums alors que vous n’existez que depuis 2018 !
Aurel : Et un quatrième album qui va arriver en fin d’année… !! (sourires)
Ah oui ? Cool ! Vous avez donc décidé de battre le fer tant qu’il est chaud. Alors comment faites-vous ? Comment fonctionnez-vous au sein du groupe ?
Aurel : Oui, et en fait tout le monde bosse. Chacun son côté, mais ensemble… De mon côté, j’écris les paroles, je fais des recherches qui vont avec, donc cela prend du temps aussi, en effet, un temps fou, même.
Mais avoir du temps, c’est une chose, mais encore faut-il que l’inspiration vienne aussi ?
Aurel : Absolument, mais ce que l’on dit souvent, c’est que dans Akiavel, chacun contribue à sa façon, tout le monde amène sa pierre à l’édifice, pour reprendre l’expression de notre cher bassiste Jay. (sourires) Mais tout cela se fait de manière très naturelle, et très cool. Après chacun donne son avis, apporte quelque chose en plus, on garde ou on jette, et on avance ainsi, tout le monde dans le même sens. Mais on travaille vraiment ensemble.
Est-ce que la période de crise sanitaire, un mal pour un bien, a accéléré ce processus créatif au sein de vous finalement ? Surtout que vous avez pas mal continué à communiquer à ce moment-là sur les blogs, sur YouTube, auprès des médias spécialisés, etc.
Aurel : Mais complètement.
Chris : En fait, le truc du covid-19, malheureusement c’était une période plutôt triste, comme tu dis. Mais un mal pour un bien, comme tu disais, on s’en est servi pour être présent sur internet et les réseaux sociaux, étant donné que personne ne pouvait sortir ni assister à des concerts, et on s’est dit qu’il y avait, entre guillemets, un créneau à prendre sur les playlists des plateformes de streaming, sur les réseaux, etc., car les gens étaient plus attentifs, avaient le temps, et on pouvait capter ainsi les personnes sur internet. On a donc mis le paquet sur ça, et en y regardant, ça a plutôt réussi… (sourires)
Et pendant ce temps, vous avez aussi continué à composer puisque votre troisième album studio, Veni, Vidi, Vici (Akia Records) a débarqué en 2022 ?
Chris : Oui, on continuait à composer entre nous pour avancer, comme on avait du temps.
Jay : Et oui, on a du coup sorti l’album un peu plus d’un an après.
Aurel : En fait, on a sorti notre premier album V (Mystyc Prod.) le 20 février 2020. Juste après on était confiné. On n’a donc pas pu défendre l’album comme il se doit, donc on a plutôt été frustrés, comme bon nombre d’artistes à ce moment-là. De la frustration est née l’envie de création. D’un autre côté, on n’avait que ça à faire ! (rires) On a alors créé le second album Vae Victis (Akia Rec.) pendant la première période de confinement, il est paru en. Et enfin est sorti Veni, Vidi, Vici (Akia Rec.) en 2022 une fois que la petite grippette, finalement, était finie… Donc deux albums pendant cette période sont nés.
Tout cela s’est fait totalement de manière indépendante en fin de compte ? Sans label extérieur, la promotion, la distribution, etc. Vous avez tout géré tout seul comme des grands ?
Chris : Tout à fait, en indépendant, budgétisé avec nos propres moyens, sans aide de label pour sortir nos albums successivement si ce n’est notre propre label (Akia Records), ni aide de média spécialisé, ni magazine, etc. C’était une sorte de pari assez risqué quand même, mais bon, qui ne tente rien, n’a rien…
Mais à la fin, il faut sortir forcément un album pour partir en tournée sinon aucun tourneur ne vous accepte. Alors qu’aujourd’hui, la politique des groupes actuels est plutôt de sortir plein de singles successifs sur le web, sans forcément sortir un album. Mais la formule de l’album reste ancrée dans le système du music business et du booking : sans nouvel album sous le coude, un artiste ne peut prétexter partir en tournée alors que l’on peut avoir plein de nouvelles chansons à défendre disponibles sur internet quand même ? Pourquoi ça n’évolue pas selon vous ? C’est pour obtenir des aides, des subrogations de l’Etat si vous êtes intermittent du spectacle, ou l’aide d’un label ? Sachant que vous n’êtes pas suivi par n’importe comme tour manager : Nico (Tagada Jones)… (sourires)
Chris : Ah non, pas du tout, pour ce qui nous concerne. Et en effet, sans nouvel album sous la coude à défendre, tu ne peux pas partir en tournée. C’est logique. Personne ne va te faire tourner car faire partir un groupe pour jouer en tournée, c’est un investissement pour la société qui mise sur toi. Donc si je vulgarise un peu la chose, si quelqu’un d’une société de booking mise un billet sur toi, en contre-partie, les spectateurs qui viennent te voir sur scène, il faut avoir un vidéo clip, puis un second vidéoclip, et enfin un album à leur proposer. C’est obligatoire.
Butch : En fait, c’est logique, et obligatoire. C’est une question d’actualité. Si tu n’as pas d’actualité assez conséquente à défendre sur scène, ça ne vaut pas la peine. Donc ça passe notamment par un album forcément à un moment donné.
Oui, mais les jeunes de 15-20 par exemple, de la nouvelle génération de maintenant, ne raisonnent pas en album, et ne consomment pas la musique généralement en album, mais juste dans une succession de découvertes de chansons d’un artiste. Donc du coup côté concert, ça ne correspond plus au modèle des attentes d’un booker…
Chris : Parce qu’ils ont la vision de la musique qu’ils consomment en flux tendu sur les plateformes et les réseaux sociaux.
Jay : Oui, et c’est aussi une nouvelle stratégie des artistes maintenant, notamment les gros. Ils sortent une succession de singles, environ tous les deux mois, tout au long de l’année, durant près d’un an, et arrivé en fin d’année, ils publient leur album. Puis partent en festival l’été et en tournée l’année suivante à l’automne, après les festivals d’été. C’est une façon de faire. Après, c’est peut-être pas bête comme stratégie, en faisant le buzz régulièrement, en entretenant ça avec de l’actu. Et les jeunes, c’est-à-dire les plus jeunes que nous on va dire r(rires), s’inspirent de ça, suivent ça dans la demande. Après est-ce que c’est bien ou pas, ça, j’en sais rien. C’est pas vraiment notre stratégie même si l’on fait un petit peu ça quand même, mais nous on fonctionne plutôt encore à l’ancienne : on annonce un album, quelques singles, puis l’album sort assez rapidement, et on part en tournée pour le défendre, et point. (sourires)
Chris : Ouais, enfin, nous on a fait plutôt trois albums, une pandémie, et une grosse tournée ensuite ! (rires)
(rire général)
On sent quand même derrière Akiavel, n’empêche, qu’il y beaucoup de travail, donc, et déjà une sacrée expérience de composition, de technique, et dans vos prestations sur scène. Quel est votre background à chacun ? Toi Chris, et Aurélie, par exemple ?
Aurel : Oui, on s’est rodé avant… Du côté de Toulon, ou moi Amiens auparavant, on a fait d’autres choses, en effet…
Chris : Moi,du côté de Marseille, auparavant j’étais en fait dans Acod au côté de mon ami Frédéric avec qui j’ai créé le groupe.
Ah oui ! D’ailleurs le nouvel album d’Acod, Versets Noirs, sort bientôt ce printemps chez Hammerheart Records parmi de nombreuses nouveautés…
Chris : Alors je suis plus vraiment dans le coup et ne figure pas dessus puisque je ne suis plus dans le groupe… (rires) Mais oui, leur nouvel album arrive très bientôt, courant avril 2024.
Et toi, Aurélie, qu’as-tu fait avant Akiavel ? Tu as commencé à Amiens d’où tu es originaire, je crois, car tu n’as pas l’accent du sud…
Aurel : Oui, en effet, c’est ça, je suis née à Amiens. Je vois que tu es bien renseignée… (rires) Mais j’ai déménagé il y a une vingtaine d’années.
Et tu vis du côté de Toulon maintenant sans indiscrétion ?
Aurel : Alors non, je suis dans le Vaucluse, mais j’ai vécu dans le Var entre-temps, il y a deux ans.
Jay : Oui, elle eut été par chez nous avant…
Qu’as-tu fait avant Akiavel ? As-tu eu d’autres groupes auparavant ?
Aurel : Oui, j’en ai eu quelques-uns… J’ai eu un groupe de death metal, un groupe de hardcore, un autre groupe de death plus moderne, etc. Voilà. J’ai roulé un peu ma bille, disons. Mais le truc est qu’à chaque fois, j’arrivais près un chanteur et devais m’inscrire dans une certaine continuité, donc je ne pouvais jamais avoir carte blanche. C’était pas mon bébé, on va dire, donc je n’étais pas totalement libre pour m’exprimer. Par exemple, mon ancien groupe de hardcore Indust, les paroles étaient très particulières, propres au style hardcore, mais c’était moins mon trip. C’est pas ce que je préfère. D’un autre côté, après, ce qui est cool, c’est que ça m’a fait travailler d’autres panels de voix. A présent, je peux m’amuser avec ces styles de chant, c’est cool. Ce fut une expérience.
Au niveau des paroles, comment ça se passe ? C’est toi qui écris toutes les paroles des chansons d’Akiavel en créant ton propre univers ?
Jay : Oui, ce n’est qu’elle.
Aurel : Oui, voilà. Moi je fais les recherches de mon côté et j’écris les paroles. Après bien sûr, il y a les autres, surtout Butch (batterie), qui va alors relire mes paroles. Il me conseille. On va discuter sur deux ou trois stratégies d’écriture. Par exemple, avant de venir jouer, tout à l’heure en venant dans le camion (Ndlr : tour bus), avec Butch on a travaillé un peu tous les deux sur des paroles du prochain album. Il m’a conseillé de faire plutôt rimer telle ou telle parole avec une autre, etc.
Et il n’y a jamais de paroles en français par exemple ?
Aurel : Non. Il y a parfois quelques passages en français, comme par exemple sur la chanson consacrée au célèbre tueur en série français Landru dans notre album Vae Victis (Ndlr : a priori la chanson « Matrimonial Advertisements »). Je reprends une phrase en français qui avait fait scandale à l’époque lors de son procès en 1923, et que je cite en la murmurant à ma façon sur l’album et en concert sur scène. Mais après, comme je disais tout à l’heure, Akiavel se construit à quatre. On est très proches les uns des autres. Et on communique beaucoup entre nous. Moi j’écris les textes et me charge du chant. Chris enregistre les guitares, Butch travaille sur ses parties de batterie, avec Jay sur la section rythmique. On a tous notre spécialité, notre instrument dans le groupe, et après on assemble.
Il faut donc être en osmose au sein du groupe et bien s’entendre ?
Aurel : Ah oui, c’est essentiel !
Petit aparté à présent sur la guitare, et je m’adresse alors au guitariste. Tu es endorsé par ESP, je crois. On connait aussi LTD, leur filiale moins chère, fabriquée en Indonésie, et non pas au Japon. Quelques mots sur ton matériel, dis-nous tout, on veut tout savoir !
Chris : Alors je joue sur ESP, mais aussi LTD d’ailleurs, je joue sur LTD à la base. On est sur de la six cordes, et je joue en accordage de Do (C) standard. Pour la scène, on prend de la LTD, pour une raison simple : c’est un bon rapport qualité/prix, et c’est moins cher que ESP. Pour ce que l’on en fait, sur scène, ça va.
Jay : Après, tu sens quand même que la lutherie, c’est moins… fini.
Chris : Tu sens que c’est un peu moins…, tu vois. Mais c’est normal, si tu prends par contre une Rolls’ Royce, c’est différent, c’est sûr. Après, pour nous, c’est largement suffisant. Au niveau des micros, avec des EMG ou des Fishman, ça va très bien et fait largement l’affaire.
Jay : Et au niveau des cordes, on est endorsé par Ernie Ball, modèle Paradigm.
Chris : Avec des tirants de cordes 12-56 pour la guitare. Et hier, tu vois, j’ai cassé une corde sur ma guitare.
Et quand ça casse, en général, professionnel que tu es, tu as toujours une autre guitare de prête ?
Chris : Ouais, j’ai une autre guitare de secours de prête…, mais qui n’était pas prête justement… (rire général)
Aurel : C’est toujours quand on s’y attend pas que ça arrive ! Bim !! (rires)
Chris : Et là, on n’a plus de jeux de cordes d’avance car on s’est fait volé notre carton de stock de cordes, et comme un con, j’ai pas pensé à en reprendre entre-temps à la maison avant de repartir en tournée…
Et pourquoi n’utilises-tu pas une guitare 7 ou 8 cordes comme c’est la grande mode ces dernières années ? Comme Tom G. Warrior (Triptykon, ex-Celtic Frost) : tu ne veux pas te faire chier et préfères rester dans ta zone de confort afin de déjà maîtriser ton instrument à 6 cordes… ?
Chris : Je vais te dire la vérité, vraiment… Déjà que je n’utilise pas et n’exploite pas tout le potentiel d’une guitare à 6 cordes et ne connais pas tout, alors 7 ou 8 cordes… Je crois que j’ai encore une guitare 8 cordes, c’est pas une bonne marque, c’est pas une ESP ! (rires) Je crois que c’est une Jackson. J’ai dû essayer environ 10 mn, et franchement je n’y arrive pas. Je ne suis pas à l’aise, le manche est plus gros, etc. Et pour ce que l’on fait, la guitare à 6 cordes convient tout à fait.
Au fait, pourquoi choisis-tu souvent une guitare à la forme Explorer, comme James Hetfield (Metallica) ?
Chris : Alors, je suis fan du modèle ESP Explorer parce que je suis un fan de James Hetfield, oui ! (sourires) Mais actuellement, ce qui s’adapte le mieux pour moi sur scène avec Akiavel, c’est le modèle Les Paul, voilà pourquoi je joue avec une Ltd de forme standard Les Paul (modèle Eclipse) sur ces concerts dernièrement.
Dernière question sur les guitares : sur scène on entend plusieurs parties de guitare, or tu es tout seul comme guitariste, hormis Jay à tes côtés à la basse. La seconde ou troisième guitare que l’on entend en live est samplée ?
Chris : Oui. Le truc, c’est que tu entends deux guitares. La deuxième guitare a été enregistrée spécialement en studio, mais c’est pas tout à fait la même version que tu entends sur album.
Il te faut des oreillettes alors ? Et vous jouez au clic au fait ?
Chris : Oui, oreillettes, et pour notre musique, forcément oui on joue au clic à la batterie. On est robotisé… (rires)
J’ai une question à présent sur un autre instrument du groupe, le véritable atout d’Akiavel : c’est toi, Aurel, avec ta voix impressionnante…
Aurel : Merci. (sourires)
Comment as-tu développé ton chant guttural tout bonnement impressionnant ? Je sais que l’on t’a déjà posé la question, mais comme c’est la première fois que l’on vous interviewe à Metal Obs, on veut tout savoir. Et es-tu capable de chanter en voix claire aussi ?
Aurel : Sous ma douche… (éclats de rire)
Ecoute, alors ok, comme j’avais dit à la chanteuse Fernanda Lira de Crypta (ex-Nervosa) qui m’avait dit la même chose et je lui avais proposé d’aménager une douche sur scène et de chanter derrière un paravent, comme Maynard James Keenan (Tool, A Perfect Circle, Puschiffer) le fait sur scène…
Aurel : Alors, je ne peux pas prétendre chanter en voix claire. Je travaille du chant clair. De toute façon, les cordes vocales ça se travaille tous les jours. Growler tous les jours par contre, ça sert à rien, clairement. Mais entretenir les cordes vocales, travailler la respiration, là ça se travaille tous les jours. Donc je ne vais pas perdre l’occasion de chanter en voiture, chez moi, sous la douche, etc.
Et pourquoi pas de voix claire dans Akiavel ?
Aurel : Ah surtout pas, non, ce n’est pas mon truc. C’est pas là où je me sens à l’aise déjà, et ça ne se prête pas vraiment dans ce que l’on a envie de faire dans Akiavel. Et ce n’est pas ce que j’ai envie de faire.
Sur le prochain album à venir en fin d’année, il n’y a pas de choses dans ce genre-là ?
Aurel : Non. Après les chants clairs que tu entends sur nos précédents albums, ce sont des invités.
Jay : Oui, sur « Bye », c’est William Morabito, un explorateur de sons…
Aurel : Et sur les deux autres morceaux, tu entends ma sœur qui est chanteuse professionnelle sur le premier album ; et sur « Frozen Ladies » sur le deuxième album V, et Mimi Jeanne sur « The Lady Of Death ». Mais voilà, le chant clair, je laisse ça à d’autres, encore une fois c’est pas là où je suis à l’aise.
Alors je connaissais Mimie Mathy, mais pas Mimi Jeanne… (rires)
Jay : Elle est mimi, mais c’est pas Mathy ! (rires)
As-tu suivi des cours d’un(e) coach comme l’Américaine et ancien chanteuse punk Melissa Cross ?
Aurel : Alors écoute, non. J’ai été beaucoup plus simple que ça.Tu sais, j’ai vingt ans de micro mine de rien derrière moi, vingt ans que je chante dans le hardcore ou le metal, alors bon… Mais j’ai aussi du coup une quinzaine d’années environ de mauvais traitement de voix car je faisais tout en autodidacte, avec beaucoup de passion et de volonté, mais mal. D’ailleurs quand on est rentré en studio pour le premier album avec Akiavel, j’avais un peu peur de ne pas avoir assez d’endurance pour mes growls. Alors j’ai contacté Pierre Rodriguez, qui est un chanteur principalement d’opéra sur Marseille. Et il m’a apporté vraiment des outils essentiels pour économiser mon énergie, ma voix, avec ma respiration. En fait, chez lui, je n’ai même pas growlé une seule fois car il m’a dit : « la voix tu l’as, le grain de voix tu l’as, le travail, tu le fais ». Il m’a juste dit en fait que je manquais de technique.
Jay : Après, je t’ai aussi aidée en te donnant deux ou trois remèdes miracles… (sourires)
Aurel : (rires)
Quoi donc ? Du bourbon ? Du tabac ? Et encore du bourbon ? C’était Zakk Wylde qui m’a fait répondu ça une fois en entretien… (rires)
Aurel : Alors justement, non. Pour Akiavel, en fait j’ai arrêté de fumer.
Mais tu vapotes quand même, il me semble… ?
Aurel : Oui, je vapote, j’avoue !
C’est pas bien, il y a des solvants chimiques dedans qui attaquent le cerveau…
Aurel : Oui, c’est pas bien, mais ça me fait moins de mal tout de même, ouh la la !! (rires)
Et est-ce que tu te sens mieux depuis que tu ne fumes plus ? Et pour ta voix ?
Aurel : Oh oui, complètement ! J’ai clairement senti une différence énorme, dans mon corps, physiquement, l’endurance, et ma voix. Jamais de la vie du bourbon et du tabac ! Je pense qu’il faut être Lemmy Kilmister pour ça… Au contraire, j’essaie d’avoir une vie plus saine, faire du sport, aller à la salle de sport après le boulot avec les copines, déjà que j’ai un boulot assez physique. Après, on mange sain, des légumes tous les jours. Habitant dans le Vaucluse, j’ai la chance d’avoir des paysans à domicile. (rires)
Actuellement, les agriculteurs sont plutôt chauds et pas très contents envers le gouvernement…
Chris : Ouais, c’est ce que j’allais te dire…
Aurel : Oui, ils sont chauds, chauds, mais bon, on les comprend…
Justement, là on rentre sur un autre sujet d’actualité. Chez Akiavel, il n’y a aucun sujet là-dessus, rien de politique dans tes paroles. C’est très sombre chez vous, gore presque, bon c’est pas non plus Cannibal Corpse, mais quand même, c’est parfois très sanglant. Je pense à votre vidéo clip de la chanson « Frozen Ladies » par exemple…
Aurel : Ah oui. Alors écoute, dans les paroles, en fait, tout est vrai. Je suis une grande passionnée de faits divers. Je dois ça à ma grand-mère qui me faisait lire, toute petite, des livres de Pierre Belmard. Je crois que c’est ça qui m’a inspirée, et j’aime beaucoup les faits divers comme ça, les histoires de meurtres, etc. C’est ma passion, mais je vais bien, rassure-toi ! (rires) C’est quelque chose qui m’inspire beaucoup, prendre des faits réels. Après, j’arrive à beaucoup mieux jouer, car je rentre dans un truc très vrai, comme ça. Et dans notre deuxième album, Vae Victis, sur chaque morceau, j’aborde un serial killer. Pour cette chanson « Frozen Ladies », c’est Olga et Ivanova Tamarin qui étaient dans une secte. Il y a eu vingt-sept victimes quand même ! Elles draguaient des garçons, pour ensuite les manger après…
Ok. Tu refroidis l’ambiance, là. C’est drôle, mais dans le metal ou le hardcore, le gothic, le hard rock, bien souvent, et je sais de quoi je parle depuis plus de vingt-cinq ans que j’évolue dans le milieu, quand on vous voit comme ça, vous êtes tout gentillets, souriants, heureux de vivre, alors que généralement les artistes s’habillent tout en noir, sont tatoués, percés, affichant des têtes de mort, maquillés, etc. Et quand je vous vois là, c’est pas du tout l’image que vous renvoyez par rapport à votre musique et vos paroles. Cela me fait penser à Lacuna Coil quand j’avais demandé une fois à Cristinia Scabbia et Andrea Ferro pourquoi ils portaient toujours ces accoutrements noirs douteux, évoquant parfois les « Chemises noires » de Mussolini dans les heures sombres de l’Italie fasciste. Car quand tu discutes avec eux, on rigole beaucoup et ils sont adorables… Et ils m’avaient répondu : « écoute, en concert, c’est comme au théâtre quand on monte sur scène. On est là pour interpréter un personnage en fin de compte avec notre musique ». Mais cela devient un peu lassant à force de toujours évoquer ces sujets sombres, dark, gore, tristes, depuis des années avec autrefois Alice Cooper qui a tout inventé sur scène pour ses shows, puis Marilyn Manson, même si l’on sait que très souvent les clowns sont des êtres tristes au fond d’eux-mêmes finalement… Qu’en pensez-vous ?
Aurel : C’est exactement ce que j’allais te dire. C’est du théâtre, c’est tout à fait ça ! Avant de monter sur scène, je m’isole un peu. Je me concentre et fais une petite méditation pour rentrer dans mon personnage. C’est comme un masque. Mon personnage est saccadé, lance des sorts, avec un regard un peu malsain, avec un drôle de sourire. Mais ce personnage a beaucoup le sourire. Donc ton allusion aux clowns est assez juste. Par contre, quand tu regardes les gens dans le public en concert, ils ont le sourire.
Jay : Alors moi, personnellement, c’est différent. Je suis le même sur scène comme à l’extérieur dans la vie. Pour moi, y’a pas d’accoutrement, je viens travailler comme ça, habillé pareil.
Aurel : Après, on a quand même un dress code dans le groupe, dans le sens, où on l’on s’habille un peu classe un minimum quand on monte sur scène car ça reste un spectacle.
Bon, alors, il y a un donc un nouvel et quatrième album à venir d’après ce que vous avez dit tout à l’heure. Comment va-t’’il s’appeler ? Comme Morbid Angel, vous suivez un gimmick pour vos débuts de nom d’albums qui commencent tous par la lettre « V » en latin ou chiffre romain, alors que Trey Azagthoth suit notre alphabet pour chaque première lettre d’un nouvel album ? (sourires)
Aurel : Oui, enfin « Five » en anglais, ou la lettre « V ». C’est fait pour… (sourires)
Chris : Alors, non, pas du tout, mais maintenant que tu en parles… Mais là, il va y avoir une espèce de…
Changement ?!
Chris : Oui et non. Il va y avoir une feinte, en fait, comme on dit chez nous. Et ce sera en latin.
Oui, vous aimez bien l’italien, ou le latin, forcément tout proche de chez vous dans le sud… Vous avez étudiez le latin peut-être étant plus jeunes ?
Jay : Ouais, au collège… ça s’est arrêté là…
Chris : Non, pas du tout. Merci Google Traduction ! (rires)
Aurel : Moi je demande à mon fils, il est très fort à l’école…
D’ailleurs, tu pourrais écrire et chanter en latin toute une chanson ?
Aurel : Je pourrai, faudrait voir pour la traduction, mais mon latin est très vieux… (rires)
Et comment va-t’il s’appeler ? Et sur quel label va-t’il sortir car j’ai entendu les rumeurs les plus folles : Season of Mist (label marseillais bien connu), Metal Blade, etc. Ou alors vous préférez rester autoproduit et sortir ça sur votre propre label (Akia Records) ?
Chris : Pour l’instant, on ne peut pas t’en dire plus.
Jay : On te le dira en off… (rires)
Chris : Avec Season of Mist, alors non, ils ne vont pas nous signer, mais on est déjà distribué par eux.
Jay : On en a discuté avec eux, avec le patron Mickaël du label. Au final, ça ne l’a pas fait. Après, tu sais parfois, c’est comme ça, mais on reste en très bons termes avec Season of Mist, tu sais. Peut-être que les étoiles n’étaient tout simplement pas alignées. Pour l’heure, on ne peut pas en parler encore. Mais le nouvel album d’Akiavel sortira en octobre 2024 sur un label, mais pas le nôtre. Ce ne sera plus en autoproduction cette fois. Et on aura une distribution à l’étranger.
AKIAVEL : Veni, Vidi, Vici
Death metal/groove metal
Akia Records
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