Passée une courte intro sombre et malfaisante (« From the Abyss, Return », cette huitième offrande d’Aurora Borealis démarre pied au plancher avec « God Hunter », morceau d’une fulgurance absolue dédié au personnage biblique Nimrod (ou Namrod) face à la destruction de l’Humanité représentée ici par l’effondrement de la Tour de Babel au moment du Déluge (Ancien Testament). Quatre ans après Apokalupsis, il faut s’accrocher d’emblée tellement c’est toujours aussi intense, que ce soit au niveau des guitares, des growls/screams, ou de la batterie évoluant sur un tempo d’au moins 300 bpm. Clairement, leur bûcheron clouté Mark Green (ex-Pyrexia) est en forme olympique derrière son kit de batterie, mitraillant sa caisse claire et maltraitant sa double pédale ici.
Mais le principal coupable de cette barbarie sonore interprété pourtant avec bien plus de finesse et technicité qu’on pourrait le croire revient à Ron Vento (guitare/chant). Sous l’égide de son leader, principal compositeur et auteur, le trio américain de Waldorf (état du Maryland) ne se pose pas vraiment de question si c’est trop complexe, brutal, accessible pour le profane, ou pas assez mélodique : il donne tout simplement ce qu’il a dans les tripes avec passion. Ce sera le leitmotiv de nos trois comparses durant ces onze nouveaux morceaux et ses quarante-deux minutes. Au niveau des influences, on est vraiment dans un mélange détonnant et relativement technique de black et de death metal.
Les rythmes sont rapides, les instruments sont joués avec une telle vélocité et férocité, quant au chant, il est belliqueux à souhait, idéal pour dépeindre cet affrontement mythologique captivant que présente le magnifique artwork de Prophecy Is the Mold in Which History Is Poured. Il faut parfois sérieusement s’accrocher au cours de l’écoute de cette galette, dans ce dédale de doubles croches au riffing diabolique (plusieurs pistes ont été apposés en studio comme nous l’a confié en interview Ron Vento). Et quand surviennent quelques rares breaks salvateurs ou plages plus atmosphériques, on en profite pour reprendre sa respiration (« The House of Nimrod » et son break central, « Thralldomnation »).
Aurora Borealis est capable d’être plus mélodieux par moment, comme sur le réussi « Ephemeral Rise », heavy, dark, et catchy, malgré le pilonnage de rigueur de Mark Green derrière ses fûts. De même, sur « Founding Fathers of Deception » ou « Khafres Mark », c’est puissant et rageur, et il y a un gros travail dans l’assemblage des riffs. Quoiqu’on en dise, un gros soin a été apporté au niveau des compositions et mélodies. Mais ce que l’on aime par-dessus tout, c’est cette sauvagerie et le côté direct, cru, du black metal (Ron Vento nous a confié être fan des références suédoises du genre telles que Dark Funeral ou Setherial pour leur vitesse et bestialité) couplé aux parties plus lourdes et malsaines du death metal, le tout à un haut niveau technique côté zicos, même si Ron Vento a tendance à en rajouter un peu trop parfois dans ses parties déjà complexes (« Khafres Mark », ), et d’une intensité à décoiffer Belzébuth, ou plutôt décorner le Diable en personne. Pour fans absolus d’Absu et Angelcorpse, deux influences majeures qui ressortent clairement, voire un peu trop malheureusement, dans la musique d’Aurora Borealis que l’on aimerait bien voir se personnaliser davantage, et surtout apprécier live sur scène, mais ces trois Américains se font rares par chez nous. [Seigneur Fred]
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